Depuis début avril, les Villas de Chaumontel accusent deux fuites d’eau importantes sur lesquelles le service public intercommunal Sieccao n’intervient pas. Ce dernier assure que ce n’est pas de son ressort puisque le réseau d’eau serait privé. En désaccord, les copropriétaires ont manifesté à trois reprises pour dénoncer cette situation.

Deux heures durant, près de « quarante » copropriétaires mécontents se sont réunis sur un rond-point de la D316, au niveau de Luzarches, samedi 16 avril au matin. Troisième rassemblement depuis le début du mois, « on a fait du bruit car on est gonflés à bloc », s’exclame David Ricatte, président de l’ASL des villas de Chaumontel, syndicat libre des propriétaires. Créé en 1989, ce lotissement de 70 pavillons, dont 40 sont en propriété privée, connaît deux fuites d’eau importantes depuis une quinzaine de jours.
 
Les propriétaires se sont tournés vers le service public de l’eau de l’intercommunalité Carnelle Pays-de-France, Sieccao, pour demander des réparations. Mais, le président est formel : « C’est à l’ASL, et non pas au service public, à qui il appartient de supporter l’entretien du réseau ». Et de justifier que ces pavillons sont privés, ainsi que leur réseau d’eau potable. Un revers pour les habitants qui disent leur lotissement « en péril avec des milliers de litres d’eau potable qui se déversent sous les fondations des maisons ». « Ces fuites nous concernent tous car nous sommes préoccupés par l’écologie et l’eau est une denrée rare », ajoute le maire de Chaumontel (Reconquête!), Sylvain Saragosa.
 

120 000 euros pour que le réseau d’eau potable devienne public

De qui dépend le réseau d’eau potable des Villas de Chaumontel ? Tel est le point de litige opposant les copropriétaires au service public intercommunal. « Jusqu’à maintenant, les différentes sociétés qui se sont succédé pour l’exploitation du réseau sont toutes venues réparer gratuitement, preuve supplémentaire que ce réseau ne nous appartient pas », rétorque David Ricatte. Un argument que balaie Géraud d’Alboy, responsable administratif du Sieccao. « Pour qu’un réseau soit public, il faut un acte juridique entre le lotissement et la collectivité qui en atteste. Or, il n’y en a pas entre l’ASL et la mairie de Chaumontel. (…) La loi est ainsi faite », explique ce dernier.
 
Perdant patience face à un lotissement qui se dégrade de jour en jour, le président des copropriétaires rappelle qu’après la construction des villas de Chaumontel, celles-ci devaient automatiquement basculer dans le domaine communal. La convention entre le promoteur et la municipalité de l’époque n’a finalement jamais été signée. Après deux nouvelles demandes de rétrocession, l’ASL entrevoit le bout du tunnel en 2019. Sauf qu’au moment de la finalisation, « le Sieccao, que nous ne connaissions pas, a refusé la rétrocession, soutenant que le réseau d’alimentation en eau était vétuste ».
 
Pour que le réseau d’eau lui soit rétrocédé, le service intercommunal pose une condition sine qua non et réclame 120 000 € aux propriétaires pour remettre en état le réseau d’eau potable. Une offre « généreuse » et « infiniment moins chère que s’ils faisaient les travaux eux-mêmes », soutient Géraud d’Alboy. « On a des exigences de qualité et un cahier des charges à respecter pour reprendre un réseau d’eau. Nous agissons en parfaite transparence. On ne vole personne, on essaie simplement de régulariser la situation », assure ce dernier.
 

« Nous sommes des citoyens relativement modestes »

Pour autant, l’ASL ne compte pas accepter cette proposition dans la mesure où cela représente 3000 € par foyer. « Sans faire de misérabilisme, nous sommes des citoyens relativement modestes », confie le président des copropriétaires, David Ricatte qui parle ici d’un « racket des cols blancs ». À ce titre, Sylvain Saragosa, dont la liste municipale est sans étiquette, veut aujourd’hui se poser en médiateur entre l’ASL et le syndicat intercommunal qui selon lui, « se retranche trop derrière la réglementation même si, dans l’absolu, il a raison ».
 
Si le dialogue semble difficile entre les deux partis, le Sieccao souhaite rester dans « l’échange ». Du côté de David Ricatte, fatigué des « nombreux envois de mises en demeure et autres recommandés », il ne cache pas se sentir livré à lui-même. « Ni le préfet, ni le procureur de la République ne répondent à nos lettres. C’est le pot de terre contre le pot de fer », se désole-t-il. Plus optimiste, le maire Sylvain Saragosa veut organiser une réunion entre la commune, le syndicat des copropriétaires et le Sieccao pour « trouver une issue à cette situation, car il n’y a rien de pire que le statu quo ».