En pleine crise énergétique, des édiles du Val-d’Oise profitent de l’examen du projet de loi des finances 2023 à l’Assemblée nationale pour alerter les parlementaires sur la difficulté des communes à pallier la hausse des factures. Ces derniers réclament entre autres un bouclier tarifaire pour maintenir au mieux les services publics.

Extinction de l’éclairage public la nuit, baisse du chauffage, face à l’explosion du coût de l’énergie, les collectivités locales se préparent à passer un hiver qui risque de leur coûter cher. Mais ces plans de sobriété ne suffisent pas à rassurer ces communes qui voient le prix du gaz se multiplier par 5 ou 7 et le coût de l’électricité doubler. « Bien que nécessaire, ce plan nous permettra au mieux d’économiser 10 % de notre consommation », révèle la maire socialiste d’Eaubonne, Marie-José Beaulande.
 
Pas de quoi résorber sa facture énergétique qui se chiffre à 2M€ cette année, soit presque « le budget annuel de la restauration scolaire dans les écoles ». Inquiète comme d’autres maires, Marie-José Beaulande appelle à l’aide : « Nous n’avons plus de levier à actionner. On a besoin du soutien de l’État ». Un cri d’alarme formulé samedi dernier à Cormeilles-en-Parisis, lors d’une rencontre entre édiles, députés et sénateurs du département.
 

« Il en va de notre survie »

Organisé par l’union des maires du Val-d’Oise, ce rendez-vous a réuni pas moins de 80 maires du territoire, en présentiel ou à distance. Lors de cette matinée, la demande a été claire. Les élus réclament un bouclier tarifaire sur le prix de l’énergie, au même titre que les ménages, les entreprises et les villes qui ont moins de dix agents avec un budget de moins de 2M€. « Nous voulons que toutes les communes bénéficient des mêmes règles sans aucun calcul démagogique car nous n’avons aucun filet de sécurité », martèle Daniel Fargeot, président de l’association et maire d’Andilly.
 

 

« Comment va-t-on boucler notre budget ? Il en va de notre survie », ajoute ce dernier, qui, entre autres, réclame aussi l’annulation de la participation des collectivités au redressement du déficit public de l’État ou encore la revalorisation de ses dotations sur le taux réel de l’inflation. Et pour cause, les services publics donnent des sueurs froides aux maires qui ont à leur charge des complexes sportifs et culturels, piscines, écoles primaires, crèches… « Or, le maintien du service public est l’amortisseur social dans une société au bord de l’explosion. Les administrés seraient les premiers perdants dans cette affaire », juge Daniel Fargeot.
 
Au-delà des frais de fonctionnement, ce sont aussi les investissements qui risquent de pâtir de cette crise. Faute d’un budget équilibré, ceux qui portent « 70 % de l’investissement public » pourraient ne plus être à même de lancer de nouveaux marchés et des chantiers, ce qui signifie que « les emplois seront également contrariés », avertit le président de l’union des maires du Val-d’Oise.
 

« L’effort doit être fait par tous »

« On les a écoutés et pris en considération », souffle Émilie Chandler, députée (Ensemble) sur la première circonscription qui compte bien relayer ces revendications dans l’hémicycle. Tout en considérant que dans une crise « l’effort doit être fait par tous », la marcheuse veut veiller au pouvoir d’achat. « Il faut trouver des solutions et réfléchir à comment on fait pour que les investissements et les services publics tiennent car au final c’est la vie des Français qui est impactée », souligne-t-elle.
 
Daniel Fargeot est bien conscient que les députés de la majorité « doivent soutenir le projet de loi sur les finances 2023 présenté par le gouvernement ». Pour autant, « ils sont à même avec le terrain de s’apercevoir de notre réalité qu’ils pourront porter au sein de leur groupe », assène l’édile de droite. En attendant, les maires devraient être bientôt fixés sur leur sort. Privé de majorité absolue, le gouvernement de Macron a annoncé qu’il sera probablement amené à dégainer l’article 49.3 afin de faire voter son budget de l’année 2023. Un texte auquel il avait déjà fait recours lors de son premier quinquennat pour la réforme des retraites, avant que la crise sanitaire ne passe par là.
 
Pour le député Nupes de la huitième circonscription, Carlos Martens Bilongo, cette adoption du budget sans passer par le débat parlementaire va empêcher les maires d’obtenir ce qu’ils veulent. « Les députés de la majorité qui acquiescent et qui écoutent c’est bien beau mais là ils vont se cacher derrière le 49.3 et le budget va être clôturé », regrette-t-il. Si l’Insoumis applaudit la démarche de ces édiles du Val-d’Oise, il appelle à une mobilisation plus forte. « La population n’est pas informée de leurs difficultés et lorsque les premiers équipements vont fermer ou des projets vont être annulés, les habitants vont se rendre compte qu’il y a un souci et se retourner d’abord contre leur mairie », présage Carlos Martens Bilongo.