Le député socialiste Gérard Sebaoun s’est rendu au Ministère des Transports avec les représentants des associations de riverains pour aborder la question des vols de nuit. L’élu du Val d’Oise a remis une étude sur l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle préconisant une diminution du trafic nocturne par deux. 

En Île de France, les impacts sanitaires du trafic aérien sont considérables. D’après une étude du cabinet CE DELFT* commandée par l’ADVOCNAR*, « l’aéroport Roissy-CDG, est, parmi ses principaux concurrents européens, celui qui présente la réglementation la moins limitative concernant les vols de nuits, et par conséquent, celui qui compte le trafic le plus important avec son cortège de nuisances nocturnes. » 

Selon Eurostat, l’aéroport Paris-CDG comptait, pour 2011, 514 059 mouvements dont 59 210 effectués de nuit entre 22h et 6h du matin, soit l’équivalent de 11,5 % de de son activité concentrée la nuit. Il s’agit essentiellement de vols de fret.

Dans la même année, les aéroports de Schiphol (Amsterdam), Heathrow (Londres) et Francfort comptaient respectivement plus de deux fois moins de vols de nuit que l’aéroport parisien. 

Pour 476 293 mouvements enregistrés à Heathrow, 27 400 vols se sont effectués la nuit entre 23h et 7h du matin, soit l’équivalent de 5,7% de leur activité. Pour Francfort, aucun mouvement de nuit n’a été relevé sur les 480 871 mouvements enregistrés. En effet, un couvre-feu a été mis en place de 22h à 5h du matin chez les Allemands. 

Le bruit constitue l’essentiel du problème des vols de nuit. L’étude du cabinet CE DELFT montre que « l’impact sanitaire considéré se traduit par un accroissement des risques d’hypertension artérielle, des risques cardio-vasculaires associés, [mais aussi]par un accroissement de la consommation de médicaments […] Les vols de nuit sont particulièrement responsables de troubles du sommeil […] » et influeraient peut être sur la capacité d’apprentissage des enfants. 

L’organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé à 45dBa le seuil sonore à ne pas dépasser pour que le sommeil soit réparateur pour l’organisme. Or, en Vallée de Montmorency, d’après le député Gérard Sebaoun, « les mesures montrent que les avions au décollage la nuit dépassent systématiquement cette limite ». 

L’étude fait un état des lieux de la réglementation actuelle des aéroports de Roissy-CDG, Schiphol, Heathrow et Francfort. La plateforme parisienne serait celle dont la réglementation serait la moins restrictive. 

Pour preuve : Francfort a imposé un couvre-feu de 23h à 5h du matin, Schiphol a imposé une limite de 88 vols par nuit entre 23h et 7h, parmi ces 88 vols, un restriction interdit plus de 49 mouvements (départs et arrivées) dans la même heure, Heathrow tourne quant à lui autour des 16 vols par nuit (entre 23h30 et 7h). Quand à Roissy-CDG, toute la nuit n’est pas réglementée. L’aéroport français impose un plafond de 55 vols entre 00h et 4h59 du matin. Cette réglementation sur « le cœur de nuit » n’est pas satisfaisante d’après le député valdoisien : « elle entraine une augmentation significative des vols sur les tranches 22h-00h et 5h-7h, ne permettant pas une restriction réelle du nombre de vols nocturnes. Elle concentre [également] le bruit sur le début et la fin de la nuit, moments les plus sensibles pour le sommeil ». Et d’ajouter : « l’aéroport CDG compte moins de vols en fin de soirée et en début de matinée […] que ses concurrents », c’est pourquoi Gérard Sebaoun demande de repousser une grande partie de ces vols sur ces périodes.

Etant donné que « l’aéroport parisien compte aujourd’hui deux fois plus de vols de nuit qu’Heathrow ou Schiphol, mais moins de vols que ces concurrents juste avant la nuit et après, ce plafond, étendu sur une durée de sept ou huit heures reviendrait donc à diviser par deux le nombre actuels de vols de nuits, sans entamer la compétitivité et l’attractivité de l’aéroport, qui sera simplement ramené au niveau de ses concurrents. » 

Le député du Val d’Oise conclut sa note sur une demande explicite : « repenser l’organisation du trafic aérien en Ile de France et mettre en place une restriction réduisant le nombre de vols de nuit. » Gérard Sébaoun et les associations de riverains attendent actuellement la réponse du Ministère.

*(organisme indépendant de recherche, spécialisé dans le développement de solutions structurelles et innovantes aux problèmes environnementaux , basé aux Pays Bas) 

 

*ADVOCNAR : association de défense contre les nuisances aériennes