Pour pallier le désert médical cergypontain, le collectif « SantéAgglo » propose la création d’un centre médical à l’échelle du territoire. Loin d’être la solution la plus adéquate aux yeux du président de l’agglomération, Jean-Paul Jeandon, ce dernier appelle plutôt à une grande réforme du domaine de la santé dont seul l’État peut être porteur.

Un médecin généraliste pour 2000 habitants dans les communes de Cergy et de Pontoise, contre un pour 653 dans l’hexagone. Alors que la région francilienne est désormais le plus grand désert médical de France selon l’union des médecins libéraux d’Île-de-France (URPS), l’agglomération de Cergy-Pontoise ne déroge pas à la règle. C’est en partant de ce constat que sept associations d’habitants se sont réunies en un collectif « SantéAgglo ». « À Cergy, deux cabinets ont récemment fermé car les médecins partis à la retraite n’ont pas pu se faire remplacer. C’est pareil à Pontoise, où les quartiers de Marcouville et des Louvrais n’ont pas accès à des généralistes », déplore Lionel Zucker, membre du collectif.

 

Afin d’éviter que les Cergypontains renoncent aux soins, ces habitants aimeraient voir s’implanter sur le territoire un centre de santé intercommunal, sur le modèle d’un centre médical municipal. Un « objectif réaliste à se fixer », considère le collectif qui verrait bien le siège de cette structure à Cergy, dont dépendraient des antennes installées dans d’autres villes de l’agglomération. Les professionnels de santé y seraient salariés par l’agglomération, pourraient travailler en équipe et pratiquer le tiers-payant, précise « SantéAgglo ».

 

121 professionnels de santé soutiennent le collectif

Si ce genre d’initiative a déjà été mis en place par des départements par exemple, tel que celui de la Saône-et-Loire, le Pontoisien Lionel Zucker reconnaît que cela ne « rentre pas dans les compétences traditionnelles des élus locaux ». Il reste que « l’agglomération est un ensemble géographique et politique cohérent à l’intérieur duquel on peut adopter une politique globale de santé. Or, au lieu de faire face ensemble, les villes se livrent à une concurrence féroce et souvent vaine pour accueillir des médecins », dépeint ce dernier.

 

Pour appuyer leur demande, le collectif a fait le tour des professionnels de santé du Val-d’Oise. Généralistes, urgentistes, psychologues, dentistes,… 121 de ces derniers ont répondu présent pour parapher un appel au président socialiste de l’agglomération, Jean-Paul Jeandon. « Nous n’avons eu aucune difficulté à les faire signer », souligne Lionel Zucker. Suite à cette lettre, le collectif a été reçu par la conseillère déléguée aux solidarités, Keltoum Rochdi. Embêtées, les associations auraient préféré porté leurs arguments directement à Jean-Paul Jeandon.

 

Un schéma directeur de la santé intercommunal

« Ce n’est pas aussi simple », rétorque le principal intéressé. À ses yeux, la priorité est d’abord de faire un état des lieux des besoins médicaux de l’agglomération de Cergy-Pontoise grâce à un schéma directeur de la santé. Celui-ci vient d’être voté dans le cadre du budget et doit faire l’objet d’un appel d’offres pour un bilan livré d’ici la fin de l’année 2022. « Après c’est un travail collectif avec les communes pour savoir combien nous sommes prêts à mettre financièrement dans un tel projet », souffle Jean-Paul Jeandon.

 

Malgré tout, même si l’élu n’écarte pas cette possibilité, il lui semble compliqué de mettre en place une telle structure. « Les centres de santé qui ont été montés sont souvent déficitaires et ferment par la suite. Il faut faire très attention à l’équilibre d’une activité de ce type-là », considère le président de l’agglomération. Et d’ajouter que pour celui de la ville de Cergy qui doit être livré dans le courant de l’année, « nous avons mis plus de trois ans à le mettre en place », argue Jean-Paul Jeandon qui est aussi maire de l’ex ville-nouvelle. Une initiative insuffisante selon Lionel Zucker au regard des besoins de l’agglomération, mais qui « pourrait faire partie prenante d’un centre plus large intercommunal ».

 

« Permettre aux infirmiers de faire plus d’actes médicaux »

Pour lutter contre les déserts médicaux, Jean-Paul Jeandon appelle surtout à l’effort de l’État pour initier une grande réforme de la santé. Évoquant notamment une « profonde mutation du métier où les médecins ne veulent plus faire autant d’heures », le socialiste voudrait que les jeunes médecins généralistes n’aient plus le choix d’installation durant leurs cinq premières années d’exercice. Abaisser leur temps de formation aussi, et les soulager en permettant aux « infirmiers de faire plus d’actes médicaux » et en renforçant le lien entre les hôpitaux et la médecine de proximité. « Toutes ces pistes ne peuvent se faire à l’échelle de la collectivité locale », martèle l’édile.

 

En attendant, le collectif « SantéAgglo » garde son rôle de lanceur d’alerte et ouvre une pétition en ligne pour un centre de santé intercommunal. Elle réunit aujourd’hui 702 signatures. Une campagne que le bénévole pontoisien Lionel Zucker compte bien amener dans la rue, en faisant le tour des marchés du territoire afin de sensibiliser les populations. « Ce n’est pas comme ça que nous allons avancer », regrette de son côté Jean-Paul Jeandon.