Avec des places d’hébergement d’urgence supplémentaires pérennisées par la préfecture du Val-d’Oise, plus de personnes sont cette année mises à l’abri dans le département. Le numéro vert reste malgré tout saturé, notamment à cause de la précarisation de la population et de l’arrivée du grand froid.

Chaque jour, toutes les places en hébergement d’urgence dans le Val-d’Oise sont pourvues. En moyenne, 2500 personnes sont mises à l’abri, réparties dans les 70 hôtels sociaux du département à même de les accueillir. Une limite définie par l’État que se permet parfois de dépasser le SIAO (Service intégré de l’accueil et de l’orientation), en charge du numéro vert 115. « Avant-hier, environ 2 640 individus ont été logés. Dans le Val-d’Oise, on est bien écouté et plutôt bien loti au niveau du parc hôtelier », considère Vincent Hubert, directeur du SIAO Val-d’Oise, qui fait remonter quotidiennement les informations du terrain à la préfecture.
 
Depuis la rentrée 2022, les services de l’État ont ouvert des places supplémentaires dans le département. « L’année dernière, il n’y en avait que 1400. Mais, nous avons décidé de pérenniser le plan hivernal qui, normalement, augmente la capacité d’hébergement seulement de façon provisoire », indique le directeur de la DDETS 95 (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités), Riad Bouhafs. Malgré cet effort, le SIAO alerte le gouvernement sur les baisses importantes de températures qui fragilisent encore plus ces publics précaires. « L’État tarde à ouvrir des structures hivernales, comme des gymnases par exemple, alors qu’ils se les gèlent dehors ! », invective Vincent Hubert.
 

Jusqu’à 4000 appels par jour

Contrairement aux préfectures de Paris et de la Seine-Saint-Denis, celle du Val-d’Oise n’a pas encore déclenché de plan pour le grand froid. Pour autant, cette dernière a renforcé ses mesures de mise à l’abri. Une quatrième équipe de maraude est notamment en place depuis ce lundi et 25 places d’hébergement supplémentaires ont été ouvertes. « Si besoin, on en ouvrira d’autres, selon les conditions climatiques. Avant-hier, seules 17 places ont été pourvues donc nous avons encore de la marge », affirme Riad Bouhafs.
 
Cela reste insuffisant aux yeux de l’association Espérer 95. « Le Val-d’Oise est saturé depuis que le plan covid est arrêté dans la mesure où celui-ci assurait un nombre de places d’hébergement d’urgence illimité », témoigne-t-on au sein de l’organisation solidaire. Elle qui fournit les douze écoutants du numéro vert, dit recevoir entre 2000 à 4000 appels par jour. Pas même le quart est décroché. Une donnée nuancée par le directeur du SIAO : « de nombreuses personnes tentent de nous joindre plusieurs fois par jour ». Vincent Hubert reconnaît que « le 115 est difficilement joignable. Il faut s’armer de patience ».
 

Toutes les familles mises à l’abri dans le Val-d’Oise

La montée de la précarité n’y est pas pour rien. « Depuis cinq ans, nous observons une progression linéaire : il y a une baisse générale des revenus qui s’accompagne d’une hausse des appels au 115 », raconte le directeur de l’association. La crise sanitaire a largement accentué ce phénomène et créé de nouveaux profils de personnes paupérisées : des entrepreneurs, des jeunes,… La demande de mise à l’abri explose, si bien que certains se résignent à ne plus appeler le numéro 115. « Il ne faut pas se leurrer. Les hommes seuls et sans enfants ont très peu de chance d’accéder à un hébergement d’urgence », déplore Vincent Hubert, tout en assurant qu’aujourd’hui aucune famille ne dort dehors dans le Val-d’Oise.