Six mois après le départ d’Aurélien Taché de la République en marche, la député de la 5e circonscription du Val-d’Oise, Fiona Lazaar lui emboîte le pas. Celle-ci explique être en désaccord avec certaines orientations du parti présidentiel comme la loi sur la sécurité globale.

Fiona Lazaar, députée de la 5e circonscription lors d’un déplacement ministériel en septembre 2018.

Un nouveau départ chez En marche, le deuxième dans le Val-d’Oise. Après Aurélien Taché, et comme une quarantaine de parlementaires élus au palais Bourbon il y a un trois ans et demi, Fiona Lazaar a annoncé mercredi 16 décembre quitter le parti présidentiel. « Il y a eu plusieurs textes de loi, et des discours avec lesquels j’étais en désaccord », justifie celle qui a été élue pour la première fois en juin 2017 sur la circonscription d’Argenteuil-Bezons.

 

Cette décision, Fiona Lazaar explique l’avoir déjà envisagée au printemps dernier. « Plusieurs paramètres m’ont laissé penser que ce n’était pas le bon moment, on était en pleine crise sanitaire. Et j’avais encore espoir en un rééquilibrage dans la politique qui est menée ». Mais ce rééquilibrage vers la gauche n’a pas eu lieu selon elle.

 

Éloignement du projet de 2017

Si la député estime avec la majorité avoir « fais des belles choses », citant notamment le dédoublement de classes de CP et CE1 en REP, et REP+, elle ajoute qu’en « cette fin de mandat, avec la période que l’on vit, on est en train d’oublier ça » au profit d’« une course aux électeurs de la droite de la droite ».

 

Pour elle, un « tournant sécuritaire » a récemment été opéré. Dans son viseur notamment, la loi ‘sécurité globale’ sur laquelle elle s’est abstenue de voter, et la gestion des manifestations contre ce projet de loi. « Il y a plusieurs articles de ce texte avec lesquels je ne suis pas en phase même si je partage les grands objectifs. Il y a besoin de sécurité, je suis aussi d’accord sur le fait qu’il faut protéger les policiers, c’est un discours que je tiens et que j’assume. Par contre, je pense que ça doit être fait dans le respect de l’État de droit ».

 

« Des journalistes ont été frappés ou mis en garde à vue [lors des manifestations, ndlr]. Il y a eu un certain nombre de gardes à vue qui en grande majorité se sont soldées sans même un rappel à la loi. Est-ce la façon de faire respecter l’ordre dans ce contexte particulier ? Est-ce la bonne méthode, je n’en suis pas sûre », s’interroge Fiona Lazaar.

 

Enfin, s’ajoute la déception de ne pas avoir été retenue dans la commission spéciale sur le séparatisme. « C’est un sujet sur lequel je travaille depuis trois ans, j’étais membre du groupe de travail sur l’islam de France, j’étais membre du groupe de travail sur la laïcité, je suis très engagée sur les questions de politique de la ville. Et puis sur ma circonscription, il y a eu un grand plan de lutte contre la radicalisation, donc je pensais être très légitime pour intégrer cette commission ». « J’ai été déçue de cette décision qui a fini de me convaincre », explique Fiona Lazaar.

 

« Pour l’instant je siégerai en tant que non inscrite »

Avec ce départ, le parti présidentiel perd un second parlementaire dans le Val-d’Oise. En mai 2020, le député de la 10e circonscription, Aurélien Taché, figure de l’aile gauche de la majorité, annonçait lui aussi quitter la République en Marche. Dans la foulée, celui-ci créait avec une partie de l’aile gauche du parti présidentiel, le mouvement « Nous demain». Plus récemment, celui-ci annonçait la création d’un nouveau parti nommé « Les nouveaux démocrates ».

 

Quant à savoir si Fiona Lazaar va intégrer ce nouveau parti, celle-ci explique vouloir « prendre un peu de temps ». « Pour l’instant je siégerai en tant que non inscrite, j’ai besoin de prendre le temps et du recul. Mais je suis plutôt séduite par l’initiative d’Aurélien Taché et Emilie Cariou, je regarde ça d’un œil bienveillant, mais je n’en suis pas encore une membre active », explique la député.