La crise du Coronavirus a fait plonger les comptes d’Île-de-France Mobilités dans le rouge. L’augmentation du trafic et les projets de nouvelles linges du Grand Paris Express plombent également les finances de l’autorité régulatrice des transports d’Île-de-France.

Valérie Pécresse avait déjà tiré la sonnette d’alarme le 10 juin sur RTL : « Nous sommes littéralement en cessation de paiements ». La présidente de la région et d’Île-de-France Mobilités (IDFM) avait estimé à 2,6 Md€ les pertes  financières de l’autorité régulatrice des transports avec la crise de la Covid-19. Des pertes « abyssales » qui pourraient obliger IDFM à augmenter de 20 euros le prix du Passe Navigo pour les voyageurs franciliens. Une hausse « injuste » pour Valérie Pécresse, qui a demandé l’aide de l’État.

 

Un nombre de voyageurs toujours en hausse

Mais la situation financière délicate d’Île-de-France Mobilités va bien au-delà des 3 mois de crise sanitaire. Car selon la Cour régionale des comptes, l’offre de transport d’Île-de-France Mobilités « ne répond pas complètement à la croissance de la demande. Entre 2013 et 2017, elle a progressé au même rythme que le nombre de voyageurs sur les lignes de tramways et de bus, et près de deux fois plus vite sur le réseau du métro ».

 

Mais à l’inverse, prévient la Cour, « sur le Réseau express régional (RER) et le réseau du Transilien, l’offre est restée quasiment stable (+0,7%) alors que le nombre de voyageurs a augmenté sensiblement (+7%), contribuant à aggraver la saturation de ces réseaux ».

 

La Cour régionale des comptes a tout de même noté « des efforts accomplis en faveur de l’information des voyageurs », mais estime que « la ponctualité reste insuffisante sur une large partie du réseau », notamment pour le RER, le Transilien et le réseau de bus.

 

Des difficultés sur les investissements et le coût d’exploitation

Mais la principale inquiétude concerne le financement des investissements et de l’exploitation du réseau, et la Cour redoute « un déséquilibre et partir de 2024 et un endettement fortement croissant ». Le rapport note « qu’au vu de ses projections financières à horizon 2030, Île-de-France Mobilités ne parviendrait plus à couvrir la totalité de ses coûts d’exploitation et du besoin de financement de ses investissements dès 2023. »

 

La Cour estime qu’il manquera à IDFM « 8,54 Md€ pour équilibrer son budget entre 2023 et 2030, soit 1,06 Md€ par en moyenne. Cette évolution résulterait d’une hausse des coûts d’exploitation due principalement à la mise en service des lignes cofinancées par l’État et la région (…) et des lignes du Grand Paris Express, mais aussi aux renforts d’offre prévus par Île-de-France Mobilités ». De plus, l’acquisition des matériels roulants prévus pour ces nouvelles lignes devrait provoquer, selon la Cour « un important pic d’investissement entre 2020 et 2025 ».

 

Un Passe Navigo à 101,20 € en 2030 ?

Pour financer ces projets, Île-de-France Mobilités prévoit une augmentation du versement transport (+ 3,4 % par an en moyenne), de ses recettes tarifaires (+ 3,6 % par an), ainsi qu’une hausse des contributions des collectivités (+ 1,8 % par an à partir de 2022). Mais il faudrait également qu’IDFM emprunte fortement, avec une dette « multipliée par 10 de 2018 à 2030 » estime le rapport.

 

Pour les usagers des transports franciliens, cette situation économique difficile pourrait voir une forte augmentation du forfait Navigo. La Cour régionale des comptes estime que le Passe mensuel pourrait passer « de 75,20 € par mois aujourd’hui à 101,20 € en 2030 », si la progression du trafic n’augmentait que de 1% par an. Hausse qui ne serait pas nécessaire avec une progression de 3% ou des gains de productivité d’IDFM.