Jacqueline Chauvel, ex-agent hospitalière attend le déblocage juridique de sa situation. Renversée par un bus de la Ratp il y a 4 ans, son ex-mari a profité de son hospitalisation pour vendre leur bien immobilier. Aujourd’hui, Jacqueline Chauvel est menacée d’expulsion.

Gravement accidentée
Jacqueline Chauvel vit sûrement les pires heures de sa vie. Chaque geste est devenu insurmontable. C’est dans son pavilon de Montmagny que cette dernière a souhaité nous recevoir. Elle explique avec gêne qu’il ne lui est pas évident de parler de sa situation. Elle nous raconte son parcours.

Sportive, dynamique, militante associative chez les parents d’élèves pour s’opposer à des fermetures de classe, la vie de cette ancienne secrétaire médicale a basculé un jour d’avril 2003. Un accident, dit-elle, « qui a tout interrompu ». « Un jour d’énervement collectif», comme elle le décrit, causé par une grève dans les transports. Alors qu’elle traverse un passage piéton, elle est fauchée par un bus de la Ratp, puis trainée par celui-ci sur une quizaine de mètres. Le chauffeur a tout simplement grillé le feu rouge. Il ne l’a pas vu. La faute n’a pas été retenue par la justice.

Jacqueline est victime de multiples fractures aux côtes et au bassin. Mais c’est la main et l’avant-bras qui subissent le plus gros choc. « J’ai refusé l’amputation », confie-t-elle. « Mon bras est sauvé mais je ne peux bouger que quelques doigts ». Résultat : quatorze opérations au total et des mois de souffrance à l’hôpital. Sa convalescence est pénible. A la douleur physique, s’ajoute les ennuis qui s’accumulent sur le plan personnel.

Son ex-mari vend la maison
Divorcée depuis 1998, la communauté de biens formée avec son ex-mari est liquidée par jugement du tribunal, alors qu’elle est hospitalisée. « Le tribunal a autorisé la vente aux enchères de la maison où je vis. Depuis décembre dernier, j’en suis occupant sans droit ni titre, et je dois verser une indémnité d’occupation à l’agence immobilière qui a vendu ce bien. Je peux être expulsé par les forces de l’ordre à tout moment. Je souhaite qu’on m’aide », déclare Jacqueline qui ne sait plus vers qui se tourner. Aujourd’hui, la Préfecture et le Conseil général disent être au courant de ce dossier, pourtant la situation reste au point mort.

Elle réclame une auxilière de vie
« Cette aide m’est indispensable dans ma vie quotidienne. Les auxilières de vie ne sont pas pris en charge par les assurances. Mes soins pour ma main, deux fois par mois, sont à ma charge et je dois me débrouiller comme une une personne bien portante alors que je suis reconnue handicapée Cotorep à 80%, avec station debout pénible », explique Jacqueline.

En réponse à sa demande, services sociaux et associations lui disent de se diriger vers son ex-employeur. « Je fais toujours partie de la fonction publique hospitalière. J’ai toujours été bien noté, j’ai toujours été active dans le domaine du social. Mais quand il vous arrive quelque chose comme cela, on n’est plus rien. Mes enfants, 13 et 17 ans, sont chez leur père. Ma mère, mon frère et ma soeur vivent en province. Et les amis, ils viennenet vous voir, mais ce type de situation, ça fait peur. Je me rends compte de la vie vécue par les handicapées, c’est pour cela que j’ai voulu témoigner », souligne Jacqueline.

Dans les prochains mois, elle espère obetnir de la justice l’annulation de la vente de sa maison. Puis si tout se passe bien, elle veut franchir une autre étape : retrouver un travail. Un poste à mi-temps dans le privé, aménagé à son handicap.

Christophe OBRY