C’est désormais une tradition beaumontoise. Depuis 79 ans, la municipalité remet une rente à un homme ou une femme méritant de plus de 65 ans, et habitant Beaumont depuis au moins 20 ans. Une coutume qui a pour origine la liquidation de la société coopérative de la Boulangerie que l’on peut tout simplement traduire comme un legs.  Une dotation qui était à l’époque de 1000 francs, une grosse somme à l’époque, et qui aujourd’hui, est davantage symbolique.

Qu’il en soit ainsi, le legs de la Coopérative de la Boulangerie met en lumière une personnalité méritante de la vie beaumontoise, c’est bien là l’objectif.

De la Guinée  à Beaumont-sur-Oise

Généreux, serviable, humble, Jean Monnet a toujours été très actif dans la vie associative de Beaumont. Dimanche dernier, c’est, cet homme de 84 ans qui a reçu ce legs. Sur proposition du Centre communal d’action sociale, le conseil municipal de Beaumont l’a désigné pour ses nombreuses qualités et son dévouement sans limite. Une cérémonie était organisée pour l’occasion dans le parc de la mairie en présence des proches de Jean Monnet et de nombreux élus municipaux dont le maire, Fabrice Millereau.

C’est dans une petite maison située dans le vignoble de son grand père en Bourgogne que Jean Monnet verra le jour le 13 août 1923. Il est l’aîné d’une famille de trois enfants et fera ses premiers pas à Tournus en Bourgogne. Quelques années plus tard, la famille Monnet quitte l’hexagone pour s’installer en Guinée, à Conakry, dans le nord-ouest de l’Afrique. " Pour l’anecdote, malgré son refus d’aller à l’école lorsqu’il était à Conakry pour ne pas être tout nu comme les petits enfants noirs, Jean Monnet a suivi une scolarité exemplaire ", rapporte Fabrice Millereau.

Après deux ans dans ce qui était alors une colonie française, la famille s’installe à Senlis (Oise), où le fils aîné va aller à l’école. Après son certificat d’étude primaire et plus tard l’obtention du brevet élémentaire, Jean Monnet se voue à une carrière municipale. Diplômé de l’École nationale d‘administration municipale de Paris, de l’École des hautes études municipales, auditeur aux conférences d’enseignement supérieur d’administration municipale ou encore diplômé du Centre supérieur de perfectionnement des cadres des collectivités locales d’Orléans. Le curriculum vitae est impressionnant, sa carrière aussi.

Maire par intérim

Sa carrière, Jean Monnet l’a commencée en 1941 comme auxiliaire de bureau à la mairie de Senlis. À l’aube de la seconde guerre mondiale, il entre dans la résistance aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) sous le nom d’Auguste, en hommage à son frère déporté. Il participera à de nombreux sabotages, parachutages et attaques de convois avant d’effectuer son service militaire entre juin 1944 et mai 1946.

Quelques semaines plus tard, Jean Monnet devient expéditionnaire, puis rédacteur principal à la mairie de Chantilly. " Le 15 mai 1958, vous intégrez notre mairie de Beaumont-sur-Oise en qualité de secrétaire général, et c’est d’ailleurs à cette époque, après un an d’aller et retour à bicyclette, que vous décidez de vous installer définitivement rue Louis de Mazade, où vous vivez toujours ", rappelle le maire.

Même s’il savait qu’il ne s’arrêterait pas à la retraite, Jean Monnet n’imaginait pas être un jour rappelé par le préfet du Val-d’Oise. En 1992, le Beaumontois devient ainsi maire par intérim de Béthemont-la-Forêt, puis en 1999, de Bernes-sur-Oise. Deux communes dont le conseil municipal a été dissout par décret en conseil des ministres. La tâche ne fut pas facile. Mais Jean Monnet l’a accomplie avec honneur.

Jean Monnet est un travailleur endurci, un homme généreux qui, à de nombreuses reprises, a été honoré. Ancien combattant, il recevra la Croix de guerre, celle du Combattant volontaire de la Résistance, du Résistant. En 1979, pour ses services auprès de l’éducation nationale, il recevra les Palmes académiques. Il est aussi médaillé d’or Jeunesse et sports, récompensé pour son dévouement dans le milieu associatif et notamment sportif.

Un dévouement  sans limite

La liste de ses fonctions au sein des associations beaumontoises est longue. Depuis 1962, Jean Monnet fut entre autre secrétaire général de l’Union municipale omnisports (UNOB). Secrétaire du club de photo-ciné, de la Caisse des écoles, trésorier du CEP depuis des années, secrétaire de l’Union nationale des combattants, ou encore délégué de l’administration de la commission électorale à la mairie, Jean Monnet a eu une vie bien remplie.

Pas une minute à rien faire. Pas de place pour l’ennui. Toujours quelque chose de prévu. L’emploi du temps de Jean Monnet est au service de l’intérêt général. Solidaire, modeste, homme de cœur, il est un de ces hommes qui participent au bon déroulement d’une vie. C’est pour son parcours et pour sa vie au service des autres que Jean Monnet a été désigné légataire de la Coopérative de la Boulangerie. Une nouvelle distinction pour un homme généreux.

Nicolas BRIARD
ECHO REGIONAL