Le collectif d’usagers Alerte Générale sur l’Eau (AGLEAU) a remis, ce mardi 5 juin, une pétition au président de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise (CACP), Dominique Lefebvre. Ils réclament aux élus d’être uniquement approvisionnés en eau depuis l’usine de Méry-sur-Oise, comme auparavant.

Leur eau est trop calcaire. Par le biais d’une pétition qui comptabilise près de 1200 signatures, les consommateurs d’eau réunis au sein du collectif AGLEAU exigent des élus qu’ils reviennent à l’ancien système d’approvisionnement en eau à partir de l’usine de Méry-sur-Oise. Depuis 2011, une grande partie de l’eau de l’agglomération provient de l’unité de production de Saint-Martin-la-Garenne (Yvelines). Problème, elle est davantage chargée en calcium et en magnésium, pouvant occasionner l’entartrage des équipements des ménages.

 

Impossible répond la CACP. « Aucune décision ne sera prise avant 2026 », assure Dominique Lefebvre qui rappelle que l’agglomération a signé, en 2008, un contrat de délégation de service public confiant au délégataire CYO, la gestion du service public de l’eau potable du territoire. « Si on rompt le contrat, CYO demandera à être indemnisé. Une résiliation anticipée du contrat impliquerait de forte hausse du prix de l’eau, à hauteur de 20 à 30%, ce qui est inimaginable pour les Cergypontains. L’égalité de l’accès à l’eau est une priorité », insiste le président de la CACP.

 

Une eau « très dure » à Cergy-Pontoise

Zone de distribution et dureté de l'eau de la Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise. Crédits photo : CYOdirect.fr

Zone de distribution et dureté de l’eau de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise. Crédits photo : CYOdirect.fr

Depuis 2011, le CACP a mis en place un nouveau fonctionnement du réseau d’eau potable. Celui-ci fait suite à la construction, en 2006, de nouvelles canalisations qui permettent, d’une part, de sécuriser l’approvisionnement en eau de l’agglomération et, d’une autre, d’interconnecter l’ensemble des ressources en eau du territoire. Cette nouvelle organisation a ainsi augmenté l’approvisionnement en provenance de l’unité de production de Saint-Martin-la-Garenne et a diminué les achats d’eau depuis l’usine de Méry-sur-Oise, plus coûteux.

 

Si le prix de l’eau de Saint-Martin-la-Garenne est moins élevé (0,5776€/m2 en 2016) que l’eau de Méry-sur-Oise (0,7595€/m2 en 2016), l’association AGLEAU soulève néanmoins le problème de la dureté de l’eau. Celle-ci contient des teneurs fortes en calcium et en magnésium. S’appuyant sur l’étude du délégataire CYO en 2012, le collectif indique que l’eau distribuée aux usagers de l’agglomération de Cergy-Pontoise est « dure » voire « très dure ». Ainsi, seuls deux quartiers de l’agglomération disposent d’eau « douce », soit en dessous de 20°F (degrés français) : Jouy-le-Moutier Ecancourt (12°F) et Saint-Ouen l’Aumône Epluches (17°F). L’eau distribuée dans les quartiers de Cergy Vauréal Villages et CACP Centre, est quant à elle « très dure » avec respectivement 40°F et 42°F. Pour rappel, le degré français correspond à 4 milligrammes de calcium par litre ou 2,4 milligrammes de magnésium par litre.

 

Les riverains pointent du doigt l’entartrage des équipements ménagers occasionné par la dureté de l’eau, impliquant une consommation supplémentaire de produits d’entretien. « Certes, le prix de l’eau en provenance de Saint-Martin-la-Garenne est moins élevé, mais le coût final pour l’usager n’est pas diminué, au contraire, car il doit supporter les inconvénients d’une eau très dure », déplore AGLEAU. Elle estime ainsi que les coûts finaux sont d’environ 150 à 200€ par an, pour une famille de quatre personnes, sans traitement individuel et à 250€ si l’usager adopte pour une solution individuelle de traitement.

 

Solutions techniques onéreuses

La CACP qui reconnaît que la dureté de l’eau « n’est pas sans exercer quelques désagréments sur les équipement collectifs et domestiques », a confié, en 2013, à la société SAFEGE une nouvelle étude. Les objectifs étaient de donner un avis sur une précédente l’étude menée par CYO, de comparer les différentes solutions techniques applicables, y compris individuelles, et de faire éventuellement des propositions alternatives à celles proposées par CYO.

 

Dans son rapport annuel de 2014 sur l’eau et l’assainissement, la CACP explique ainsi que les solutions techniques pour traiter la dureté de l’eau (décarbonatation chimique à la soude, forte augmentation du taux de sodium…) pourraient avoir des conséquences sur la santé des usagers et sur l’environnement. L’agglomération indique également que ces solutions seraient accompagnées d’une hausse de prix permettant de « couvrir les coûts d’investissement et de fonctionnement de ces nouvelles installations ».

 

Reste à savoir si, aujourd’hui, les consommateurs accepteraient de payer une eau plus chère mais ayant moins de répercussions sur leurs équipements ménagers.