Le début de l’histoire remonte à quelques jours avant les vacances. Deux garçons et une jeune fille, âgée entre 15 et 17 ans, pénètrent dans un pavillon qui semble abandonné, au 23, route de Saint-Gratien à Eaubonne.
Volets fermés, herbes folles et feuilles mortes envahissant le jardin. Tout porte à croire que plus personne n’habite ici depuis un long moment. Un squat tout trouvé pour ces trois adolescents. Apparemment, ce n’était pas la première fois que ces jeunes s’introduisaient dans ce domicile, selon les voisins. « Ils avaient l’habitude de squatter. J’en voyais souvent trois qui passaient par-dessus la grille, mais je ne suis jamais allé voir, de peur que ça soit moi que l’on accuse de pénétrer dans une propriété privée », explique un voisin.

Ils découvrent les restes des corps dans la chambre à coucher

Mais cette fois-ci les trois adolescents décident en effet d’aller visiter l’étage de la maison. Arrivés en haut des marches, ils pénètrent dans une chambre. Là,  dans la pénombre à la lueur de leurs téléphones portables ils font la découverte de deux corps dont il ne reste plus que les ossements. L’un par terre, l’autre dans le lit, sous une couverture d’où seul le crâne dépasse. Une scène relevant des films d’horreur.
Pas impressionné, un des jeunes sort alors son téléphone portable pour prendre des photos ! Clichés qu’il se fera un plaisir de transférer à ses camarades d’école.
La nouvelle va rapidement circuler. Et c’est finalement l’un des enfants, ou bien un parent d’élève, qui va prévenir la police.

Les restes se trouvaient là depuis un an ou deux

Ce sont les fonctionnaires du commissariat d’Ermont qui sont envoyés pour inspecter les lieux. Et mercredi 21 février, vers 18 h 30, ils font cette découverte macabre. Les premiers éléments de l’enquête, n’ont pas permis de définir les causes exactes des décès. Une autopsie devait avoir lieu lundi. Les enquêteurs privilégient pour l’instant la thèse d’une mort naturelle. « L’un des époux a dû mourir de vieillesse ou de maladie. L’autre personne se serait alors laissée, mourir rongée par la tristesse », indique un policier.

En tous les cas, il s’agirait bel et bien du couple qui habitait la maison. Un homme et sa femme, nés en 1914 et 1916. « C’était un couple bizarre », raconte un voisin habitant le quartier depuis quarante ans : « J’ai dû voir la femme deux fois. Quant à son mari, il ne parlait avec personne. Dès qu’il y avait des gens devant chez lui il criait. » Une description confirmée par un autre riverain : « Je n’ai jamais vu la femme. Lui, je le surnommais le râleur. Quand quelqu’un se garait devant chez lui il vociférait. Il a même fait construire un deuxième garage pour éviter cela ! »

Ce qui peut expliquer que personne ne se soit jamais allé se renseigner sur leur état et ne se soit inquiété. Car, compte tenu de l’état des restes, la mort remonterait à environ un voir deux ans. Un voisin habitant quelques maisons à côté pourrait même être l’un des derniers à avoir vu le couple : « La dernière fois que je les ai vus, c’était il y a deux ans je crois. La femme est sortie en criant que son mari avait un malaise. Le SAMU l’a transporté à l’hôpital. Je croyais qu’ils étaient toujours à l’hôpital ou en maison de retraite ».
Et depuis, personne ne les auraient aperçus. Le voisin indique d’ailleurs que le défunt aurait pu souffrir de graves problèmes de santé : « Il avait un gros œuf sur le front. Ce devait sûrement être une tumeur, parce qu’après je l’ai vu avec un énorme trou à la place. »

Personne ne s’est inquiété de leur silence

 Apparemment, aucun des époux n’avait de famille proche. Et l’homme décrit par les voisins ne devait pas avoir beaucoup d’amis.
Plus curieux, aucun des services administratifs n’a alerté la police. Ni EDF-GDF ou France Telecom, qui après quelques lettres de relances pour factures impayées ont abandonné. Ni même le facteur qui tous les jours voyait s’entasser un peu plus encore le courrier dans la boîte aux lettres. A la mairie, on ne connaissait pas non plus le couple. L’an dernier, la municipalité leur avait envoyé un courrier les informant que leur concession au cimetière arrivait à échéance. Sans réponse. Personne donc ne se doutait que ces gens étaient morts, et que leurs corps se trouvaient dans la maison.

Les trois jeunes mis en examen

Pendant combien de temps auraient-ils pu rester à l’abandon si les trois jeunes n’avaient pas montré leurs photos à leurs proches ?

Les ados ont d’ailleurs été placés en garde à vue, avant d’être mis en examen dimanche. Ils sont tous les trois poursuivis pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre ». Mais également pour « vol en réunion ». En effet le jour de la découverte, ils n’ont pas fait que prendre des photos, ils en auraient également profité pour voler des bijoux dont la valeur n’a pas encore été estimée.

Thomas HOFFMANN
L’Echo-Régional