Suite au non-lieu requis par le procureur-adjoint du Tribunal de Grande Instance de Pontoise dans l’affaire Ali Ziri, son collectif de soutien s’inquiète. Il dénonce l’absence d’investigations concernant les événements survenus pendant le transport du retraité et de son ami Arezki Kerfali par la police. Par ailleurs, des poursuites restent engagées à l’encontre du second homme pour outrage. « Dès lors peut-on encore parler de justice ? » s’interroge le collectif.
Le Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri a accueilli le non-lieu requis dans l’affaire avec scepticisme. Même si la mauvaise nouvelle était attendue, elle augmente encore un peu plus la probabilité de voir le dossier classé. Seul le juge d’instruction peut maintenant décider de suivre de suivre ou non le réquisitoire prononcé. Celui-ci fait bien état des faits à charge contre Ali Ziri et Arezki Kerfali, ainsi que des circonstances de l’interpellation au volant de leur voiture par la police nationale, puis de leur arrivée au commissariat et de leur transport à l’hôpital d’Argenteuil. En revanche, aucune trace d’enquête sur les évènements survenus lors du trajet entre le lieu de l’interpellation et le commissariat d’Argenteuil.
Or, c’est bien dans ces quelques minutes que semble se trouver la clé de cette affaire. Les avocats et les proches d’Ali Ziri en sont convaincus, « c’est au cours de ce trajet que le drame est arrivé ». L’autopsie et les analyses réalisées en avril 2011 tendent en effet à prouver qu’une technique interdite a été utilisée par un membre des forces de l’ordre, la «méthode de pliage». Elle consiste à plaquer le torse de quelqu’un sur ses genoux en exerçant une pression. Une immobilisation « qui est à l’origine de l’asphyxie ayant conduit au décès d’Ali Ziri » selon le collectif.
En outre, la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité a estimé que « la précipitation et la violence avec lesquelles M. Ali Ziri a été extrait du véhicule étaient disproportionnées et constituent un traitement inhumain et dégradant ». Des propos qui viennent appuyer ceux d’un témoin entendu le 9 juin 2009 au commissariat d’Argenteuil. Un jeune homme en garde à vue dit avoir été témoin d’une scène choquante. « L’un des policiers est venu vers cet homme (Arezki Kerfali – ndlr) et il a posé son pied sur la tête du Monsieur et lui a dit une phrase du genre "Tu vas essuyer". Il fait bouger la tête en appuyant avec son pied comme on pourrait le faire avec une serpillière. C’est comme s’il voulait lui faire essuyer son vomi avec sa tête », explique-t-il. Pourtant, aucun des policiers n’a été convoqué pour répondre à ces propos graves. Pire, « tous les actes demandés par les avocats de la famille Ali Ziri, comme l’audition des témoins et des policiers par un juge d’instruction et la reconstitution des faits, ont été refusés par le Procureur de la République de Pontoise » explique le collectif.
Le collectif appelle à un rassemblement le samedi 14 janvier 2012 à 14h, cinéma Jean-Gabin, parc de la mairie d’Argenteuil, 12-14 Bd. Léon-Feix, en présence de Stéphane Hessel et Jacques Gaillot pour exiger vérité et justice. Après ce rassemblement, il procédera à la pose d’une plaque commémorative sur le lieu de l’interpellation, angle des rues Jeanne d’Arc et Antonin-Georges-Belin, non loin de la mairie.
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Je m’adresse à la gauche et l’extreme gauche argenteuillaise de laisser se reposer en paix merci.
Le Collectif nous ayant écrit en tant que candidats aux législatives, voici notre réponse.
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Chers amis et concitoyens,
Près de trois ans après le décès de M. Ziri, qui avait été interpellé boulevard Jeanne d’Arc par la Police Nationale, vous nous rappelez que les policiers présents lors de son interpellation et de son arrivée au commissariat, n’ont pas été entendus par la Justice, pas plus que les témoins.
Informés régulièrement de l’avancée de votre combat par notre camarade Hacène Sayoud, nous avions cependant, au MoDem d’Argenteuil-Bezons, souhaité éviter toute initiative qui aurait pu donner l’impression d’une récupération politique partisane. Votre lettre nous donne l’occasion d’exprimer de façon officielle, pour la première fois, notre position sur le sujet, et nous vous en remercions vivement.
Le non-lieu demandé par le procureur nous semble absurde. Une enquête judiciaire devrait avoir lieu. Elle devrait évidemment comprendre, comme vous le demandez, l’audition des policiers et des témoins, ainsi qu’une reconstitution des faits sur les lieux où ils se sont déroulés. Cette procédure est la seule qui permettra de faire la lumière sur les différentes responsabilités.
Nous sommes certains que l’ensemble de nos concitoyens, respectueux de la mémoire du défunt (comme l’avait montré leur attitude quand une plaque fut posée sur les lieux), soutiendront toute démarche visant à obtenir la vérité et la justice. Pour notre part, nous nous y engageons.
Frédéric Lefebvre-Naré et Rodia Tété, candidats du Centre pour la France