Le Val-d’Oise affiche des statistiques parmi les plus élevées de la région Île-de-France en matière de mortalité périnatale et infantile. Un plan sur deux ans a été adopté par le conseil départemental pour tenter de remédier à cette situation.

Triste constat dressé par les élus du département. Dans le Val-d’Oise, sur 1000 naissances 4,6 nourrissons perdent la vie et 10,4 foetus sur 1000 y décèdent entre 22 semaines et 36 semaines d’aménorrhée. Des chiffres supérieurs à la moyenne régionale (3,8 et 9,6 pour 1000). Tout aussi préoccupant, la mortalité infantile val-d’oisienne a progressé de 20% depuis 10 ans, là où dans les autres départements franciliens elle stagne.

 

C’est pour tenter d’enrayer ce phénomène que le conseil départemental a adopté à l’unanimité un plan de lutte contre la mortalité infantile en décembre dernier. Doté d’une enveloppe de 4,35M€ pour les deux prochaines années, il doit financer plusieurs mesures allant dans un même sens : un meilleur suivi des femmes enceintes.

 

« C’est dans les cinq premiers mois qu’il faut agir »

La précarité, le manque de suivi ou encore la méconnaissance des dispositifs existants comme les consultations gratuites dans les centres de PMI (Protection maternelle et infantile), sont parmi les explications à cette situation. Or, « c’est dans les cinq premiers mois qu’il faut agir, on se rend compte que beaucoup de femmes ne consultent qu’au 6e mois, c’est compliqué puisqu’elles ne savent pas si elles ont une grossesse multiple, ne savent pas si l’enfant à une malformation et donc c’est trop tard pour certains actes de soin », alerte Véronique Pélissier, vice-présidente du conseil départemental déléguée à l’Enfance et à la Famille.

 

Pour mieux faire connaître ses 54 PMI aux femmes enceintes, le Val-d’Oise prévoit de se rapprocher de la Caisse d’allocations familiales pour pallier un problème : la non-transmission aux PMI de certaines déclarations de grossesse dont la CAF est destinataire. À cela va s’ajouter une campagne de communication auprès du grand public pour 50 000 euros en 2023.

 

Pour remédier aux situations de précarité, la prise en charge de certaines dépenses des femmes enceintes est aussi prévue. « 30% de ces femmes n’ont pas de mutuelle, 6% n’ont même pas de couverture sociale. Donc certains examens sont impossibles pour elles », explique Véronique Pélissier.

 

Dans ce sens, une enveloppe de 20 000 euros va être mobilisée pour la prise en charge des tests de dépistage du diabète gestationnel pour une quarantaine de femmes. Des consultations itinérantes par un diététicien-nutritionniste sur les centres de PMI vont également être mises en place pour suivre les femmes touchées par le diabète gestationnel.

 


 

Une PMI mobile mise en place en fin d’année

Sur le modèle d’une initiative prise par le conseil départemental des Yvelines, le Val-d’Oise va mettre en place des consultations itinérantes dans les quartiers, grâce à un bus. Deux types de publics pourraient en bénéficier. « Sur Argenteuil, ou encore Sarcelles, les femmes ne sortent pas de leur quartier. Et s’il y a une PMI dans un autre quartier, elles n’y vont pas, on se rend compte qu’il y a des PMI qui sont vides. Et nous avons aussi une difficulté avec des personnes dans les milieux ruraux », explique Véronique Pélissier, vice-présidente déléguée à l’Enfance et à la Famille.

 

Investissement de 340 000 euros, cet équipement de PMI mobile sera doté d’une équipe comparable à celle d’un cabinet médical avec médecin, sage-femme, puériculteur et de tables d’examens gynécologique, et pédiatrique. Le bus doit être acheté prochainement, aménagé, pour des premières consultations en fin d’année.

 

Intervention renforcée dans les écoles primaires

Dernier volet du plan adopté, le renforcement du suivi des enfants dans les premières années de vie. Le département se fixe ainsi pour objectif de généraliser les bilans de santé réalisés par les professionnels de PMI entre 3 et 4 ans dans les écoles maternelles, là où seuls 10% en ont bénéficié en 2020.

 

Dans cette logique, dix postes de puéricultrices vont être créés pour une enveloppe annuelle de 520 000 euros. Enfin un orthophoniste et un orthoptiste vont également s’ajouter aux effectifs de la collectivité, pour remédier à une problématique : 20% des enfants rencontrés en bilan de santé par la PMI présentent des faiblesses visuelles ou du langage. Un phénomène expliqué par le département par la faiblesse démographique médicale du territoire.