Les plaques commémoratives, inaugurées symboliquement ce lundi, par le maire (PCF) Dominique Lesparre ont été profanées avant d’être retirées le lendemain, sur demande du préfet du Val-d’Oise. L’inauguration de cette allée a provoqué la colère de certains élus et instances juives.

Aussitôt apposées, aussitôt retirées. Au lendemain de l’inauguration symbolique à Bezons de l’« Allée de la Nakba » (qui signifie « catastrophe » en arabe), le maire Dominique Lesparre a été contraint par la préfecture du Val-d’Oise, de retirer les plaques écrites en français et en arabe. Baptisant une rue adjacente à l’hôtel de ville, celles-ci commémoraient « l’expulsion des 800 000 palestiniens et la destruction des 532 villages en 1948 par le criminel de guerre David Ben Gourion pour la création de l’Etat d’Israël ».

 

Le maire (PCF) de Bezons, Dominique Lesparre, au centre. Crédits photo : montage sur Twitter

Le maire (PCF) de Bezons, Dominique Lesparre, au centre. Crédits photo : montage sur Twitter

Dans un courrier adressé à Dominique Lesparre et relayé par le Crif, le préfet du Val-d’Oise, Jean-Yves Latournerie explique que l’apposition de ces plaques et le commentaire qu’elles comportent « constituent une prise de position rompant ainsi avec le principe de neutralité républicaine dans le domaine international, domaine réservé à l’Etat en vertu des articles 52 et suivants de la Constitution ». Il évoque également que la commémoration de la Nakba, relatif à l’exode palestinien de 1948, est une « action étrangère à tout intérêt communal » et qu’elle « provoque des controverses et des polémiques locales susceptibles d’évoluer rapidement vers des troubles graves à l’ordre public ».

 

Les services municipaux sont intervenus dans la journée de mardi, pour retirer les deux plaques, souillées par des tagues de couleur noire.

 

Réactions en nombre

De leur côté, les sénateurs (LR) du Val-d’Oise, Jacqueline Eustache-Brino et Arnaud Bazin, ont condamné la « provocation communautariste » de l’édile. Par voie de communiqué, les sénateurs soulignent que l’installation de ces deux panneaux constitue « une grave calomnie à l’endroit de l’ancien dirigeant d’un Etat démocratique » et représente « une provocation inqualifiable ne visant qu’à flatter la clientèle électorale du maire de Bezons ».

 

La nouvelle a fait réagir au delà des frontières du Val-d’Oise. L’ambassadrice d’Israël en France, Aliza Bin-Noun, estime dans un tweet que le soutien de la ville et du maire de Bezons « au terrorisme palestinien » est « honteux et inacceptable ». Pour Francis Kalifat, Président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Dominique Lesparre a « dépassé les bornes », jugeant que les déclarations sont « fausses, choquantes, irresponsables et dangereuses » et qu’elles « encouragent les violences antisémites qui sévissent actuellement en les justifiant historiquement ».

 

Le maire, fervent défenseur de la cause palestinienne

L’apposition de ces plaques à Bezons intervient dans un contexte de fortes tensions à la frontière entre Israël et la bande de Gaza. Alors que les Israéliens célébraient en mai les 70 ans de la création de leur Etat, les Palestiniens ont, quant à eux, entrepris depuis mars, une marche pour revendiquer leur droit au retour. Près de 129 Gazaouis auraient perdu la vie sous les tirs de l’armée israélienne.

 

Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées autour du maire, lundi 11 juin, à l’occasion du dévoilement de ces plaques commémoratives. Ces dernières devaient être temporaires compte-tenu qu’elles ne résultaient pas d’une délibération du conseil municipal. Le président de l’association West-Bani-Zaïd, du nom de la ville de Cisjordanie jumelée avec Bezons, serait à l’origine de la proposition.

 

Fervent défenseur de la cause palestinienne, Dominique Lesparre a fait voter, en février, une délibération au conseil municipal en faveur de la reconnaissance de l’Etat de la Palestine. Une décision qui avait poussé la sous-préfecture d’Argenteuil à lui envoyer un recours gracieux lui demandant de retirer cette délibération sous peine d’être assigné devant le tribunal administratif. Dans ce cas encore, la ville n’était pas jugée compétente.

 

Contactée, la mairie de Bezons n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations.