La préfecture de la région d’Île-de-France envisage la construction de logements sociaux modulaires à destination de majeurs isolés, dans trois communes franciliennes, dont Éragny-sur-Oise. Le maire LR Thibault Humbert qui n’a pas été consulté, dénonce “un mépris de l’État pour les élus locaux”.

« Si l’État avance, on manifestera et on se battra avec l’appui d’un maximum d’élus locaux », prévient le maire LR d’Eragny-sur-Oise, Thibault Humbert. 

 

Au coeur de la discorde : un appel à manifestation d’intérêt (AMI) datant du 28 juillet dernier, qui préconise la construction de 100 à 150 logements sociaux modulaires dans trois communes franciliennes : Antony (92), Chennevières-sur-Marne (94) et Éragny-sur-Oise (95). 

 

Ce projet expérimental, destiné en priorité aux majeurs isolés, doit permettre « aux personnes concernées de quitter le système de l’hébergement d’urgence pour une solution éventuellement transitoire, avant d’entrer dans un logement social classique et pérenne », justifie la préfecture d’Île-de-France. Les logements ont donc vocation à rester sur place entre 4 et 7 ans avant d’être déplacés sur d’autres terrains. 

 

Informé par le préfet du Val-d’Oise au cours de l’été, Thibault Humbert est tombé des nues lorsqu’il a découvert le projet sur le site de la préfecture de la région. « Je n’ai jamais été contacté ni invité à une quelconque réunion pour ce projet », déplore-t-il. 

 

La sénatrice LR du Val-d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio soutient le maire et se dit scandalisée par ces pratiques. « On nous dit partout qu’on ne peut pas ignorer les maires, ce qui se passe ici démontre tout le contraire », se fâche-t-elle. La sénatrice interpelle notamment le nouveau préfet de la région Île-de-France [nommé le 22 juillet 2020, ndlr], Marc Guillaume : « Il va devoir apprendre à faire avec les élus locaux ». 

 

Un terrain, deux projets

Sur la commune, la parcelle d’environ 1,7 ha retenue par la préfecture est gérée par Grand Paris Aménagement (GPA) pour le compte de l’État. Problème : la ville prévoit notamment d’accueillir à deux pas du terrain le siège européen de l’entreprise Saint-Gobain, des bureaux ou encore une nouvelle pharmacie drive avec une maison de santé. La municipalité a d’ailleurs fait réviser son plan local d’urbanisme [qui définit le plan global d’aménagement de la commune, ndlr]en 2018. 

 

 

La préfecture de la région justifie son programme par une forte tension sur le marché du logement en Île-de-France. « Le délai d’obtention d’un logement social est d’environ 2 ans et on note une insuffisance de logements accessibles financièrement aux ménages les plus modestes ». L’objectif est « de pouvoir répondre à des besoins immédiats et urgents ».

 

Un argument balayé d’un revers de la main par Thibault Humbert qui estime avoir largement rempli sa part du contrat. En effet, la ville possède déjà 30% de logements sociaux, soit plus que les 25% requis par la loi : « Nous ne sommes pas carencés et je rappelle que le service logements de la ville instruit en continu 350 demandes avec un délai d’attente moyen de trois ans. Je considère qu’il y a des priorités. La mienne est le sort des Éragniens ». 

 

« On voit bien le peu de considération qui leur est porté »

Le site est situé entre la N184, où plus de 70 000 véhicules passeraient chaque jour selon la mairie, et une voie de chemin de fer. 

 

Par ailleurs, celui qui est aussi vice-président de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise estime que le terrain n’est pas adapté à ces habitations. « Ils vont vivre entre la voie de chemin de fer et la N184 qui voit passer plus de 70 000 véhicules chaque jour, on voit bien le peu de considération qui leur est porté », dénonce l’élu local. 

 

La préfecture régionale d’Île-de-France y voit plutôt une opportunité d’accéder plus facilement au bassin d’emploi et d’activité, grâce à « la proximité du tissu urbain, des commodités et des transports en commun ». En effet, la parcelle est située à 500 mètres de la gare d’Eragny-Neuville (Transilien) et à 1 km de la gare de Neuville-Université (RER A).

 

Les services de l’État rappellent que l’AMI doit, dans un premier temps, permettre à des candidats bailleurs de se déclarer et d’être sélectionnés, puis dans un second temps, de continuer le travail sur le projet.

 

Soutenu par Valérie Pécresse et les élus du département, Thibault Humbert n’exclut pas des mobilisations sur le terrain. Il se dit notamment prêt à bloquer la N184 « s’il le faut ».