Ce samedi 25 septembre, Méry-sur-Oise a été le théâtre d’un affrontement entre les forces de l’ordre et un cortège de mariage, après que ce dernier ait bloqué la route et refusé de coopérer. Pour éviter ce genre de scénario, les communes d’Herblay-sur-Seine et d’Argenteuil ont déjà pris des dispositions avec l’instauration de chartes de mariages.

Les Mérysiens s’en souviendront. Samedi après-midi dernier, autour de 16h30, un cortège composé d’une quinzaine de voitures de luxe a bloqué le carrefour central de la ville, d’après l’édile (LR) Pierre-Édouard Éon, présent sur place. Les invités, « apparemment en provenance de Méru », précise-t-il, se sont rebellés contre la gendarmerie venue les déloger et rétablir la circulation. La situation s’est ensuite envenimée, devenant rapidement « incontrôlable », souligne le maire.
 


 
En plein centre de la commune de 10 000 âmes, une « quarantaine d’invités » de la cérémonie ont refusé de coopérer et ont « insulté et agressé » les forces de l’ordre. « Elles sont devenues des cibles et c’est parti en bagarre générale », fulmine-t-il. Des gendarmes mobiles ont été appelés en renfort pour « protéger les passants et se défendre à l’aide de gaz lacrymogènes », explique le Groupement de gendarmeries du Val-d’Oise (Groupement de Gendarmerie Départementale), face aux « jets de chaises utilisés comme projectiles ». Une heure et demie après le début des échauffourées, la foule s’est dispersée sans qu’aucune interpellation n’ait été faite. « Nous allons essayer de retrouver les personnes qui ont semé le trouble grâce aux images de vidéosurveillance transmises par la municipalité », formule la cellule de renseignement de la gendarmerie. Quatre gendarmes ont été blessés et des véhicules endommagés.
 

« Ce n’est jamais parti aussi loin », Pierre-Édouard Éon, maire de Méry-sur-Oise

« Ils ont agi avec un sentiment d’impunité totale », considère Pierre-Édouard Éon qui salue le « sang-froid » dont a fait preuve la police militaire. « Nous avons déjà eu affaire à ce type de cortège qui vient faire du chahut, mais ce n’est jamais parti aussi loin », ajoute-t-il. Insistant sur la tranquillité de Méry-sur-Oise, l’élu en parle comme d’un « épiphénomène ». Une position partagée par le Groupement de gendarmeries. « Il n’y a pas de recrudescence. Cela arrive de temps en temps, mais de manière ponctuelle », communique-t-il.
 
Au contraire, Philippe Tissier, directeur de l’Union des maires du Val-d’Oise qui « réitère son soutien au maire, aux élus et aux riverains », évoque « des débordements de plus en plus fréquents à l’occasion de mariages dans les communes ». « Là, ça commence à toucher les petites villes, mais c’était déjà régulier dans les grandes et moyennes villes, notamment autour de l’A15, vers le sud du Val-d’Oise ». C’est notamment le cas à Argenteuil et Herblay-sur-Seine qui se sont mobilisés contre ce type d’excès.
 

« Les élus ne se laisseront pas faire », Philippe Tissier, directeur de l’Union des maires du Val-d’Oise

Ces écarts sont devenus un « rite pour certain », déplore Georges Mothron, premier magistrat LR d’Argenteuil. Il y a trois semaines, lors du dernier conseil municipal, l’élu a fait voter une charte de mariage pour encadrer les cérémonies. « Elle existait depuis quelques années, mais c’est une manière de l’officialiser », détaille-t-il. Ce règlement doit être signé par les futurs mariés pour les responsabiliser vis-à-vis de leurs invités. Il stipule, entre autres, l’interdiction de pétards ou de manifestation sonore excessive, le strict respect du code de la route ou encore l’utilisation en continu du klaxon.
 
La mairie d’Herblay-sur-Seine a opté pour la même stratégie il y a déjà six ans. Une façon d’assurer la sécurité et la tranquillité des riverains face à un « phénomène qui se serait dégradé depuis une dizaine d’années », remarque l’édile républicain, Philippe Rouleau. Ce dernier n’apprécie pas non plus lorsque les invités arborent des drapeaux étrangers, soutenant que c’est un geste « totalement déplacé ». « L’Hôtel de Ville est la maison de la République française », surenchérit-il. Néanmoins, grâce à cette charte de mariage et à un « entretien de sensibilisation », l’Herblaysien soutient que l’initiative a permis un net ralentissement des débordements.
 
« Les élus ne se laisseront pas faire », martèle Philippe Tissier. Le 15 octobre prochain, « face à la montée des incivilités sur le département », l’Union des maires du Val-d’Oise organise une table ronde. L’occasion d’y évoquer le phénomène d’intempérance des cortèges de mariage.