Les maires de Franconville et Saint-Gratien ont adressé des lettres au préfet du Val-d’Oise pour l’informer qu’ils s’opposaient à la réouverture de leurs écoles le 11 mai prochain.

Le Premier ministre l’a réaffirmé mardi devant l’Assemblée nationale, après deux mois de confinement, les enfants vont reprendre le chemin des bancs d’école. Il s’agit d’« un impératif pédagogique, un impératif de justice sociale, en particulier pour ceux qui peuvent difficilement suivre l’enseignement à distance ». Une reprise « sur la base du volontariat », « très progressive », et par niveau avec, à compter du 11 mai, celle des maternelles et de l’école élémentaire.

 

Pourtant, la décision divise chez les enseignants, les parents d’élèves, mais aussi du côté des maires. Certains émettent à l’encontre de ces réouvertures, des interrogations voire même des refus catégoriques, comme à Courcelles-lès-Gisors (Oise) où le maire a annoncé que l’unique école restera fermée  jusqu’au 31 août prochain.

 

« Des mesures sanitaires qui ne peuvent être respectées »

À Franconville, le maire LR Xavier Melki a averti le préfet de ses intentions quant à la réouverture de ses 11 écoles maternelles et 10 écoles primaires. « Si les choses devaient rester en l’état, et au regard de l’absence totale et inquiétante d’information, [il]ne permettrai[t]pas l’ouverture des établissements recevant des enfants ».

 

Contacté, l’élu pointe un protocole de réouverture en cours d’élaboration, qui contient « des mesures sanitaires qui ne peuvent être respectées ». Il y est question du respect des distances et des gestes barrière dans les cours de récréation, « difficilement applicable » selon lui, mais aussi le nettoyage des salles. « Elles doivent faire l’objet d’un bionettoyage », explique Xavier Melki. Et d’ajouter « c’est un métier de faire ça, il faut être formé ».

 

« Ce protocole a été établi pour protéger ceux qui l’ont écrit et faire porter toutes les responsabilités sur les maires », estime Xavier Melki, qui explique qu’il aurait préféré que la décision de réouverture des établissements puisse être prise en concertation avec chacun des conseils d’école. « J’ai eu une fin de non-recevoir de l’inspection académique pour réunir le conseil d’école, pour des raisons que je peux entendre [liées au confinement] », assure le maire.

 

Il « serait irresponsable » de ne pas s’opposer à la réouverture des écoles

Julien Bachard, premier magistrat LR de Saint-Gratien a lui aussi adressé un courrier au préfet le 29 avril au sujet de la réouverture des 14 établissements de sa ville. Dans celui-ci il estime qu’il « serait irresponsable » de ne pas s’opposer à la décision d’ouvrir les écoles à compter du 11 mai.

 

« Aujourd’hui, nous accueillons les enfants du personnel soignants et ça a été élargi aux enfants des pompiers, des pompes funèbre, ça on sait faire. Mais accueillir 15 enfants par classes parce que c’est ça qu’on nous demande, sans qu’aucun groupe ne se croise, sans jeux et activités en récréation … c’est compliqué », estime l’élu.

 

« On nous demande dans un temps très court d’organiser de façon tout à fait nouvelle et quasi  expérimentale l’organisation des écoles et des crèches », résume le maire. « Je pense qu’on aurait dû se concentrer de façon optimale sur l’ouverture de septembre dans des conditions sanitaires optimales », ajoute Julien Bachard.

 

« Cette situation risque de créer des tensions »

Danier Fargeot, président de l’Union des maires du Val-d’Oise, également maire LR d’Andilly, estime que d’autres élus pourraient s’opposer aux réouvertures. « Il y a en aura d’autres, compte tenu des consignes sanitaires qu’on nous demande et qu’on ne pourra mettre en oeuvre au 11 mai ».

 

« Ce que je regrette c’est que l’État se soit délesté d’un dossier au profit des maires alors que nous ne sommes pas en mesure de répondre à toutes les formalités. Cette situation risque de créer des tensions entre les populations et les services municipaux, tout ça pour quelques jours d’ouverture scolaire… », se désole le représentant des maires val-d’oisiens.