Largement battue en 2015 avec seulement 5 cantons remportés sur 21, la gauche se présente plus unie que la dernière fois. Si les socialistes ont pu s’associer par endroits au PCF et aux écologistes, aucune alliance n’a été nouée avec la France insoumise.

« Notre objectif, c’est de changer une politique de droite menée depuis 50 ans », explique le sénateur PS, Rachid Temal. Pour ses deuxièmes élections départementales à la tête de la section départementale, le natif d’Eaubonne espère bien prendre sa revanche les 20 et 27 juin prochains. Cinq ans plus tôt, les socialistes essuyaient une défaite cinglante avec 16 cantons perdus sur 21 au total. « En 2015, la gauche divisée avait fait en sorte qu’il y ait beaucoup de duels entre la droite et l’extrême-droite au second tour », déplore le sénateur.

 

Pour reprendre les commandes du Val-d’Oise, tenues une seule fois à gauche entre 2008 et 2011, l’opposition socialiste a souhaité tirer les leçons du passé en tentant d’unir la gauche. Si la mayonnaise a pris dans certains cantons, à l’image d’Argenteuil-2 où Pascal Bertolini (EELV) accompagnera la sortante Nadia Métref (PS), et de l’Isle-Adam où Jean-Michel Apparicio (PS) sera accompagné d’une candidate Génération Écologie, ce n’est pas le cas partout. À Saint-Ouen-l’Aumône, Ayda Hadizadeh (PS) et Bruno Le Disez (PS) devront faire face à Jérôme Durieux (Génération.s) et Marie-Noelle Fratani (LFI), soutenus par EELV.

 

« S’associer au PS est une ligne rouge »

Pour les écologistes d’EELV, l’objectif est de décrocher un premier mandat départemental. Avec seulement deux investitures exclusivement étiquetées EELV sur les cantons de Garges-lès-Gonesse et de Goussainville, partout ailleurs, le parti éliminé dès le premier tour en 2015 fait le pari des alliances. Bien que les écologistes soient « historiquement plus proches du PS », selon le référent départemental, François Delcombre, leur association se limite à cinq cantons contre neuf aux côtés de Génération.s et de la France insoumise.

 

« On s’est beaucoup rapproché des insoumis et de Génération.s ces derniers temps avec le combat pour l’urbanisation du Triangle de Gonesse », explique François Delcombre. À titre d’exemple, Michèle Loup (EELV), compagne du fervent président du Collectif pour le triangle de Gonesse, Bernard Loup, sera suppléée par Fabien Guion (LFI) pour décrocher le canton de Domont.

 

« Un lien s’est vraiment créé avec les écologistes », plussoie Pamela Hocini, cheffe de file de la France insoumise dans le Val-d’Oise. Pour ses premières élections départementales, le mouvement lancé par Jean-Luc Mélenchon en 2016 est parvenu à rallier EELV, Génération.s et le PCF dans dix cantons. Leur mot d’ordre : « construire ensemble et trouver des terrains d’entente ». Tout le contraire du PS avec qui « les relations ont mal débuté », regrette l’insoumise Pamela Hocini. S’associer aux socialistes est même devenue « une ligne rouge à ne pas franchir », d’après celle qui se présente sur le canton d’Argenteuil-2 avec Maxime Druinaud (PCF).

 

Les communistes partagés entre le PS et LFI

Du côté des communistes, cinq accords ont été trouvés auprès du PS et autant avec les insoumis. « C’est très compliqué d’avoir une discussion sensée avec EELV », reproche Cécile Dumas, fraîchement arrivée à la tête de la fédération communiste du Val-d’Oise après le décès d’Alain Feuchot. Sa ligne de conduite est claire : « nous discutons uniquement avec des gens de gauche ».

 

Et visiblement, les candidatures de Nessrine Menhaouara (PS) et Nicolas Bougeard (PS) à Argenteuil-3 sont assez peu au goût des communistes. Marjorie Noël (PC), accompagnée de Schemsdine Harouche (LFI), tentera de prendre sa revanche sur les dernières élections municipales de Bezons. Elle sera notamment suppléée par l’ancien maire de Bezons à qui elle s’était opposée l’année dernière pour décrocher la ville. « On ne peut pas laisser le bassin Argenteuil-Bezons au PS, car ils ne sont pas vraiment de gauche », prévient Cécile Dumas.

 

Pour ce nouveau scrutin, l’opposition des socialistes et apparentés va devoir faire sans son chef de file au conseil départemental, Jean-Pierre Muller. Élu pour la première fois au département en 1998, le principal de collège retraité ne se représentera pas. « C’est une page qui se tourne et un changement de vie mûrement réfléchi depuis deux ans et demi », conclut l’ancien premier magistrat de Magny-en-Vexin.