Présent dans le Val-d’Oise depuis plus de 40 ans, le planning familial a été dissous par le bureau national en janvier dernier en raison de dysfonctionnements  internes. Un projet de reconstitution de l’association est d’ores et déjà à l’étude.

Sonnerie dans le vide, porte close. Depuis janvier, le planning familial du Val-d’Oise n’accueille plus personne. Une fermeture définitive qui s’est faite en silence et sans explication. « Du jour au lendemain, les patientes ont découvert le panneau de fermeture sur la porte », rapporte Barbara Dufour, médecin qui intervient au sein de la PMI (Protection maternelle et infantile) de Cergy.

 

L’association se donnait pour mission d’accompagner la vie sexuelle et familiale des femmes à travers l’éducation sexuelle, la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement. Constituée de salariés, médecins et bénévoles, l’antenne val-d’oisienne accueillait environ 1 700 jeunes femmes par an, le plus souvent en situation de précarité. Organisation militante, résolument féministe, le planning garantit un accueil anonyme et inconditionnel pour toutes.

 

Des problèmes de gestion et d’accueil invoqués

À l’origine de cette fermeture, un premier signalement émanant d’une ancienne conseillère familiale et conjugale du planning, fin 2018. Celle-ci aurait accusé une membre de l’association d’avoir tenu des propos racistes et refusé l’accueil de femmes voilées dans les locaux, par justification féministe.

 

« Suite à la mise en place d’une commission interne, il a été prouvé que l’association ne respectait pas les valeurs du planning familial », explique Caroline Rebhi, coprésidente de la confédération nationale du planning familial. « Après plusieurs paliers de conciliation, le conseil d’administration a pensé que les actes commis méritaient la fermeture de l’association », poursuit la responsable nationale du mouvement. 

 

Une version rejetée en bloc par l’ancienne directrice du centre val-d’oisien, Clara Kapela qui parle de « propos mensongers ». « Le refus d’examiner une femme en raison de la présence de son enfant a été détourné en acte raciste », oppose l’ex-directrice qui dit réfléchir à porter plainte pour diffamation. 

 

« C’est une histoire ancienne, cela fait longtemps qu’il y a une espèce d’omerta sur le planning 95 », rapporte Régine Furnal, conseillère conjugale au planning des Yvelines. D’importantes difficultés à recruter, plusieurs licenciements pour fautes graves,  des accusations de maltraitance envers le personnel… L’ancienne directrice du centre val-d’oisien, Clara Kapela parle d’une « guerre de personnes intestine » qui fait rage « depuis une quinzaine d’années ».

 

Selon Caroline Rebhi, responsable de l’association au niveau national, l’antenne départementale ne respectait pas le « fonctionnement démocratique et associatif du planning familial ». « Un fonctionnement passéiste » aux yeux de l’ex-directrice de l’association du Val-d’Oise, qui regrette que la gestion de l’association « en tant qu’employeur [soit] mal vu ».

 

Situation difficile pour les IVG 

Avec le confinement, les possibilités d’interruption volontaire de grossesse en cabinet libéral se sont fortement réduites. « Je n’ai jamais eu autant de demandes », relate le docteur Dufour intervenant à la PMI de Cergy, obligée de répondre seulement aux demandes les plus urgentes. Selon elle, le planning familial habilité à réaliser des IVG a manqué durant cette période.

 

Pour la députée (LREM) Fiona Lazaar, la réouverture d’une instance départementale est donc une « nécessité » au moment où « l’accès à l’IVG a été très compliqué » par la crise sanitaire. Si les délais administratifs pour reconstituer l’association reconnue en tant qu’espace vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) vont être longs, l’élue de la majorité indique vouloir appuyer ce projet « à tous les niveaux s’il le faut ». Catherine Labbouz, administratrice à la fédération d’Île-de-France indique qu’une phase de prospection est déjà engagée pour « continuer les actions du planning par rapport au public ». 

 

Le département du Val-d’Oise qui subventionnait le planning familial à hauteur de 100 000€ par an, se dit prêt à « étudier tout projet de réouverture d’antenne en Val-d’Oise ». Tout en ajoutant qu’ « aujourd’hui, cette mission est assurée par les 30 centres de planification familiale du conseil départemental ». 

 

Un soutien aux femmes reste disponible dans le Val-d’Oise à travers le numéro vert national (0 800 08 11 11). Proposé par le mouvement du planning familial, il a connu une augmentation des demandes de 40% en Île-de-France pendant le confinement.