Certains ne connaissent de l’Arménie que le fameux papier que l’on brûle comme de l’encens. Pourtant, cette terre nichée entre l’Iran et la Turquie dans les montagnes caucasiennes est à l’honneur en France en 2007. Héritière d’une culture riche et bigarrée, l’Arménie est également l’invitée du festival de l’Hiver musical  de Saint-Leu : L’Europe aux portes de l’Orient. « Nous nous sommes alliés au mouvement national. La venue des Maîtres de musique est encourageante », explique Monica Gervais, la présidente de l’Hiver musical.

Les gelées hivernales étaient bien loin pendant le concert du groupe venu d’Arménie à l’église de Saint Leu. Dans un français impeccable, la soprano Anna Mayilyan sait charmer son public. « La musique sacrée vient de la musique traditionnelle. En Arménie les deux sont liés depuis le Ve siècle » souligne-t-elle avant de bercer l’assemblée de sa voix envoûtante. Pendant plus d’une heure, l’ensemble musical revisite le patrimoine musical que l’Arménie s’est constitué au fil des siècles. Des chants de troubadours aux chansons épiques relatant de hauts faits historiques, Nina, une spectatrice de 80 ans peut se replonger dans les couleurs de son enfance orientale. « En Iran, nous avions beaucoup de voisins arméniens. J’allais souvent chez eux. J’ai appris la langue en les écoutant parler, maintenant j’ai oublié ». Mais le luth tar, le doudouk et le tambour dehol ont su charmer les esprits endormis. Les Arméniens présents devisent sur le haut Mont Ararat autrefois arménien qui se trouve désormais en Turquie. « On le voit si bien d’Arménie. Autrefois, il était chez nous. Aujourd’hui il est si proche et si loin à la fois. De l’autre côté de la frontière ». Catherine, elle, est venue en taxi d’Arcueil. Elle ne voulait manquer l’occasion sous aucun prétexte. « J’étais au premier rang se réjouit-elle. Maintenant je fais signer mon programme par les maîtres de musique ». Une Arménienne qui s’ennuyait de ne plus pratiquer sa langue natale, s’avance vers Anna la chanteuse. Aussitôt, les mots fusent et les regards s’envolent vers les cimes du Mont Ararat.

Caroline MONTSARRAT