Adoptée par 26 voix sur 53 au conseil municipal, l’augmentation de 9% des impôts locaux sur Argenteuil, après celle de 13,9% l’année dernière, n’a visiblement pas créé le consensus. Ainsi les membres communistes ou de Lutte Ouvrière de la majorité se sont abstenus lors du vote il y a deux semaines. « En cohérence nous ne voterons pas cette hausse des taux d’imposition des trois taxes locales car nous estimons qu’avant d’utiliser ce moyen en période de forte crise, il faut d’abord commencer par réduire un peu la voilure » assuraient les communistes le 29 mars dernier. Pour l’opposition, « ne pas voter le budget et rester membre de l’exécutif c’est ne pas faire preuve d’un grand courage politique … mais en même temps cela témoigne de la cacophonie et de la gabegie qui règnent au sein de l’équipe municipale » souligne le conseiller municipal UMP, Xavier Péricat. Depuis, le maire Philippe Doucet a multiplié les réunions publiques pour expliquer la situation économique de la ville, une des plus endettées de France.

« On doit agir en responsabilité » explique le maire socialiste d’Argenteuil pour justifier la nouvelle augmentation des impôts à ses administrés. Alors que le candidat Philippe Doucet promettait de ne pas les augmenter, l’édile doit faire face à une situation des finances de la ville « catastrophique ». Il décrit sa commune comme ayant de l’eau jusqu’au cou. Un point de vue partagé par les communistes, qui, s’ils ont refusé de prendre part au vote sur l’augmentation des impôts, compare le socialiste au président grec Karolos Papoulias « qui fait payer à sa population qui n’y est pour rien, les dérives sans vergogne des spéculateurs responsables de la mise à sac du pays. A Argenteuil, c’est pareil. » Pour les élus communistes la situation financières de la ville n’est autre que « la conséquence des errements de la gestion Mothron /Péricat aggravée par le désengagement de l’Etat. »

« Les Argenteuillais n’ont pas besoin de cette augmentation fiscale pour vivre des fins de mois difficiles »

Même son de cloche chez les élus de Lutte Ouvrière. Ils se sont abstenus sur le vote du budget et des taux, dans la continuité de ce qu’ils avaient défendu l’an passé. « Notre argumentation est aux antipodes des élus de droite » précisent-ils cependant. S’ils se félicitent des abattements prévus lors du vote, Patrick Crunil et Dominique Mariette savent que « parmi les autres Argenteuillais qui seront épargnés par ces abattements, il n’y a pas que des nantis, minoritaires sur la ville, qui pourront sans dommage payer cette augmentation. » « Elle touchera un grand nombre de personnes, actifs, retraités, chômeurs, qui n’ont pas besoin de cette augmentation fiscale, pour vivre des fins de mois de plus en plus difficiles. » Une position raillée par la droite locale. « Ne pas voter le budget et rester membre de l’exécutif c’est ne pas faire preuve d’un grand courage politique … mais en même temps cela témoigne de la cacophonie et de la gabegie qui règnent au sein de l’équipe municipale » commente l’élu UMP, Xavier Péricat.

« L’assainissement des finances de la ville ne doit en aucun cas se faire sur le dos des Argenteuillais »

Faouzi Lamdaoui estime que le conseil municipal du 29 mars « avait des allures de fin de règne. » Comme souvent en politique les critiques les plus acerbes viennent de son propre camp.

Le proche de François Hollande s’est ainsi chargé d’allumer la mèche. L’adversaire de Philippe Doucet lors de la primaire pour les municipales rappelle que « par deux fois depuis son élection, le maire a trahi sa promesse électorale de ne pas augmenter les impôts locaux. » « Le contrat moral qui le liait aux Argenteuillais est définitivement rompu. L’assainissement des finances de la ville ne doit en aucun cas se faire sur le dos des Argenteuillais » estime le conseiller municipal socialiste. Citant en exemple l’attribution d’un terrain au profit de l’école Alsacienne, Faouzi Lamdaoui pointe du doigt « la gestion hasardeuse du maire. » Il voit notamment dans le recours à un nouvel emprunt de 21 M€ « un risque réel dans un contexte économique marqué par la crise ».

L’opposition qualifie ce budget de « matraquage fiscal pour les Argenteuillais sans que pour autant, ils ne voient la moindre amélioration au quotidien. » Et Xavier Péricat d’ajouter que « la majorité vole en éclat ». « D’après nos estimations le soir du Conseil, le vote se faisant à main levée, avec 13 voix contre, 13 abstentions, 1 non participation au vote et seulement 26 voix pour, le budget n’est adopté que par une minorité du Conseil municipal » note-t-il.

« Ce vote n’est que la traduction de la grave crise qui règne au sein de l’équipe municipale… et qui est préjudiciable avant tout pour les Argenteuillais » conclut l’opposition.

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