Près de trente associations saluent l’initiative des Pays-Bas qui veulent limiter le mouvement aérien de l’aéroport Amsterdam-Schipol. Au sein d’une lettre ouverte, elles demandent à Elisabeth Borne que celui de Roissy suivent la même voie pour préserver la santé des Franciliens dans un contexte de crise climatique.

440 000 vols par an. C’est le plafond de verre que le gouvernement néérlandais compte imposer à l’aéroport Amsterdam-Schipol dès l’hiver 2023, soit une baisse de 12 % par rapport à son activité pré pandémie. Une décision inédite dans le monde de l’aéroportuaire, les Pays-Bas souhaitant limiter la pollution sonore, ainsi que la pollution de l’air et les émissions de CO2. « Prendre cette mesure est nécessaire pour la santé des Franciliens mais aussi pour le climat », martèle une trentaine d’associations qui demande à ce que l’aéroport de Roissy se calque sur ce modèle.
 
Pour ce faire, l’ADVOCNAR (association de défense des riverains de Roissy et du Bourget), le collectif Non au T4 et de nombreux autres militants ont écrit une lettre ouverte le 29 août dans les colonnes du quotidien Libération, adressée à la première ministre Elisabeth Borne. « Elle connaît bien le problème car elle a été ministre des transports, puis ministre de la transition écologique et solidaire. Aujourd’hui, en tant que première ministre, elle est en première loge pour la politique climatique et environnementale puisqu’elle est aussi chargée de la planification écologique », considère Françoise Brochot, présidente de l’ADVOCNAR. Une démarche que le groupe Paris Aéroport ne souhaite pas commenter pour l’instant. L’entreprise publique considère que « c’est du domaine du régalien » et « attend les décisions au niveau du service public ».
 

Roissy Pays de France et Plaine Vallée particulièrement sujettes au bruit aérien

Soulignant qu’Emmanuel Macron avait annoncé au soir de sa réélection vouloir « faire de la France une grande nation écologique », la trentaine d’associations signataires rappelle que « Roissy pèse lourdement dans le bilan carbone de notre pays ». Selon un rapport de la direction générale de l’aviation civile pour l’année 2019, la part du secteur aérien dans les émissions françaises de CO2 est de l’ordre de 4 %. Et d’ajouter que le trafic aérien de l’aéroport CDG expose « 1,4 million de Franciliens à un niveau de bruit dépassant les recommandations de l’OMS ». Les agglomérations de Roissy Pays en France et Plaine Vallée sont particulièrement touchées, 83 % de leurs habitants subissent un bruit aérien supérieur aux recommandations de l’organisation mondiale de la santé, selon l’observatoire Bruitparif.
 
« L’État ne peut cautionner une telle situation », peut-on lire dans cette tribune. Surtout qu’aux yeux de ses auteurs, plafonner à 440 000 mouvements par an les vols de Roissy est réalisable. Avec sa moyenne annuelle de 500 000 mouvements aériens, l’aéroport CDG a un trafic similaire à celui d’Amsterdam-Schipol. Ces collectifs considèrent également que l’hexagone pourrait aller encore plus loin et exiger des mesures tels qu’un couvre-feu nocturne entre 22h et 6h du matin et une suppression des avions les plus bruyants.
 

Rencontre avec le préfet du Val-d’Oise

Aux yeux des associations, l’aéroport de Roissy suit plutôt une tendance inverse au modèle décroissant proposé dans la lettre ouverte. Depuis 2016, son trafic se serait multiplié, si bien qu’en cinq ans, son bruit aérien aurait augmenté de 23 % en journée, 78 % la nuit, selon ces derniers. Et, le nouveau plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE), censé prévenir le bruit aérien selon les réglementations en place pour les cinq prochaines années, « ne comporte aucune mesure pour réduire les nuisances », regrettait la présidente de l’ADVOCNAR, Françoise Brochot, au micro de VOnews en janvier dernier. Au contraire, ce plan prévoit jusqu’à 680 000 vols d’avion par an sur le long terme, « une augmentation énorme », déplore la militante.
 
À ce titre, les associations ont rencontré le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court, ce lundi 29 août pour que soient revus certains termes du PPBE. « Il nous a expliqué que son rôle se limitait à vérifier la légalité du document, sa conformité aux textes européens et français et qu’il n’était pas de son ressort d’agir sur le contenu des actions anti bruits », affirme Françoise Brochot. Malgré les limites de son mandat, le représentant de l’Etat se serait « montré à l’écoute » et leur aurait conseillé de prendre rendez-vous avec le ministre délégué des Transports en attendant la réponse d’Elisabeth Borne. « C’est ce que nous allons faire ! », promet la présidente d’ADVOCNAR.