Les Franciliens sont les plus raisonnables de l’hexagone dans leur rapport à la boisson. Selon un rapport de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) et de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), l’Île-de-France présente un profil de consommation d’alcool inférieur à celui du reste de la France, que ce soit à l’adolescence ou à l’âge adulte. Elle occupe régulièrement la dernière place au classement des régions par niveau d’usage, en particulier à l’adolescence, selon les chiffres de 2005.

 

 L’Ile-de-France apparaît singulièrement différente des autres régions par sa sous-consommation de boissons alcoolisées. Cette caractéristique peut s’expliquer en partie par le profil sociodémographique ou économique de la population, et notamment par une proportion d’actifs occupés nettement supérieure à toutes les autres régions françaises. Les Franciliens présentent aussi la caractéristique de boire moins de bières et d’alcools forts que les autres. La consommation de vin en revanche est égale à la moyenne nationale. Si l’Île-de-France partage avec l’ensemble des régions du Nord des niveaux d’usage et d’ivresse bas, elle s’en distingue tout de même par des niveaux encore inférieurs, en particulier à l’adolescence.

Dernière région pour la consommation chez les jeunes


Pour les jeunes, l’INPES et l’OFDT avancent également des raisons sociodémographiques. Les adolescents de la région sont fortement scolarisés dans les filières générales,  peu sont en apprentissage. Ils vivent par ailleurs nettement moins souvent hors de leur foyer parental que les jeunes du reste du pays, et se distinguent par une fréquentation relativement faible des bars et des discothèques.

Les usages d’alcool s’avèrent donc moins fréquents en Île-de-France qu’ailleurs à l’adolescence, qu’il s’agisse de l’expérimentation ou des consommations plus fréquentes comme l’usage régulier ou quotidien. Par rapport aux données de  2002/2003, l’expérimentation et l’usage régulier sont en baisse en 2005, alors que la consommation quotidienne est restée stable. Des tendances similaires à celles mesurées sur l’ensemble de la métropole. Ce qui inquiète particulièrement les spécialistes actuellement, ce sont les nouvelles manières de consommer l’alcool : les ivresses rapides. Et bien là aussi elles sont nettement moins répandues en Ile-de-France.

Face à ces chiffres, on pourrait penser que cette moindre consommation d’alcool est compensée par celle d’autres drogues comme le cannabis. Pourtant si l’Ile-de-France est bien la région où l’on fume le plus de haschich, l’écart avec la province ne cesse de se réduire depuis 1997. En 2005, 41,6% des garçons franciliens avouaient avoir déjà expérimenté le joint contre 40,5% en province. Pour les filles du même âge, elles sont 26,4% de Franciliennes contre 32,8% en province. 

Moins de décès liés à la consommation d’alcool

 
S’agissant des conséquences sanitaires et sociales liées à l’alcool, la région Île-de-France apparaît particulièrement peu touchée : les décès par alcoolisme et cirrhose du foie (0,31 habitant de 40 à 64 ans pour 1 000, contre 0,39 sur l’ensemble du territoire) placent la région au 14 rang et le taux de consultation en centre spécialisé en alcoologie (2,0 habitants de 20 à 70 ans pour 1 000, contre 2,8 au national) au 18e. La part des accidents corporels impliquant l’alcool sur l’ensemble des accidents corporels situe l’Île-de-France en dernière place (6,5 % versus 9,7 %) et les interpellations pour ivresse sur la voie publique au 17e rang (1,3 habitant de 20 à 70 ans pour 1 000, contre 1,7 au  national).

Adrien Hilpert