Les écoles vont fermer leurs portes pour une durée de trois à quatre semaines selon les niveaux, à compter de vendredi. Cette mesure jugée nécessaire par le président Emmanuel Macron pour endiguer l’épidémie de la Covid-19, est difficilement accueillie par les enseignants et les parents d’élèves.

L’épidémie est « plus étendue qu’au printemps dernier », a annoncé le président de la République mercredi soir. Une situation sanitaire dégradée qui a poussé le gouvernement à étendre le confinement, en vigueur dans 19 départements depuis le 20 mars, à tout le territoire à compter de ce week-end, et ce pour quatre semaines.

 

Alors que le gouvernement se félicitait jusqu’à présent de laisser les écoles ouvertes, Emmanuel Macron ébranle ce pari et a finalement décidé de les fermer à partir de ce samedi. Cette solution lui apparaît comme celle étant, « la plus adaptée pour freiner le virus tout en préservant l’éducation de nos enfants. »

 

1 002 établissements scolaires vont fermer dans le département

Dès ce mardi, les élèves vont suivre leurs cours à distance. Les vacances de printemps vont ensuite être avancées au 12 avril pour toutes les zones du territoire. La rentrée scolaire pourra se faire en présentiel pour les enfants des écoles maternelles et élémentaires le 26 avril. Pour les collégiens et lycéens, ils devront rempiler avec une semaine en distanciel. C’est donc plus de 61 510 établissements qui vont devoir fermer leurs portes, dont 1 002 dans le département du Val-d’Oise.

 

Cette décision était inéluctable selon Delphine Joseph, déléguée du personnel du syndicat SNUPIPP 95, syndicat d’enseignant dans le premier degré. « On ne voulait pas fermer les écoles. Notre politique était de garder les écoles ouvertes mais dans de bonnes conditions. Or, là, elles n’y sont plus depuis longtemps. On tire l’alarme depuis trois semaines au moins », s’agace l’enseignante.

 

Philippe Renou, vice-président de l’association des parents d’élèves, FCPE Val-d’Oise voit aussi cette nouvelle fermeture comme un « dernier recours ». « Pour nous, les familles, ça va être compliqué », s’inquiète ce père de quatre enfants dans la perspective de concilier télétravail et vie familiale. Le chômage partiel n’est disponible que pour « les parents qui devront garder leurs enfants et qui ne peuvent pas télétravailler », a précisé le gouvernement.

 

« Cette fermeture représente un échec du gouvernement. »

Delphine Joseph comprend la détresse des familles. « Nous avons peur du décrochage scolaire », se désole l’enseignante. Le corps enseignant ne dispose que de peu de temps pour organiser les cours en distanciel. « On s’y attendait plus ou moins mais on n’a pas eu de communication avant l’allocution du président », blâme l’enseignante val-d’oisienne. Philippe Renou, quant à lui, ne se dit « pas dupe ». Il estime « qu’il n’y aura quasiment aucun cours en distanciel la semaine prochaine », faute d’anticipation.

 

Vincent Sermet, enseignant à l’école Anatole France (Argenteuil) et responsable syndical de SNUDI FO 95, partage l’avis de sa collègue. « L’anticipation, comme d’habitude, est toute relative », raille l’instituteur. Pour lui, « cette fermeture représente un échec du gouvernement ». Depuis un mois, les écoles, collèges et lycées ont subi de nombreuses fermetures de classes et d’absences répétées des enseignants et du personnel scolaire. En date du 25 mars, 120 classes étaient fermées dans le Val-d’Oise.

 

L’instituteur d’Argenteuil déplore ainsi le manque de moyens déployés par l’État. « Il n’y a pas eu beaucoup d’écoles qui ont eu accès aux tests salivaires. » Une remarque qui pose la question de la réouverture le 26 avril prochain. Pour les enseignants et parents d’élèves, elle ne peut se faire sans une amélioration des conditions de travail et d’étude. « Il faut des conditions matérielles optimales et du personnel. Des classes moins surchargées, des cantines aménagées, etc. », conclut Delphine Joseph.