Baisse du chauffage, extinction de l’éclairage nocturne, restriction d’accès aux piscines… Face à l’explosion des frais de l’énergie, les communautés d’agglomérations n’ont pas d’autres choix que d’établir des plans de sobriété. Inquiets, leurs présidents appellent le gouvernement à appliquer un bouclier tarifaire aux collectivités locales.

« C’est une crise énergétique sans précédent », regrette le président (PS) de l’agglomération de Cergy-Pontoise, Jean-Paul Jeandon. En France, comme en Europe, le coût de l’énergie a augmenté ostensiblement des suites de la guerre de l’Ukraine. Résultat, à Cergy-Pontoise, la facture devrait connaître une hausse de 33 % en 2022 et tripler en 2023, soit 6M € d’augmentation. « Nous devons prendre des mesures difficiles pour passer l’année », annonce le socialiste qui est aussi maire de l’ex-ville nouvelle.
 
Ce sont les équipements publics qui sont avant tout ciblés par ce plan de sobriété. Très énergivores, les bassins extérieurs de Cergy et de Pontoise fermeront cet hiver et toutes les piscines de l’agglomération voient leur température baisser jusqu’à 2°. Par ailleurs, ces dernières seront inaccessibles au public du 8 décembre au 12 janvier. Des mesures regardées par l’agglomération de Roissy Pays de France qui, avec ses treize bassins sur le territoire, pensent à réduire les horaires. « Pour autant, on continuera à les ouvrir, notamment par rapport aux enfants des écoles qui apprennent à nager. C’est important », juge le président Pascal Doll (LR).
 

Le chauffage limité à 18 degrés à Cergy-Pontoise

Contrairement à Val Parisis qui éteint ses lumières la nuit depuis le début de l’été et Cergy-Pontoise qui va le faire entre 1h30 et 4h30 du matin à partir de novembre, Roissy Pays de France ne compte pas s’engager sur cette voie-là. « Nos voiries communautaires sont essentiellement de grands axes ou sont situées dans des zones industrielles. Cela poserait un problème de sécurité », affiche l’élu de droite qui réfléchit tout de même à éclairer plus tard et éteindre plus tôt. Après quatre mois de test, Val Parisis reste convaincue par cette mesure, elle qui a observé une baisse de 20 % sur la facture.
 
Dernière précaution pour traquer les économies, la baisse du chauffage. Si Plaine Vallée n’est pas propriétaire de son siège, elle doit rencontrer le propriétaire afin de faire un point. « On va reculer autant que possible le début de la chauffe et probablement limiter à 19° les compteurs », indique le directeur général des services, Fabrice Belkacem. Dans l’agglomération de Jean-Paul Jeandon, on a baissé encore plus le thermostat, réglé à 18° dans tous les bureaux de l’administration, les locaux techniques du personnel, les piscines et la patinoire.
 

Un impact sur les « investissements de demain »

Selon les calculs de Cergy-Pontoise, son plan va lui faire économiser 1,5 M€ en frais de dépense. C’est loin d’être suffisant pour l’agglomération de 200 000 âmes qui cherche comment combler le trou restant de 4,5 M€. « Il nous faut encore travailler », prévient d’avance Jean-Paul Jeandon. Mais, les pistes sont maigres aux yeux de l’élu qui veut tout faire pour éviter une hausse d’imposition de la taxe foncière. « Avec l’inflation, la situation financière des ménages est déjà tendue », rappelle le socialiste.
 
Malgré une facture de près de 2M€ plus chère que les années précédentes, le président de Roissy Pays de France, Pascal Doll s’inquiète moins pour l’agglomération que pour les communes. « Nous avons une marge pour absorber ce phénomène sans que ça ait un impact sur la vie des habitants. Les communes, elles, vont se trouver plus en difficulté avec leurs établissements publics à gérer », s’alarme celui qui est aussi l’édile d’Arnouville. À ce titre, Plaine Vallée veut soutenir les villes en leur partageant tous les outils dont dispose l’agglomération, « sans pouvoir les aider financièrement ». Le directeur Fabrice Belkacem évoque notamment ce système de cartographie des points lumineux du territoire et de leur consommation.
 
« Toutes ces dépenses en plus aujourd’hui vont avoir un impact sur les investissements et dépenses de fonctionnement de demain. Ce sera du service public en moins et des choix à faire », prévient le directeur général de service. Une situation qui aurait pu en partie être évitée si le gouvernement appliquait « un bouclier tarifaire aux collectivités », comme pour certaines entreprises et les ménages. « Je regrette que le gouvernement n’entende pas nos difficultés avec la hausse des prix de l’énergie, des prix des prestations de service comme la cantine et des salaires des agents du service public », alerte le Cergyssois Jean-Paul Jeandon.
 

Réfléchir à moins consommer

Tout en étant une vive source d’inquiétude pour ces élus, cette crise a pour autant accéléré la mise en place de mesures de « bon sens », selon Plaine Vallée, et révélé certains enjeux environnementaux. Plaine Vallée entend par exemple former sa police intercommunale à l’écoconduite. Quant à Val Parisis, l’agglomération était déjà engagée sur un contrat pour diminuer sa consommation énergétique de moitié d’ici 2028. Aujourd’hui, elle réfléchit à passer en 100 % LED son éclairage public avec ses « 27 000 points lumineux », une technologie qui se veut moins énergivore.
 
Contactées, les communautés de communes de Vexin Centre et de Vexin Val de Seine n’ont toujours pas prévu de mesures de sobriété, au regard de leur actualité politique. La démission du conseil municipal de Magny-en-Vexin a perturbé le fonctionnement de Val de Seine, tandis que la récente réélection d’une partie du conseil intercommunal de Vexin centre a empêché les prises de décisions. « Mais cela ne saurait tarder », souffle la secrétaire du Val de Seine, inquiète des répercussions de cet hiver.