« Une histoire sidérante, dont les conséquences auraient pu être mortelles. » C’est ainsi que l’avocate de la partie civile décrira cette affaire des plus saisissantes. En instance de divorce avec sa femme, Serge, 48 ans, a eu recours à un stratagème incroyable pour la convaincre à vendre la maison. Vêtu de noir, visage caché, il l’a agressée en se faisant passer pour un voleur.
Jugé en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Pontoise lundi après-midi pour violence sur conjoint, alors qu’il aurait très bien pu passer devant la cour d’assises pour tentative d’homicide, Serge a été condamné à huit mois de prison, dont deux fermes.

Un chiffon imbibé d’acide chlorhydrique
 
Les faits remontent à la nuit de mercredi à jeudi dernier. Vers 23 heures, la victime rentre chez elle après avoir dîner chez des amis. Sur la table, elle trouve un mot de son mari disant qu’il est retourné au travail et ne rentrera pas. Elle monte alors se coucher.
Au milieu de la nuit elle se lève et se rend compte que son réveil ne marche plus. Pareil pour la télévision, la lumière, la maison est plongée dans le noir. Utilisant son téléphone portable comme lampe torche, elle décide d’aller voir d’où vient le problème. C’est alors qu’à la sortie de sa chambre un homme, visage dissimulé par un foulard, se jette sur elle et lui plaque un chiffon imbibé d’acide chlorhydrique sur le visage. « J’ai alors fait semblant de m’évanouir », raconte la victime.
« Il m’a tiré dans les escaliers. J’étais terrifiée, je lui ai dit de me laisser partir. » La jeune femme se débat, l’agresseur perd l’équilibre et tombe, laissant la victime courir se réfugier chez les voisins.

Après avoir tenté de joindre en vain son mari, la femme totalement terrifiée décide d’alerter les gendarmes de Courdimanche. A leur arrivée, différentes incohérences les étonnent. Aucune trace d’effraction, rien n’a été volé, les militaires pensent immédiatement à Serge. Interpellé le lendemain, celui-ci va tout de suite avouer les faits.
Devant le tribunal, l’accusé expliquera qu’il voulait « juste lui faire peur. Je voulais qu’elle prenne cette maison en horreur et qu’on la revende. Ensuite j’aurais essayé de reconquérir ma femme. » La victime expliquera de son côté qu’elle désirait de toute façon quitter le pavillon et prendre un appartement. Une volonté dont elle aurait fait part à son mari…

« Victime d’une tentative de meurtre »

Personne ne sait exactement qu’elles étaient les réelles motivations de l’accusé. « Selon ma cliente, elle a été victime d’une tentative de meurtre », indiquait  l’avocate de la partie civile.
La juge revenait de son côté sur la préparation minutieuse de cette opération qui était loin d’être un acte impulsif. Mais aussi sur sa dangerosité, notamment l’utilisation de ce chiffon imbibé d’acide chlorhydrique. « Vous saviez que ça pouvait lui faire du mal. Vous aviez le temps de chercher un autre produit », lançait la juge à l’accusé. « J’ai pris ce produit comme ça. Je voulais juste qu’elle perde connaissance. Je ne pensais pas qu’il pouvait être mortel », se défendait dans son box Serge.

Que s’est-il passé dans sa tête ce mercredi soir, lui qui « s’est toujours bien occupé de moi, de ma fille, n’a jamais été violent » comme le décrit sa femme. Pour le procureur, les explications de l’accusé « sont incohérentes. » Il soulignait également « une mise en scène inquiétante et des faits particulièrement graves. »

La victime est pour sa part doublement marquée par cette nuit. Physiquement, souffrant de brûlures superficielles au visage. Mais surtout psychologiquement : « Aujourd’hui j’ai peur de lui. Que comptait-il faire de moi, une fois en bas des escaliers ? » En effet, que serait-il advenu si la victime ne s’était pas enfuie ? Dans son box Serge répondra que    « c’était pour simuler ça s’arrêtait là. »

Thomas HOFFMANN
L’Echo Régional