Décédée mercredi soir Lucie Aubrac et son mari Raymond ont habité une maison à Soisy sous Montmorency où le couple ex-résistant reçu le futur président nord-vietnamien Hô Chi Minh en juillet 1946.

" Monsieur Aubrac, je sais ce que vous avez fait, il y a deux ans, à Marseille, pour mes compatriotes et je vous en remercie ", s’exclamait le leader de la résistance vietnamienne à son arrivée à Paris le 27 juillet 1946, alors que se tenaient à Fontainebleau d’ultimes négociations sur l’indépendance de l’Indochine, qui s’avéreront un échec. Raymond Aubrac était alors membre du Conseil consultatif provisoire à Alger et désigné par le général De Gaulle comme commissaire régional de la République à Marseille. Communiste, il condamna la guerre indochinoise et aida des milliers de travailleurs venus d’Indochine, notamment du Vietnam. A l’issu de la réception officielle à Paris Raymond Aubrac invita "l’oncle Hô" à se rendre dans son pavillon de banlieue à Soisy sous Montmorency.

6 semaines à Soisy
Il y logea six semaines et chaque matin on lui faisait apporter quantité de journaux, français, allemands, britanniques, américains et russes. Comme cadeau les Aubrac ressuent une peinture de Vu Cao Dam. Un tableau représentant une maternité avec comme détail : la longue main de la mère, aux doigts effilés, caresse et protège la tête de l’enfant. A cette même période Lucie Aubrac accouchait d’Elisabeth à la maternité Port-Royal. Hô Chi Minh en personne, les bras chargés de fleurs et de bonbons, se rendit à la maternité. Il prit le bébé dans ses bras et proposa d’en être le parrain.

C’est aussi dans la maison des Aubrac que le général Raoul Salan, commandant des troupes françaises au Tonkin et en Chine, avec qui Hô Chi Minh eut le premier contact de négociation avec la France, revoit pour la dernière fois le leader communiste. Le 12 septembre 1946, lors d’un petit-déjeuner, le général (qui devint en 1961 chef de l’OAS et participa au putsch des généraux à Alger) met en garde Hô Chi Minh contre la guerre qu’il sait inévitable, tentant en vain, une dernière fois de convaincre le révolutionnaire de revenir sur ses revendications.
Plus tard, Hô Chi Minh fit savoir son regret lorsque la maison de Soisy fut vendue. Le couple ayant pri des fonctions au Maroc. La maison du 18 avenue de Paris (à l’angle de la rue Carnot) est aujourd’hui propriété des ambulances Rayer.

Fabrice CAHEN