Le Covid-19 touche toutes les strates de la société, y compris les entreprises qui ont vu leur activité chamboulée par le confinement. En attendant des jours meilleurs, plusieurs dirigeants du Val-d’Oise ont choisi de lutter contre l’épidémie à leur niveau.

Pour Frédéric Anfray, dirigeant du groupe AGP spécialisé dans la protection incendie, « plus vite on sécurisera les lieux publics, plus vite on pourra reprendre une activité normale ». L’homme de 57 ans à la tête des quatre entreprises basées à Osny et Saint-Ouen l’Aumône qui composent l’entité, s’est donc associé au groupe SGIV ce lundi. Le but : fabriquer et poser des vitres de protection en plexiglas au sein des petits commerces. 

 

« L’idée est venue d’Amaury Simon [dirigeant de SGIV, ndlr], qui en fabriquait déjà quelques unes pour les pharmacies mais qui n’était pas équipé pour les poser, se souvient-il. De notre côté, nous sommes spécialisés dans la pose d’alarmes incendies, donc on a proposé de prendre en charge cette partie ». Le devis varie selon la surface commandée mais « tourne souvent autour de quelques centaines d’euros », selon le dirigeant. 

 

D’après lui, cette activité sert deux objectifs : « D’une part, on occupe un peu nos équipes au chômage partiel à cause de la fermeture des chantiers et d’autre part, on répond à un vrai besoin de nos clients ». La cloison de protection permettrait « aux personnes travaillant derrière une borne d’accueil ou une zone d’encaissement, d’exercer leurs activités professionnelles dans des conditions optimales », d’après le quinquagénaire persuadé qu’il faut « repenser les agencements des boutiques pour sécuriser tout le monde ». 

 

Des sièges d’avion aux surblouses

Les couturières de l’entreprise MB&A confectionnent des surblouses à destination des soignants. 

Du côté de Sarcelles, la société MB&A, spécialisée dans la confection de sièges d’avion, a vu la plupart de ses contrats tomber à l’eau avec l’arrêt du trafic aérien. Sa dirigeante, Nadège Cassé, a préféré réorienter le travail de ses cinq couturières pour aider les soignants. « Le CJD 95 [une association d’entrepreneurs, ndlr]m’a appelé jeudi dernier pour me proposer de participer à la fabrication de blouses pour les soignants. Sachant qu’on avait les matières premières, les outils et le personnel à disposition, j’ai tout naturellement accepté », se souvient-elle. 

 

Une semaine plus tard, 350 blouses ont été envoyées à l’hôpital de Gonesse. Un modèle « insoutenable », d’après elle. « J’ai été vraiment surprise de l’ampleur des besoins. On nous a indiqué que près de 50 000 blouses étaient nécessaires, c’est juste impossible pour moi… J’ai des charges et du personnel à payer », déplore la cheffe d’entreprise. Aujourd’hui, Nadège Cassé a choisi d’arrêter la confection. « À mon grand regret et celui de mes salariées aussi qui étaient ravies de pouvoir aider », confie-t-elle. Mais la situation est susceptible d’évoluer, alors que la mairie de Sarcelles s’est dit prête à lui offrir les matières premières nécessaires ainsi qu’une rémunération. 

 

« Les entreprises ont besoin d’argent », selon Michel Jonqueres, président du Mevo/Medef 95

Au Mevo/Medef 95, son président Michel Jonqueres compte plusieurs dizaines d’entreprises aidant à lutter contre l’épidémie. On peut notamment citer les laboratoires Clarins de Pontoise, dans le secteur du cosmétique, qui fabriquent du gel hydroalcoolique, la société Tech’Air à Villiers-le-Bel dont les 140 salariés handicapés produisent des composants essentiels à la fabrication de respirateurs artificiels, ou encore la société Vygon, basée à Ecouen, qui produit du matériel médical à usage unique. « Nous avons même fourni un entrepôt de 1000m2 à une entreprise du coin fabriquant des générateurs d’oxygène pour les hôpitaux », complète l’ancien ingénieur à la retraite. 

 

Mais pour fonctionner, « les entreprises ont besoin d’argent, rappelle-t-il, donc on les met en contact avec les banques ». Lorsque celles-ci sont trop « frileuses », le syndicat patronal n’hésite pas à recourir à la Banque de France qui pourra demander aux établissements de réexaminer le dossier. « Nous, les entrepreneurs, sommes tous sur le pont pour aider », conclut Michel Jonqueres.