Entre la baisse de recettes, la hausse des prestations sociales et les dépenses liées à la Covid-19, l’impact de la crise sanitaire pèse lourd sur les finances du département, selon la majorité départementale. Une première estimation évaluée à 89M€ que l’opposition socialiste remet en cause.  

Retardé à cause de la crise sanitaire, le budget 2020 a finalement été adopté ce vendredi 19 juin. Et les nouvelles ne sont pas bonnes. “Le coût économique de la Covid-19 est déjà estimé à plus de 89M€ pour le Val-d’Oise”, déplore la présidente (LR) du département, Marie-Christine Cavecchi. “Un chiffre provisoire”, poursuit-elle alors qu’un bilan définitif est attendu à la fin de l’été. Pour autant, l’élue assure qu’aucune hausse d’impôts n’est prévue. 

 

Moins de recettes et plus de dépenses sociales

Confinement oblige, les ventes de biens immobiliers ont fortement ralenti ces derniers mois, induisant une baisse importante des droits de mutation pour le département. Cette taxe notariale, “par nature fluctuante” selon Marie-Christine Cavecchi, a tout de même baissé de 56M€ cette année. 

 

Par ailleurs, le nombre de bénéficiaires du RSA n’a pas cessé de croître avec 20,7M€ supplémentaires déboursés en 2020. Ce qui porte le montant des dépenses sociales à 635M€. “Nous n’avons pas hésité à payer alors même qu’aucun contrôle n’a pu être effectué ces derniers mois”, précise la cheffe de la majorité.

 

Le manque à gagner lié à la fermeture des musées pendant le confinement n’a pas aidé non plus. Propriété du département, le château d’Auvers-sur-Oise a dû attendre le 2 juin pour rouvrir ses portes. Des chiffres sont attendus à la fin de l’été. 

 

Qu’on nous donne les chiffres, réclame le conseilller PS d’opposition, Nicolas Bougeard, tant qu’on ne les aura pas, on n’y croira pas”. S’il ne nie pas l’impact économique de la crise, l’élu dénonce les méthodes de la majorité de droite. “C’est pareil depuis le début de leur mandat, sous couvert de rapports cordiaux et polis, ils estiment pouvoir nous raconter n’importe quoi le coeur sur la main”, lance Nicolas Bougeard.

 

10M€ engagés contre la Covid-19

En dehors de la baisse des recettes et de la hausse des prestations sociales, des dépenses ont été engagées dans la lutte contre la Covid-19. Le Val-d’Oise a investi près de 8 millions d’euros pour l’achat d’équipements de protection. 3,4 millions de masques ont notamment été commandés à destination du personnel public, des EHPAD, des forces de l’ordre ou encore des communes qui n’ont eu que 50% du prix à prendre en charge. Le remboursement annoncé par l’État s’élève à hauteur de quelques centimes d’euros par masque chirurgical et jusqu’à un euro pour les masques en tissu. 

 

Nous avons souhaité donner un coup de pouce aux petites communes, justifie la présidente du département, car elles n’avaient pas toujours les moyens d’en acheter”. Une “communication électorale” pour Nicolas Bougeard qui juge les élus de la majorité “beaucoup plus préoccupés à prendre des selfies d’eux en train de distribuer des masques qu’à mettre en place les outils pour accompagner la crise sociale qui arrive”. 

 

Pour venir en aide aux entreprises, l’assemblée participe également à hauteur de 2M€ au fonds Résilience mis en place par la région Île-de-France, la Banque des territoires et les collectivités territoriales franciliennes. L’idée étant de proposer une avance remboursable exceptionnelle de 3 000 à 100 000€ aux entreprises de tous secteurs confondus, ayant entre 0 et 20 salariés et qui auraient déjà reçu un refus de prêt total ou partiel. Un fonds décrié par l’opposition socialiste, qui y voit davantage un moyen d’”alimenter la caisse de campagne des élections régionales de Valérie Pécresse”. 

 

Vice-président délégué aux finances, Gérard Seimbille tient aussi à mettre en avant le financement de 20 000€ à l’association Lisa forever. Un apport qui a permis d’acheter des élastiques et du tissu pour la fabrication de surblouses à destination des soignants. “Les dernières blouses ont été livrées il y a peu”, se félicite l’élu. 

 

Le niveau d’investissement est maintenu à hauteur de 190M€, même si 18M€ seront « reportés à plus tard », selon Gérard Seimbille. Pour le vice-président délégué aux finances, ce sont des “ajustements qui ne remettent pas du tout en cause nos investissements mais qui sont dû au retard des chantiers pendant le confinement. Nous les paierons donc plus tard”. 

 

La majorité compte d’ailleurs poursuivre la réduction de la dette, qui s’élève aujourd’hui à 893,4M€. Pour compenser le coût du Covid-19, la majorité prévoit d’emprunter 83.4M€. “C’est une décision politique que nous assumons, car nous sommes toujours un des départements les plus endettés de France”, déclare Marie-Christine Cavecchi.