Une vingtaine de jours après l’accident qui avait plongé une fillette dans le coma, Pontoise a de nouveau été le théâtre mercredi d’un incident impliquant un motocross et une enfant. Un événement retentissant pour le Val-d’Oise qui mène une politique anti rodéo urbain depuis avril dernier. D’autant que ce plan départemental de lutte a été renforcé ce mois-ci sur la demande du gouvernement qui a lancé un appel national.

« Une fois de plus, un enfant sur un trottoir se retrouve accidenté par un motocross non homologué », déplore la maire de Pontoise, Stéphanie Von Euw. Ce mercredi 24 août, aux alentours de 20h30, un conducteur de motocross a blessé une fillette au pied alors qu’il conduisait à vitesse excessive sur la rue Edouard Martel du quartier des Cordeliers à Pontoise. Il a dévié de sa trajectoire pour éviter une voiture et empiété sur le trottoir où se trouvait l’enfant qui s’en sort avec une entorse. L’individu a ensuite pris la fuite.
 
En arrivant sur les lieux, les forces de l’ordre ont fait un tour du coin et sont rapidement tombées « sur une bécane encore chaude et son conducteur », indique une source policière. Ce dernier, qui serait âgé de 15 ans, a rapidement reconnu être l’auteur des faits et a été placé en garde-à-vue. « Les investigations sont en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’accident », communique le parquet de Pontoise. L’enquête permettra notamment de spécifier s’il s’agit là d’un cas de rodéo urbain ou non.
 

Deux enfants fauchés à Marcouville le 5 août

Pour autant, « cela reste de la délinquance routière », considère-t-on à la préfecture du Val-d’Oise. Un point sur lequel s’accorde la maire de Pontoise, Stéphanie Von Euw, qui se dit particulièrement « touchée ». « Malheureusement, nous connaissons une succession de faits qui sont très symboliques car ça touche des enfants », ajoute-t-elle. Et pour cause, le drame survenu il y a une vingtaine de jours dans la même commune continue de marquer l’esprit des autorités publiques et politiques.
 
Le 5 août dernier, dans le quartier de Marcouville, un jeune qui se livrait à un rodéo urbain sur son motocross de couleur foncée a renversé deux enfants, les blessant grièvement. Après s’être enfui, le conducteur s’est livré au commissariat dès le lendemain des faits. Une affaire qui a largement ému l’opinion publique, l’une des deux victimes âgée de moins de 10 ans étant restée dans le coma une dizaine de jours. L’autre, un garçon de 11 ans, souffre quant à lui d’une fracture ouverte du tibia. Son état est stable.
 

Un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende

Sur le pied de guerre suite à cet événement, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a donc appelé à renforcer la lutte contre ce phénomène qu’il qualifie de « fléau dont les Français des quartiers populaires sont les plus souvent victimes ». Déjà, en 2018, le gouvernement avait fait voter une loi qui alourdit les sanctions contre les auteurs des rodéos motorisés. Ces derniers peuvent encourir jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende, plus encore s’ils sont sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiant.
 


 
Aujourd’hui, le locataire de Beauvau demande à toutes les préfectures qu’au moins trois contrôles policiers par jour soient menés. Résultat, depuis la mi-août dans Paris et sa proche banlieue, 72 deux roues ont été saisies, 1635 contraventions ont été distribuées et 70 individus placés en garde à vue, communique le gouvernement. « Vous avez fait en somme en quinze jours, ce que vous faisiez en trois mois », a félicité Gérald Darmanin le 24 août dernier.
 

258 interpellations menées depuis deux semaines dans le Val-d’Oise

Le Val-d’Oise n’a pas attendu ces consignes pour faire de cette lutte une priorité. Depuis l’arrivée du nouveau préfet Philippe Court en avril, un plan départemental a été mis en place, permettant 112 interpellations ainsi que la saisie de 172 engins. Bien rompu à l’exercice, le département n’a fait « que l’intensifier ces derniers jours. […] Le ministre de l’intérieur a donné une vraie impulsion », indique le cabinet de la préfecture. Selon eux, depuis une dizaine de jours, 258 opérations ont été effectuées sur le territoire.
 
Les modes d’action sont variés et les contrôles se font aussi bien au sol que dans les airs pour repérer d’éventuels cas de rodéos. Avec l’aide des bailleurs sociaux, les forces policières visitent aussi régulièrement les boxs et les cave à la recherche de véhicules non homologués. « Le plus utile est de saisir ces motos et de les détruire quand elles ne sont pas récupérées », considèrent les services de l’Etat.
 

« Notre police municipale accompagne la police nationale »

« C’est un plan qui donne des résultats, l’État est très présent dans le Val-d’Oise », assure le cabinet de la préfecture. Et d’ajouter que ces nombreux contrôles peuvent être faits sans difficultés, puisque « les moyens existent et ont augmenté ces derniers temps dans le département ». Le territoire a notamment accueilli 23 nouveaux gardiens de la paix début août pour « renforcer l’effectif des forces de sécurité publique, […] dans un contexte où les enjeux de sécurité publique demeurent prégnants à l’échelle du département ».
 
Mais les services de l’Etat n’oublient pas de rappeler que la lutte contre ces rodéos n’est pas seulement l’affaire des policiers et gendarmes, mais aussi celle des riverains, des bailleurs sociaux et des municipalités. L’édile de Pontoise, Stéphanie Von Euw, soutient que « la police municipale accompagne la police nationale. Il y a aussi notre centre de contrôles des caméras (CSU) qui permet d’alerter, d’aiguiller, d’identifier et d’aider à une enquête judiciaire. Nous sommes un élément de la chaîne ».