Lancé début octobre, ce mouvement de droite veut sortir l’écologie de son cadre politique historiquement de gauche. La démarche a aussi bien séduit l’édile (LR) Florence Portelli que l’adjointe au maire d’Herblay-sur-Seine, Sarah Nerozzi-Banfi. De quoi étonner l’opposition municipale de Taverny qui y voit là une opération de « greenwashing politique ».

La maire de Taverny veut sortir du débat sur les « entrecôtes » et le « barbecue ». C’est à travers cette allusion à peine voilée aux propos de Sandrine Rousseau (EELV) sur la surconsommation de viande que Florence Portelli juge nécessaire de proposer une écologie à droite de l’échiquier politique. Sans pour autant abandonner son étiquette républicaine, cette dernière adhère dorénavant au mouvement « Les Écolos », un nouveau parti de centre droit dont elle est devenue la vice-présidente.
 


 
Fondé par Yann Wehrling, élu à la région Île-de-France en charge de l’environnement et ex-secrétaire national des Verts, ce mouvement veut s’inscrire « loin des dérives wokistes et zadistes de la Nupes ». « Nous ne pouvions plus laisser le monopole de l’écologie à gauche », a twitté le nouveau parti, le soir de son lancement début octobre. Ces sympathisants du centre et de la droite se posent ainsi en « modérés » face à des « radicaux ».
 

La compétitivité au service de l’écologie

Aux dernières législatives de 2022, Sarah Nerozzi-Banfi était déjà soutenue par « Les Écolos », qui n’était alors qu’un micro parti.

Florence Portelli, quant à elle, parle d’une écologie de gauche « qui punit les classes populaires, comme lorsqu’elle culpabilise de rouler en voiture ». À ses yeux, il faut repenser les questions environnementales par le double prisme de l’innovation et de la compétitivité, notamment en cultivant « l’indépendance énergétique, sanitaire et économique du pays par le made in France ».
 
Deuxième élue du Val-d’Oise à avoir rejoint ce nouveau parti et adjointe au maire d’Herblay-sur-Seine en charge de la culture, Sarah Nerozzi-Banfi (LR) reconnaît que le programme des Écolos en est encore au stade « embryonnaire ». « Pour l’instant, on rencontre des élus et des experts. L’idée aujourd’hui est de faire la promotion du parti pour avoir de nouveaux adhérents », explique-t-elle.
 
Trentenaire, celle qui est née dans « les années 90 et ses premiers rapports GIEC alarmants » évolue dans une agglomération avec de forts enjeux environnementaux, tels que la plaine de Pierrelaye-Bessancourt, la forêt de Montmorency et les quelques terres agricoles. Élue municipale, Sarah Nerozzi-Banfi apprécie particulièrement l’ambition de ce parti qui est d’être « composé d’élus locaux en prise avec la réalité d’un territoire ».
 

« Les actes de Florence Portelli sont le contraire de ses paroles »

Florence Portelli peut en témoigner, elle qui dit déjà mener une politique écologique en tant que maire de Taverny depuis 2014. La femme de droite évoque ici la future piétonnisation de la place Charles de Gaulle ou encore le développement de la mobilité douce avec la création de pistes cyclables. Et point d’orgue de son engagement environnemental, la construction d’un écoquartier à l’ouest de la commune avec des « habitations moins énergivores ».
 
Ce projet fait réagir Thomas Cottinet (EELV), membre de l’opposition municipale. Selon lui, la maire ne manque pas de « culot » en présentant cet écoquartier comme faisant partie d’une démarche écologique puisque sa construction implique « la destruction de 14 ha de terrain agricole ». « On est sur un crime environnemental masqué par une opération de greenwashing politique. Les actes de Florence Portelli sont le contraire de ses paroles », invective-t-il.
 

Taverny épinglée par un organisme public environnemental

Thomas Cottinet agite notamment au nez de la majorité un rapport de la Mission régionale d’autorité environnementale Île-de-France (MRAe), un organisme de l’État qui évalue l’impact environnemental des politiques urbaines des villes. Publié en septembre, le compte-rendu pointe le manque d’étude « sur la circulation, sur les pollutions sonores et atmosphériques » du dit écoquartier et de la construction de la ZAC à côté, l’ensemble constituant 1800 nouveaux logements. Ce projet peut « avoir des incidences notables sur l’environnement et sur la santé humaine », conclut le document.
 
« C’est un rapport à charge », lance-t-on au cabinet de Florence Portelli qui se dit « piqué au vif ». « L’État nous oblige à construire, ce que nous faisons, et là on nous le reproche », critique la majorité de droite qui rappelle qu’elle a besoin de nouveaux logements, face aux « 368 demandes de logements sociaux début 2022 ».