L’Autorité environnementale a rendu un avis critique, mercredi 8 juillet, sur le projet d’extension de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Selon elle, la pollution de l’air, les nuisances sonores et le risque encouru par les sites protégés à proximité n’ont pas été suffisamment évalués par le groupe Aéroports de Paris.

Le projet n’est pas abouti juge l’autorité environnementale à propos de la construction du terminal T4 de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Pollution de l’air, gaz à effet de serre, nuisances sonores, impact sur les sites protégés, dans un avis rendu mercredi 8 juillet, les critiques sont sévères à l’adresse du maître d’ouvrage, le groupe Aéroports de Paris (ADP).

 

La construction d’un nouveau terminal afin de doubler le trafic de la plateforme aéroportuaire devait commencer l’année prochaine. Mais les travaux ont déjà pris du retard et sont repoussés à 2024. Un chantier estimé entre 7 et 9 milliards d’euros dont l’objectif est d’accueillir 40 millions de passagers supplémentaires par an.

 

Le groupe ADP justifie la création de ce nouveau terminal par la nécessité d’augmenter la capacité d’accueil de l’aéroport de 50% afin d’éviter la saturation prévue à 2024. Mais selon l’association internationale du transport aérien (IATA), le niveau d’avant crise ne devrait être retrouvé au mieux qu’en 2023. Depuis mars, le trafic aérien a plongé  de 90%. Pour l’heure, ADP n’a pas l’intention pas question de remettre en question le projet. L’enquête publique initialement prévue au printemps a été décalée à l’automne. 

 

Les risques sanitaires insuffisamment évalués


L’Autorité environnementale alerte sur une évaluation insuffisante des risques sanitaires de ce projet d’extension.  « Les incidences sur la qualité de l’air et sur le bruit et donc la santé des résidents et riverains de la plateforme aéroportuaire sont incomplètement évaluées », estime-t-elle. En matière de nuisance sonore notamment, « le dossier n’apporte aucune assurance que les aéronefs accueillis sur la plateforme seront bien modernisés dans les délais annoncés », poursuit-elle.

Selon l’Autorité environnementale « l’équation à résoudre » entre les risques sanitaires et les émissions de gaz à effet de serre d’un côté et « les objectifs nationaux et internationaux de la France » en matière environnemental de l’autre, « n’est pas décrite ni posée de manière complète. »

Enfin, « l’efficacité du traitement des eaux rejetées par la plateforme aéroportuaire une paraît pas assurée ». Par conséquent, l’autorité environnementale considère que l’absence d’incidence sur les sites protégés, situés à proximité de l’aéroport, « n’est pas démontrée ».

 

« C’est très positif mais ce n’est pas suffisant »

Quinze associations sont déjà vent debout contre le projet et ont déposé un recours en juin dernier pour dénoncer les conséquences environnementales et sanitaires du projet d’extension de l’aéroport. Parmi elles, l’association de défense contre les nuisance aériennes (ADVOCNAR). « C’est très positif mais ce n’est pas suffisant. Ce projet est un des plus climaticides de France. Il va rajouter le trafic de Orly dans Roissy. Nous attendons son abandon pur et simple. Il ne s’agit pas de repenser un projet plus petit ou d’en limiter les impacts. Plus que jamais dans le contexte de crise sanitaire actuelle, il n’a plus de légitimité », estime Françoise Brochot.

 

Par ailleurs, la Convention citoyenne pour le Climat, composée de 150 personnes, tirées au sort, a suggéré « l’interdiction de la construction de nouveaux aéroports et l’extension des aéroports existants » dans son rapport remis à Emmanuel Macron en juin dernier. Cette proposition sera soumis au Parlement ou à référendum dès 2021.