Souhaité par l’État, ce projet expérimental devait voir le jour entre Franconville et Gennevilliers pour une durée de trois ans. Mais face à la mobilisation de nombreux élus qui craignaient des bouchons, celui-ci vient d’être abandonné.

Voie de circulation de l’A15 à quelques centaines de mètres avant la zone où devait être mise en place la file réservée au covoiturage.

C’est une nouvelle accueillie très favorablement par bons nombres d’élus du Val-d’Oise. Samedi 24 avril, le préfet du Val-d’Oise a annoncé l’abandon du projet de création d’une voie réservée au covoiturage, bus et taxis sur l’autoroute A15. Porté par la préfecture de région à travers la direction des routes d’Île-de-France, il devait être mis en place pour trois ans dans le sens province-Paris entre Franconville et le viaduc de Gennevilliers.

 

En jaune, la zone qui était concernée par une voie réservée au covoiturage, les bus et les taxis.

« Le projet de voie réservée sur l’A15, contre lequel je me suis battue, a été définitivement abandonné. Je remercie tous ceux qui se sont mobilisés, en particulier Valérie Pécresse et le collectif des maires », se félicite Marie-Christine Cavecchi, présidente (LR) du conseil départemental du Val-d’Oise.

 

La crainte de bouchons supplémentaires

Présenté par les services de l’État en 2020, ce projet était critiqué par de nombreux maires de communes limitrophes des autoroutes A15 et A115. « Déjà saturée, la fermeture d’une voie de circulation entraînera des embouteillages bien plus conséquents et surtout un report massif de la circulation dans nos villes, nous l’avons déjà vécu », expliquait en février dernier Xavier Melki, maire LR de Franconville, lors d’une réunion d’un collectif d’élus opposés à cette voie de covoiturage.

 

Et pour cause, une réduction du nombre de voies sur l’A15 s’est déjà produite en 2018 et 2019, en raison de travaux sur le viaduc de Gennevilliers, après un affaissement d’une partie de sa bande d’arrêt d’urgence. Cette situation « avait occasionné de terribles embouteillages impactant lourdement les entreprises, les employés et les habitants du département », selon Xavier Melki.

 

Un projet alternatif réclamé par les élus

Dans un communiqué de presse, le collectif d’élus opposés à cette voie de covoiturage estime que « les maires et les élus ont enfin été entendus » par l’État. Celui-ci explique souhaiter « des projets utiles, concertés et responsables », et « le développement du covoiturage et, plus largement, des modes de transports à faibles émissions de CO2 ».

 

Les élus appelaient notamment à la création d’une voie supplémentaire réservée à cet usage. « On demande la transformation des bandes d’arrêt d’urgence en voies supplémentaires pour le covoiturage et pour les lignes de bus plus rapides, nous ne soutenons pas un projet qui consiste à enlever une voie sur l’A15 », réclamait Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, lors d’une réunion des élus du collectif en février dernier.

 

Des travaux déjà réalisés

Si cette voie est annoncée comme abandonnée, les travaux qui lui sont nécessaires ont pourtant déjà été menés en début d’année 2021. La direction des routes d’Île-de-France a notamment posé des panneaux destinés à signaler la voie réservée au covoiturage. Une situation que ne manque pas de relever Daniel Fargeot, président de l’Union des maires du Val-d’Oise et maire (LR) d’Andilly. « C’est une très belle victoire pour les usagers de l’A15 […] Reste que les 5, voire les 6 millions d’euros engagés [pour les travaux]auraient permis l’entretien général de l’A15 et notamment son éclairage qui nous fait tant défaut ! ». Un avis partagé par Luc Strehaiano, maire (LR) de Soisy-sous-Montmorency qui estime que ce « gaspillage aux frais du contribuable […] aurait pu être évité si l’Etat, plutôt que de se lancer avec la certitude qu’on lui connait, avait pris le temps de mener les études adaptées et de concerter les plus à même de les alerter sur la pertinence de leur projet : les Maires ».

 

Contactée ce lundi matin, la préfecture de région n’a pour l’heure pas fait suite à nos questions sur les raisons de sa décision, et l’avenir des équipements déjà installés sur le tronçon d’autoroute concerné.