Thibault Baka, 26 ans, vient de créer la SARL « Tout travail mérite salaire » (TMS Consulting) à Villiers-le-Bel. Il est le premier à se prendre par la main pour insérer socialement les « jeunes des cités ».

 « Jeune des cités », Thibault Baka pourrait mieux que beaucoup en revendiquer l’appellation. Il avait quatre ans lorsque son père, technicien d’ascenseurs, a quitté la Côte-d’Ivoire pour poursuivre son métier à Villiers-le-Bel avec ses seize enfants issus de deux mariages. « On a habité à peu près tous les quartiers, depuis la ZAC des Carreaux », raconte ce jeune homme pressé. Pas de quoi céder à la désespérance. « J’ai toujours voulu être chef d’entreprise. J’ai lancé en 2001 l’association « L’Union fait la force » pour aider les jeunes que je connaissais à s’insérer. Ca m’a pris tellement de temps que je n’ai pas poursuivi d’études après mon bac. Au bout de quatre ans, je me suis dit « Je suis encore chez mes parents, on ne va pas continuer comme ça, il faut moi aussi que je rentre dans la vie active. »

Thibault Baka a la niaque, et trouve vite un job bien payé de responsable clientèle dans une société de téléphonie des Hauts-de-Seine. « Ca ne me satisfaisait pas. Je veux aider les autres jeunes de Villiers-le-Bel à trouver du boulot, à occuper leurs loisirs. Je vais bientôt démissionner ».

La Caisse d’Epargne d’Arnouville-les-Gonesse le suit, lui prêtant 7500 euros pour lancer en septembre 2008 sa SARL TMS Consulting
. Il a des projets à foison : un multiplexe avec bowling à la place de l’ancien garage Pétillon, incendié lors des émeutes de 2007, une zone de logistique frigorifique… Un premier contrat de consultant va lui permettre de louer enfin un local à Garges-les-Gonesse, à l’hôtel Europe Val-de-France.

Intervenant dans le prochain film documentaire de Luc Besson sur les violences de 2007, « Souriez, vous êtes Villiers » (qui sortira en mars 2009), il a étoffé son carnet d’adresses et récuse le mot « émeutes » : « Il vaudrait mieux parler de coup de colère, car ça n’a vraiment duré que deux jours, contrairement à ce qui se passe en Grèce. On ne comprend pas que ces jeunes veulent seulement un travail, des loisirs, de l’espoir. Le gouvernement a beaucoup plus d’argent pour les banques en difficulté. Les jeunes, nous, on va vraiment les aider ! »