La maison hospitalière et sa dimension culturelle : « La sensibilité de nos patients en fait des interlocuteurs avisés, c’est en tout cas ce qu’il en ressort lors des rencontres et échanges avec les artistes. Ces derniers prennent en compte leur avis et leurs renvoient un intérêt sincère qui est pour eux une réhabilitation de leurs compétences … La Maison Hospitalière est donc construite autour de cette idée de développer pour chaque patient son espace culturel personnel comme démarche thérapeutique ». Docteur Baecker  

Nous accueillerons le Photographe Fabien Lapouge et son travail autour de 25 photos qui ont pour point commun avec la Maison Hospitalière d’aborder la question de l’intérieur / l’extérieur, le rapport entre le vide et le plein et enfin, toute une recherche au niveau des nus, du corps et de l’image de soi.
Nous espérons que cette exposition sera un tremplin pour de nouvelles rencontres, échanges diverses entre l’artiste et les visiteurs, nos patients en faisant bien évidemment partis et pourquoi pas devenir un lieu de référence pour promouvoir cette rencontre entre la Psychiatrie et l’Art.

Fabien Lapouge
Exposition Oculis Transire

Originaire de Dordogne, je suis photographe mais j’exerce aussi depuis plusieurs années mon métier de travailleur humanitaire et de travailleur social auprès de victimes de conflits armés, de populations migrantes, ou de personnes en situation d’exclusion, notamment au Tchad avec les populations réfugiées du Darfour, les populations déplacées, les groupes nomades, et en République Démocratique du Congo avec les populations victimes de la Lord Résistance Army dans le Nord Est du pays. Je travaille actuellement au sein de la Croix Rouge, j’interviens auprès de mineurs isolés étrangers et auprès des personnes sans domicile fixe. Ma pratique personnelle de la photographie et mes expériences professionnelles diverses me poussent à questionner les potentialités d’interaction entre la photographie et le travail social.
Mon travail photographique prend socle dans les problématiques de l’errance et des migrations. Dans un premier temps, la photographie m’a permis la rencontre et l’échange au-delà des barrières de langues et des aprioris interculturels mais rapidement c’est la notion de déplacement qui est devenue le reflet de ma recherche : témoigner de déplacements mais aussi donner du crédit à mes propres états d’errance, entre les sensations du voyageur, et les libres cours laissés à mon imagination.

L’imagination : garde-fou qui hausse le réel d’un ton quand le réel devient envahissant. C’est ici que s’opère un second déplacement important, celui du regard. Dans Psychanalyse du feu, Gaston Bachelard résume très bien cette pensée en disant que « devant une flamme, dès qu’on rêve, ce que l’on perçoit n’est rien au regard de ce qu’on imagine ». Pour moi, la photographie permet concomitamment de donner corps à ces rêveries et d’engendrer du rêve.
Les clichés choisis pour l’exposition « Oculis Transire » à la Maison Hospitalière de Cergy le Haut sont tirés de plusieurs séries réalisées entre 2010 et 2012. Elles sont un état de ces rêveries, de ces divagations, où le photographe qui se « dé-place », qui cherche sa place en somme, persiste à traverser le réel, à révéler certains filtres, à confronter réalité et reflets de la réalité.
On franchit par le regard certaines limites, certains territoires intérieurs, certaines considérations de soi-même dans l’espace alentour. Les espaces urbains surchargés, où l’on prend la pleine mesure de nos accumulations et de nos entassements angoissants, et les mondes intérieurs de chacun, se superposent comme des strates de réalité.
Il y a ce conflit entre la multiplicité unique de chaque individu et l’unité sociétale. Un certain refus peut être… Et ce constat que tout passe, comme un paysage qui défile, et que, au delà de l’intérêt que nous portons à nos propres pensées, nos points d’attention, ces tâches sur lesquelles nous faisons des mises au point pour mieux les définir ; au delà de cela, nous ne maitrisons presque rien ! Accepter ce défaut de maitrise, c’est légitimer nos folies : individuelles et collectives.
Pour y voir du beau et se sentir libres.


exposition artistique gratuite et ouverte au public
« Oculis Transire »
du 26 novembre 2012 au 16 février 2013.

La maison hospitalière
1 place des pinets
95800 cergy le haut
01 34 32 96 30