Le casier judiciaire d’Ali Soumaré est vierge. C’est le Canard Enchaîné qui l’affirme, fac-similé à l’appui. Le 19 février, les maires UMP de Franconville et Saint-leu-la-Forêt avaient accusé la tête de liste socialiste dans le Val d’Oise d’être un "délinquant multirécidiviste chevronné". Ils avaient avancé des condamnations. Le casier, publié par l’hebdomadaire, n’en révèle aucune.
Dans un communiqué, les avocats du maire de Franconville réagissent : "La mention « néant » ne signifie donc en rien, ni l’inexistence des faits publiés, ni l’absence des décisions de justice intervenues".
Mais aujourd’hui, c’est la question sur l’origine des informations concernant le candidat socialiste qui est posée. Elle est soulevée aussi bien par la CNIL que dans une enquête interne de la police. Les conclusions de cette dernière sont attendues d’autant que Le Monde a révélé que "une quarantine de policiers" auraient consulté la fiche Stic d’Ali Soumaré.
L’affaire Soumaré prend désormais aussi la tournure d’un réglement de compte à droite dans la perspective des cantonales de mars 2011.
Le groupe UVO (UMP et non inscrit) au Conseil général du Val-d’Oise a demandé à l’UMP-95 que le maire de Franconville soit relevé de ses fonctions de chef de file de la reconquête du département du Val d’Oise.

 "Néant". Voilà ce qui est inscrit sur le bulletin n°2 du casier judiciaire d’Ali Soumaré, tête de liste (PS) du Val-d’Oise pour les Régionales. Un fac-similé que le Canard Enchaîné publie ce mercredi. Ce volet du casier judiciaire est généralement réservé aux autorités administratives.

Les maires UMP de Franconville et de Saint-Leu-la-Forêt avaient accusé Ali Soumaré d’être un délinquant “multirécidiviste chevronné” et avaient affirmé disposer d’éléments probants concernant des condamnations passées du candidat.

La procureure de Pontoise avait rapidement souligné que deux des cinq condamnations imputées au candidat socialiste étaient fausses.

Le socialiste a reconnu, pour sa part, une condamnation en 1999. Il avait 19 ans. Cette peine ayant fait l’objet d’une réhabilitation, elle n’est plus mentionnée sur son casier. Pour le reste, une procédure est en cours. L’avocat d’Ali Soumaré a fait appel.

Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, avait suggéré qu’avant chaque élection les candidats rendent dorénavant public leur casier judiciaire. Celui d’Ali Soumaré est donc vierge.

Le casier judiciaire d’Ali Soumaré revient comme un boomerang contre les élus UMP du Val-d’Oise qui avaient stigmatisé le socialiste. L’avocat d’Ali Soumaré a annoncé avoir porté plainte pour diffamation, la Cnil a réclamé des explications sur l’origine des informations concernant le candidat socialiste. Et la direction générale de la police nationale a ouvert la semaine dernière «une enquête interne» dont les conclusions sont attendues depuis que le Monde a révélé que"une quarantaine de policiers" auraient consulté la fiche Stic d’Ali Soumaré. .

Dans la journée de mercredi Francis Delattre, qui ne souhaite plus s’exprimer par voie de presse, a diffusé deux communiqués. Le premier où il indique avoir reçu une "assignation civile (qui) n’a rien à voir avec une procédure pénale pour diffamation". Dans le second communiqué, ses avocats affirment que "Monsieur Soumaré s’est gardé d’engager une procédure en diffamation pour la simple raison qu’il aurait fallu qu’il démontre que les faits publiés étaient inexacts". En fin d’après-midi l’avocat d’Ali Soumaré a déclaré avoir porté bien plainte avec constitution de partie civile pour diffamation, le 4 mars à Paris. L’avocat du candidat socialiste, Me Jean-Pierre Mignard, a précisé à l’AFP que "cette plainte a été déposée contre X mais qu’elle (s’appuyait) notamment sur le communiqué de Francis Delattre et Sébastien Meurant (maires UMP de Franconville et Saint-Leu-La-Forêt, ndlr)" Ali Soumaré a également assigné au civil à Paris MM. Delattre, Meurant, ainsi qu’Axel Poniatowski.

De leurs côtés, les avocats du maire de Franconville ont réagi à la publication du bulletin n° 2 du casier judiciaire d’Ali Soumaré sur lequel figure la mention « néant ». Ils affirment que "la mention « néant » ne signifie donc en rien, ni l’inexistence des faits publiés, ni l’absence des décisions de justice intervenues"..

 Les communiqués de Francis Delattre et de ses avocats arrivent à un moment où politiquement l’affaire prend la tournure d’un réglement de compte politique à droite. Dans le département, des voix s’élèvent pour montrer du doigt la méthode Delattre et s’inquièter de voir s’installer l’image d’une droite dure. Le groupe UVO (UMP et non inscrit) au Conseil général du Val-d’Oise a demandé à l’UMP-95 que le maire de Franconville soit relevé de ses fonctions de chef de file de la reconquête du Val d’Oise, dans la perspective des cantonales de mars 2011.

« Si on considère les résultats de cette prise de position, ça ressemble fortement à un accident industriel ou à une faute lourde. L’image de la droite départementale, régionale et nationale est brouillée, déclarait récemment Arnaud Bazin, président du groupe UVO. Une des conséquences évidemment c’est que cette affaire sera reprochée en permanence dans le débat départemental par la gauche à Francis Delattre ».

Un autre conseiller général, le responsable de Debout La République dans le Val-d’Oise, juge Francis Delattre hors jeu. « Il est impossible qu’il représente la droite départementale. Si l’on veut avoir une droite qui séduise nos citoyens, il faudra montrer une droite multiple qui parle des projets avant de s’attaquer aux hommes », a déclaré Jean-Pierre Enjalbert. Et l’élu de rappeler que cette droite, qui avait perdu le département en mars 2008 après 40 ans de règne, avait été qualifiée d’ « amicale bouliste » par le maire de Franconville. « Il s’est disqualifié ce jour là, on ne tire pas contre son camp, a réagi François Scellier l’ancien président UMP du Conseil général du Val-d’Oise. Si on l’avait bloqué à ce moment là, on n’aurait pas eu cette connerie au moment des Régionales avec ces répercussions sur l’image d’une droite départementale qui n’est pas sectaire mais ouverte ».

Avec la dernière révélation du Canard Enchaîné, l’affaire Soumaré n’a pas fini de provoquer des remous à droite dans le Val-d’Oise… à un an du scrutin des cantonales pour lequel l’UMP et l’UVO nourrissent des ambitions.