En déplacement ce vendredi après-midi à la Caf de Cergy, le Premier ministre, Jean Castex, a affirmé avoir demandé au préfet du Val-d’Oise d’élaborer un plan pour renforcer les services publics, sur le modèle de celui annoncé il y a quelques mois pour la Seine-Saint-Denis.

Le Premier Ministre Jean Castex aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran, lors de leur déplacement à la Caf de Cergy ce vendredi après-midi. Crédits : Twitter de Jean Castex

Un déplacement discret, non mentionné à l’agenda officiel de Matignon, qui fait du bruit. Le Premier ministre, Jean Castex et le ministre de la Santé, Olivier Véran se sont rendus ce vendredi en début d’après-midi à la CAF de Cergy. Objet de cette visite : constater la mise en œuvre d’outils pour les personnes en situation particulière.

 

Le chef de l’exécutif a également profité de cette visite pour faire savoir qu’il avait « mandaté le préfet pour que l’État fasse un plan pour le Val-d’Oise, pour que l’État puisse y accroître ses moyens », ajoutant que « c’est le rôle de l’État d’aller vers des endroits où il y a le plus de difficultés », relaie l’AFP.

 

Ce plan vise à « renforcer les services publics et valoriser les fonctionnaires ». Pour rappel, son prédécesseur Édouard Philippe avait en octobre 2019 annoncé une mesure comparable à destination du département voisin de Seine-Saint-Denis. Vingt-trois mesures avaient alors été annoncées avec notamment des renforcements d’effectifs dans la police et la justice, mais également des primes pour les fonctionnaires affectés à ce département.

 

« Le Val-d’Oise ne se contentera pas de promesses »

La réaction du Conseil départemental n’a pas tardé. « Le Val-d’Oise est l’un des départements avec la population la plus jeune de France ; 41% de sa population a moins de 30 ans. Je reçois ce projet de plan pour notre département avec espoir et comme une opportunité pour toute cette jeunesse pleine d’avenir », réagit sa présidente (LR) Marie-Christine Cavecchi. Après l’annonce, cette dernière qui souhaite « être reçue par le Premier Ministre pour contribuer à la mise en œuvre de ce plan », attend désormais du concret : « Je pense aussi à l’Est du département en grande difficulté sociale et économique, trop longtemps oublié par l’Etat. Aujourd’hui, nous attendons de l’État des actes forts et des perspectives d’avenir concrètes, notamment en matière d’emploi et de mobilité, pour les habitants. Il faut également que les moyens alloués à la sécurité et à la justice soient au rendez-vous. Le Val-d’Oise ne se contentera pas de promesses ».

 

Ces dernières années, le département du Val-d’Oise a notamment dû essuyer l’abandon d’EuropaCity, qui devait émerger sur le Triangle de Gonesse à l’est du département. Soutenu par une majorité d’élus val-d’oisiens, ce projet de mégacomplexe de loisirs et de commerces porté par Ceetrus (ex-Immochan) et le chinois Wanda devait représenter un investissement de 3,1 Mds € et créer 10 000 emplois selon ses promoteurs.

 

Concernant les transports, les élus ont également dû renoncer au barreau de Gonesse [projet de raccordement du RER D, de la gare de Villiers-le-Bel Arnouville, et le RER B au niveau du parc d’exposition de Villepinte, ndlr], abandonné au profit du projet de liaison ferroviaire Roissy-Picardie, vivement critiqué par bon nombre d’élus du département.

 

Selon Guillaume Vuilletet, député LREM de la 2e circonscription du Val-d’Oise, présent aux côtés de Jean Castex lors de ce déplacement, le plan spécifique au département pourrait apaiser les tensions avec les élus locaux. « Le Val-d’Oise connaît des difficultés dans sa connexion avec le reste du territoire et nous avons parfois la sensation d’être mis à l’écart des décisions publiques », regrette le député en pointant notamment du doigt l’absence de CHU sur le territoire. Le député marcheur réclame donc à la fois « des investissements pour des projets structurants à long terme », mais aussi « le renforcement des services publics dans certains territoires en déficit à ce niveau-là ». D’après lui, « l’avenir de ces territoires très fragiles passe d’abord par le réinvestissement de l’État sur ces populations ».

 

Plus de détails dans une dizaine de jours

L’annonce de ce plan semble aller dans le sens de ce qu’attend Benoît Jimenez qui réclame lui aussi plus d’engagement de la part de l’État. L’édile (UDI) de Garges-lès-Gonesse, classée parmi les villes les plus pauvres de France, faisait partie de la centaine de maires ayant co-signé une lettre ouverte au président de la République le 16 novembre. Se considérant comme les « grands oubliés » du plan de relance, les édiles des villes populaires ont finalement été entendus, puisque 1% du plan de relance leur sera finalement dédié, soit 1 Md€.

 

Benoît Jimenez souhaite voir davantage d’investissements dans les services publics. « Ce n’est pas normal que le commissariat d’une ville de 43 000 habitants n’ait parfois que deux ou trois agents dans le poste et qu’il soit ouvert uniquement aux horaires administratifs », gronde-t-il. Le conseiller régional d’Île-de-France réclame notamment plus de moyens pour les forces de l’ordre. Jusque-là cantonnée à quelques quartiers de la ville, il souhaiterait que la police de sécurité du quotidien puisse agir sur l’ensemble de la commune.

 

L’élu espère bien se faire entendre lors de sa rencontre avec le préfet du Val-d’Oise, prévue la semaine prochaine. Ce dernier devrait rendre sa copie « d’ici une dizaine de jours » selon le député LREM, Guillaume Vuilletet.