D’après un sondage IPSOS/France Bleu réalisé auprès de 1014 personnes, près de la moitié des Français ont le sentiment que les conditions de vie dans les quartiers sensibles se sont dégradées. Un sentiment pas forcément partagé par les habitants de ces quartiers : ils ne sont que 32% à estimer que les conditions de vie se sont détériorées. Une différence qui ne leur enlève pas leur envie de déménager pour 76% d’entre eux.

 Les Français vivant dans les quartiers sensibles ont vu leurs conditions de vie (logement, sécurité, emploi) se dégrader depuis les émeutes de 2005. C’est en tout cas l’avis de 43% des habitants sondés par IPSOS. 16% d’entre eux estiment même que les choses se sont beaucoup dégradées quand 11% estiment au contraire que la situation s’est améliorée. Pour 42% des habitants, la situation n’aurait pas trop changé.

Chez les habitants des quartiers sensibles

L’étude a montré que les principaux intéressés, à savoir les habitants vivant dans des quartiers sensibles, ne portaient pas un jugement aussi pessimiste que leurs compatriotes de leur situation. Ainsi, seuls 32% considèrent que la situation s’est dégradée. De même, 18% (contre 11% des Français) perçoivent même une amélioration. En revanche, la population nationale comme celle des quartiers sensibles est du même avis lorsqu’elle estime que la situation n’a pas changé (43%). Malgré tout, France Bleu rapporte que les trois quarts des habitants des quartiers sensibles disent avoir envie de déménager (76%). 58% d’entre eux disent même y songer souvent. Près de la moitié se sentent rejetés en raison de leur lieu de résidence. Principale cause de mal-être, l’insécurité selon 54% des sondés qui  reconnaissent « ne pas se sentir en sécurité dans leur quartier ». Ce serait même « souvent  le cas » pour 29% d’entre eux. 45% se sentent également mis à l’écart ou rejeté en raison de leur quartier de résidence.

Au cœur des quartiers sensibles

La situation au cœur des quartiers sensibles renforce le pessimisme des sondés. Ainsi, le mal-être s’atténue avec l’éloignement. Si le sentiment d’insécurité reste assez fort parmi les personnes vivant à proximité immédiate d’un quartier sensible (47%), à peine 24% disent se sentir mises à l’écart. De même, 46% d’entre elles disent avoir envie de déménager, un chiffre qui reste élevé mais sensiblement moindre que celui relevé au sein même des quartiers sensibles d’après France Bleu.

Les vecteurs d’amélioration de la situation

 D’après les personnes sondées, l’emploi, l’éducation et la présence policière sont les trois domaines qui pourraient améliorer la situation des quartiers sensibles. Les Français établissent même au rang de priorité des mesures en faveur de l’installation d’entreprises embauchant dans ces quartiers (44%) et l’amélioration du système éducatif (36%). IPSOS relate ensuite des demandes en faveur d’un renforcement de la présence policière (27%), de l’accroissement des moyens financiers alloués aux éducateurs et aux associations (24%), du renforcement de la présence des Services Publics et des équipements collectifs sportifs et culturels (22%), du développement de la mixité sociale (15%), de la rénovation et l’embellissement des logements (12%) et du renforcement de la présence des commerces de proximité (9%). A noter que les réponses varient beaucoup en fonction de la sensibilité politique des sondés. Par exemple, le renforcement de la présence policière est une solution davantage prônée par les sympathisants de droite (33%) que de gauche (17%). Le la même manière, « le développement de la mixité sociale (cité par 21% des sympathisants de gauche contre 11% des sympathisants de droite) ou l’augmentation des moyens financiers des associations (28% contre 19%) comptent davantage d’adeptes à gauche qu’à droite » explique France bleu. Une fois encore, les habitants des quartiers sensibles se démarquent. Ils sont plus demandeur en termes d’installation d’entreprises (46%) ou de renforcement de la présence policière (38% contre 27%). En revanche, ils voient moins l’amélioration du système éducatif comme une solution (31% contre 36%)

Un pessimisme politique

Un Français sur quatre (23%) et un tiers des habitants des quartiers sensibles (35%) renvoient toutes les formations politiques dos à dos et ne se prononcent en faveur d’aucune d’elles lorsqu’on leur demande laquelle serait la plus apte à améliorer la situation. Les personnes qui se sont prononcés  considèrent que la Gauche (PC, PS, Verts) est la plus apte à améliorer la situation (36% des Français et 25% des habitants des quartiers sensibles).  L’UMP est désigné respectivement par 15% et 7% d’entre eux. Enfin, 21% des habitants des quartiers sensibles (et 13% des Français) jugent que le Front National est « le plus apte à apporter une réponse efficace aux problèmes rencontrés dans les quartiers sensibles ».