Alors qu’une grande manifestation est prévue le 6 mars sous les fenêtres de la Haute Autorité de Santé (HAS) pour contester le recours aux techniques fondées sur la psychanalyse dans la prise en charge des personnes autistes, Thierry Sibieude, vice-président du Conseil général en charge des questions du Handicap, s’inquiète. Pour lui, cet appel à la manifestation est « révélateur du grand délabrement de la gestion de l’accompagnement des personnes avec autisme dans notre pays ».

« Former les médecins, limiter la souffrance des enfants et des parents, vaincre la bêtise » pour combattre l’autisme. C’est le credo de Thierry Sibieude, en charge de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

« Dans le seul Val d’Oise, 252 enfants sont à ce jour sans solution, livrés à eux-mêmes, et leurs familles abandonnées. 80% d’entre eux sont avec autisme et/ou souffrent de troubles envahissants du développement (TED) », explique le conseiller général de Cergy en charge du handicap. « Toujours pour le seul Val d’Oise, nous devons envoyer 170 adultes avec autisme en Belgique du fait du manque de places adaptées, conséquence de moyens financiers insuffisants » ajoute l’élu.

« Une honte politique »

Autant que le manque criant de possibilités dans l’Hexagone pour les autistes, ce que fustige Thierry Sibieude, c’est la polémique actuelle « complaisamment alimentée par quelques politiques en mal de médiatisation ou voulant masquer leur incurie ». Une « honte politique » pour l’élu qui refuse de réduire « les immenses difficultés liées à l’accompagnement des personnes autistes en France au simple problème d’une querelle d’experts ressassée depuis 30 ans ».

L’élu se dit persuadé que « les manifestations de rue sont la plus mauvaise des solutions » et déclare qu’ « appeler à une manifestation pour trancher ce débat est réducteur à un point qui est inacceptable ». « C’est ignorer 3 ans de travail de la HAS représentant des dizaines de réunions et d’auditions et des centaines de contributions » ajoute-t-il.

« L’école n’est pas adaptée »

Thierry Sibieude prône un dialogue apaisé pour trouver une solution adaptée aux besoins des autistes. Il considère ainsi que l’approche uniquement  psychiatrique ou psychanalytique n’est pas une solution, mais son refus total également. « Il est ridicule et infondé d’affirmer que ce seul traitement suffit, mais il est stupide de vouloir se passer de la compétence des psychiatres ou des psychanalystes. Sauf que le choix n’existe pas pour les personnes avec autisme, faute de place et parce que l’école n’est pas adaptée » explique-t-il

Le conseiller général milite en faveur d’établissements spécialisés et pluridisciplinaires. « Toute prise en charge d’une personne autiste passe nécessairement par une approche pluridisciplinaire. Dans tout établissement accueillant des personnes avec autisme cette pluridisciplinarité doit être garantie et assurée, soit en interne, avec la présence de compétences précises, soit en externe, dans le cadre d’un travail en réseau », déclareThierry Sibieude qui propose que «  le décret du 20 mars 2009 soit appliqué et que sa non application entraîne des sanctions financières immédiates vis-à-vis des établissements contrevenants ».

« Les ministres et parlementaires ont donc déjà tous les moyens à leur disposition. Il leur faut juste le courage politique. Pas besoin de nouvelle loi » , en conclut Thierry Sibieude.

Pour Thierry Sibieude, les vrais problèmes restent :
  
"1. celui du choix et de la liberté qui n’existent pas aujourd’hui du fait des places en nombre insuffisant, ce qui oblige parfois les parents à accepter parfois l’inacceptable,

2. les dysfonctionnements récurrents des Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) de France dont aucune ne fonctionne réellement convenablement aujourd’hui. Elles sont engorgées de demandes qui ne relèvent pas du handicap. Cet engorgement, dans des organisations essentiellement administratives et non tournées vers les bénéficiaires, ralentit gravement les actions et donc pénalise lourdement les familles.

3. l’absence d’un système de financement adapté et l’insuffisance chronique des moyens financiers

4. la double tutelle Etat / Conseil général sur la gestion des personnes handicapées. Dans tous les autres domaines (RSA, FSL, STIF) ce double pilotage ruineux et inefficace a été supprimé. Pas pour les personnes handicapées, pourquoi?"