La préfecture du Val-d’Oise a pris un arrêté concernant le projet d’usine de méthanisation au Mesnil-Aubry, jugé incompatible avec le plan local d’urbanisme. La société Biogaz du Pays de France a deux mois pour faire un recours au tribunal administratif. 

Une pancarte contre le projet de méthanisation au Mesnil-Aubry.

Nouveau rebondissement pour le projet de méthanisation. Alors qu’une consultation publique devait débuter le 14 avril jusqu’au 18 mai pour permettre aux Mesnilois de s’exprimer sur le sujet, un arrêté préfectoral publié le 13 avril considère finalement que le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune n’autorise pas ce type d’implantation. « Je suis ravie. Au moins, le préfet respecte la loi » confie la maire (Dvd) du Mesnil-Aubry, Martine Bidel, précisant toutefois « rester prudente car la décision n’est pas définitive »

 

Déposé au mois de février 2022 en mairie du Mesnil-Aubry, le permis de construire de l’unité de méthanisation agricole a été vivement contesté par le village d’environ 900 habitants, mais aussi par les communes voisines. Prévu sur une superficie de trois hectares avec un éloignement de 1.3km des habitations, le projet a rencontré jusqu’ici l’opposition de plusieurs maires comme Yves Citerne (Dvd) à Attainville, Véronique Ribout (Dvd) à Moisselles, Catherine Delprat (PS) à Ecouen, ou encore Eric Battaglia (Dvd) à Ezanville. Des réunions publiques avaient notamment été organisées pour en discuter. 

 

« On est déjà un village sacrifié »

« On a la REP Veolia avec 325 hectares d’enfouissement de déchets à proximité, la départementale, la francilienne, les avions de Roissy. Le Mesnil-Aubry est déjà un village sacrifié », déplore Martine Bidel. « L’unité de méthanisation impliquait une multitude de nuisances, et les agriculteurs à l’origine du projet ne vivent même pas dans la commune », ajoute-t-elle.

 

La méthanisation, qui permet de produire à partir de matières organiques issues de la production agricole une énergie renouvelable et un engrais organique, est souvent contestée pour plusieurs raisons. Parmi elles, des craintes d’appauvrissement des sols, d’une perte de la valeur du patrimoine immobilier, ou de passages quotidiens de camions et tracteurs, démentis par la société Biogaz du Pays de France. Cette dernière affirme sur son site Internet qu’aucun village ne serait traversé pour alimenter le méthaniseur. 

 

 « Il faut qu’on apprenne à faire les énergies nous-mêmes »

Selon Florian Dezobry, agriculteur et président de la société, le projet pourrait répondre à la crise énergétique. « Ça fait huit ans que le gouvernement nous dit qu’il faut qu’on apprenne à faire les énergies nous-mêmes. Demain, grâce à la méthanisation, je n’aurai plus besoin de phosphore et de potassium venus de l’extérieur sur mon exploitation », assure-t-il. Il rappelle également que la méthanisation « diminuerait de 80% le recours aux engrais de synthèse, notamment l’azote ».

 

Même si les méthaniseurs restent des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), susceptibles de créer des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances, Florian Dezobry ne perd pas espoir pour que l’installation soit possible au Mesnil-Aubry : « Nous avons répondu à toutes les contraintes et nous allons continuer à fournir des réponses. Beaucoup de gens nous soutiennent », garantit l’intéressé. 

 

La société Biogaz du Pays de France a la possibilité de déposer un recours devant le tribunal administratif dans un délai de deux mois.