Un employé communal de 51 ans a tenté de se suicider mardi 20 octobre au sein de la mairie de Sannois. Il s’est ouvert les veines dans les toilettes du deuxième étage. Son épouse dénonce la responsabilité de l’équipe municipale dans ce geste et parle de « harcèlement ». Le maire, Bernard Jamet, assure que la commune a toujours été satisfaite de son travail.

tibetsannois.jpg« A trois millimètres près, mon mari perdait l’usage de son bras selon le chirurgien. »  Pour cette Sannoisienne, le pire a été évité de justesse. Son mari, un employé communal de la mairie de Sannois, a tenté de se suicider ce mardi au deuxième étage de la mairie, dans les toilettes. Cet homme de 51 ans, s’est ouvert les veines dans l’après-midi. C’est une employée de mairie qui l’a découvert, prévenant les secours à temps. Pris en charge, il a été opéré le lendemain.

Il a laissé une lettre, destinée à plusieurs personnes pour expliquer son geste. « J’espère que mon geste servira à ce que les instances mettent le nez dans cette mairie et surtout le panier de crabes qui en a pris le pouvoir » écrit-il. Il demande à sa femme de « faire en sorte que rien ne reste sous couvert de cette municipalité menteuse, manipulatrice, corrompue. » Elle témoigne pour que la situation ne se reproduise pas à l’avenir.  » Je ne veux pas que la mairie se sente attaquée, mais c’est elle qui a fait cette situation. C’est un acte grave, il faut qu’ils prennent conscience qu’il y a des personnes qui souffrent. Ce harcèlement doit cesser. »

 

Une pétition contre lui en 2014

Selon sa femme, ce geste est consécutif à une « souffrance au travail », et prend sa source en mai 2014, quelques semaines après les élections municipales. « Mon mari, alors responsable logistique et cadre de vie,  découvre qu’une pétition a circulé contre lui, qualifiant sa gestion de « despotique. » Elle contient douze ou treize signatures. » Il demande alors à consulter son dossier administratif, qui le suit depuis le début de sa carrière. « Il prend connaissance également d’un rapport de 80 pages, volontairement grossi avec des pages presque vides, légué par son prédécesseur, et discréditant son action. Un représentant de la police municipal signifie enfin dans un document qu’il « sent l’alcool. » Des accusations que le couple ne comprend pas. « Il ne buvait pas, et en réaction, d’autres employés nous ont dit que c’était un super chef. Il n’y a pas eu d’enquête correcte sur ces faits de la part de la municipalité. » 

 

« La goutte d’eau qui a fait déborder le vase »

L’agent sombre dans la dépression, est arrêté plusieurs fois et tente même de trouver un nouvel emploi, en envoyant des candidatures à plusieurs dizaines de mairies durant l’été, sans réponse positive. Il demande donc un changement de poste en septembre, où il est affecté au service bâtiment. Une procédure est lancée par le couple au tribunal administratif en parallèle pour faire retirer de son dossier les pièces découvertes. « Je pensais qu’il en était sorti » explique sa femme.

Tout bascule de nouveau le mardi 20 octobre, lorsqu’il reçoit une lettre à son domicile. Les services de la ville lui signifie une convocation pour des propos tenus sur Facebook, mettant en cause le nettoyage sur la ville de Sannois. La municipalité estime qu’il a dérogé à son devoir de réserve. « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », selon sa femme. Pour elle, son mari était sorti de la dépression.  » Tout allait bien, nous revenions de vacances, nous avions même acheté une maison. » 

 

Bernard Jamet : « Nous n’avons jamais eu de rapports conflictuels »

Contacté, le maire de la ville Bernard Jamet ne comprend pas le geste de son agent. « Je n’ai qu’à me féliciter de son travail, répète plusieurs fois l’élu. Nous n’avons jamais eu de rapports conflictuels avec lui, nous n’avons strictement rien à lui reprocher. » Pour lui, tout a été fait pour accompagner l’agent lors de sa période difficile en 2014.  » On a fait ce qu’il fallait. On voulait le rétablir dans ces fonctions à l’époque. Il a désiré changer de poste, on est allé dans son sens, on n’a pas du tout cherché à aller contre sa volonté. »

Sur le dossier, le maire avance que les pièces ont été versées avant l’arrivée de la nouvelle majorité au pouvoir. Concernant la convocation, Bernard Jamet estime que la remarque était justifiée, par rapport à la mise en cause faîte dans un message sur Facebook. Il regrette que l’affaire soit médiatisée : « Il s’agit d’un drame d’ordre privé. » Pour le couple, pas question de baisser les bras. « Mon mari veut récupérer sa dignité, sa fonction. Il n’a pas à partir, il n’a rien à se reprocher. »