Initiée par le maire Xavier Melki, cette structure doit ouvrir ses portes le mercredi 7 décembre prochain pour pallier le manque d’enseignants et de remplaçants dans les écoles élémentaires de Franconville. Une démarche en partie critiquée par la FCPE du Val-d’Oise qui regrette de ne pas avoir été consultée avec la direction académique.

À l’école élémentaire Ferdinand Buisson de Franconville, les élèves de CM1 n’ont cours « qu’un jour sur deux ». « D’autres établissements, dans la commune, sont concernés par ces absences de longues durées d’enseignants qui ne sont pas remplacés », se désole le maire républicain, Xavier Melki. Inquiet, il veut remédier rapidement à cette situation où les écoliers accumulent beaucoup de retard. Une idée lui vient en tête, celle d’inaugurer une nouvelle structure de soutien scolaire « amélioré » dès le 7 décembre.
 
Cette sorte d’école municipale gratuite sera ouverte tous les mercredis, tant que le problème persistera. Encadrée par des enseignants déjà salariés de la ville, elle devrait pouvoir accueillir les enfants en difficultés qui le souhaitent, aucun quota n’étant encore fixé. « On commence tout juste à ouvrir la boîte mail des inscriptions. On décidera aussi du lieu en fonction du nombre d’élèves inscrits », détaille l’élu. Xavier Melki soutient avoir reçu des retours positifs de plusieurs familles franconvilloises qui ont exprimé leur intérêt.
 

« On parle d’enfants qui ont dû apprendre à lire avec leurs parents »

S’il trouve la démarche pertinente, le coprésident de la FCPE 95, Philippe Renou, déplore le manque de concertation. « Elle a le mérite de pointer un problème. Mais, le maire a œuvré dans son coin, sans consulter la direction académique, ni les parents d’élèves, ni même les enseignants qui font déjà assez d’heures et à qui il demande maintenant de travailler le mercredi », souligne le syndicat. Et au directeur académique du Val-d’Oise, Olivier Wambecke, d’abonder en ce sens : « Je suis très surpris par cette initiative unilatérale. Pour autant, je suis prêt à travailler avec les collectivités et mairies pour qu’on réfléchisse ensemble à des réponses adaptées dans le respect des compétences de chacun ».
 
Malgré ces critiques, Xavier Melki veut mettre la main à la pâte en tant qu’acteur public. « On parle d’enfants qui ont dû apprendre à lire à la maison avec leurs parents durant ces deux années de crise sanitaire. Or, ils vont bientôt entrer en sixième donc il faut assurer de bons résultats », martèle le républicain. Il rappelle que les mairies étaient déjà regardées avec de gros yeux quand elles ont commencé à installer une police municipale. Sans vouloir marcher sur les platebandes de l’État, l’élu compte ici pallier les « manquements de l’Éducation nationale ».
 

« C’est un métier de moins en moins attractif »

Depuis la rentrée scolaire, dans toute la France, les écoles de premier et second degré souffrent d’une pénurie d’enseignants. Une carence qui s’explique en partie par les 4 000 postes non pourvus à l’issue du concours de cet été. « C’est un métier de moins en moins attractif. On va droit dans le mur ! », alerte le parent d’élèves, Philippe Renou.
 
En pleine poussée démographique, le Val-d’Oise reste dans une situation d’autant plus critique. Avec ses 1 900 élèves de plus cette année, le département demeure le plus important de l’académie de Versailles et un des plus jeunes de l’hexagone. À ce titre, 144 postes d’enseignants ont été créés dans le premier degré, notamment pour assurer le dédoublement des classes. « Encore faut-il que les postes soient pourvus », indique le coprésident du syndicat qui n’a pas pu obtenir le taux de vacance auprès de l’Éducation nationale. Or, ce dernier assure que cette démographie ne fragilise pas l’encadrement des élèves qui ne cesserait pas de « s’améliorer » au fil des années.
 
Le manque de remplaçants n’aide pas, particulièrement en cette période hivernale où « il y a des pics d’absences à cause du froid et du covid jamais disparu », affirme Philippe Renou. Une dimension conjoncturelle, en somme, qui entraînerait des situations tendues : « pour y pallier, nous recrutons des contractuels au fil de l’eau », partage l’inspecteur, Olivier Wambecke. Si le coprésident de la FCPE 95 reconnaît que ces recrutements sont nécessaires dans l’urgence, il reste qu’à ses yeux, ce ne sont que des « pis-aller ».