Les hôpitaux franciliens étant les plus touchés par le nouveau Coronavirus, 70 soignants du sud de la France ont été dépêchés en renfort. La plupart dans le Val-d’Oise, l’un des départements qui totalise le plus grand nombre de décès liés à l’épidémie. 

Corinne, 50 ans, est mariée et maman de deux adolescents. D’ordinaire, elle est infirmière au bloc opératoire d’un établissement privé de Gap. Auxane, 36 ans, est en formation pour devenir infirmière puéricultrice à Nice. Elles font partie des 70 soignants de Provence-Alpes-Côte d’Azur, venus renforcer les hôpitaux franciliens cette semaine. “Ils sont principalement affectés aux services de réanimation”, déclare l’Agence régionale de santé francilienne qui s’est associée à son homologue de la région PACA, peu touchée par l’épidémie, pour cette opération. 

 

“C’est allé très vite”

Corinne, infirmière (à gauche) et Auxane, infirmière puéricultrice en formation (à droite) sont volontairement venues renforcer les hôpitaux de Pontoise et Eaubonne. 

J’ai lu un article de Var Matin annonçant qu’ils avaient besoin de soignants en Île-de-France et je me suis immédiatement proposée”, se souvient Auxane. La suite “est allé[e]très vite”, raconte la trentenaire. Elle rejoint Marseille en voiture aux alentours de 00h, jeudi 02 avril, où elle est récupérée par la Protection civile. Le lendemain à l’aube, elle montait dans un train direction Paris. Corinne, elle, a laissé ses deux enfants et son mari derrière elle à Gap : “Je n’ai pas hésité longtemps lorsque mon directeur d’établissement m’en a parlé, se souvient la quinquagénaire. Mon mari ne travaillant plus, il a pu prendre le relai avec les enfants”. 

 

Accompagnée de cinq de ses pairs originaires de Nice, Aix-en-Provence ou encore Saint-Raphaël, Corinne a été affectée dans une des deux unités Covid du CHU de Pontoise. “Ils nous ont fait visiter les services de l’établissement et leur fonctionnement pour être opérationnel à notre prise de poste, dès le lendemain”, explique-t-elle. Auxane, de son côté, a été “mise dans le bain” dès son arrivée avec huit autres infirmiers et aide-soignants à l’hôpital Simone Veil. “On a à peine posé le pied à Eaubonne, qu’on nous a donné toutes les consignes de protection, les protocoles pour s’habiller et se déshabiller avant d’être envoyés à nos postes”, se souvient-elle. Un apprentissage accéléré pour cette étudiante en puériculture qui s’est vue confier 10 patients positifs au Covid-19. 

 

Parmi les soignants accompagnant Auxane, on compte une soignante suspectée d’avoir contracté le virus et depuis confinée dans son hôtel. Elle sera dépistée à son retour. Ce qui n’entame pas pour autant la détermination d’Auxane. “Ça m’a fait un peu peur, admet-elle, mais c’est comme si une force nous animait et je n’aurais pas eu la conscience tranquille en restant dans mon canapé”. Ses proches ont très vite approuvé sa décision. “Ils savent que j’ai besoin d’aller au devant des choses et je leur donne régulièrement des nouvelles”. Corinne aussi reste en contact avec sa famille via Whatsapp. “Mon mari m’a toujours laissé faire ce que je voulais et je crois qu’au fond de lui, il est très fier”, confesse l’infirmière. Ses enfants de 10 et 12 ans ne sont pas inquiets non plus, “puisque je leur ai montré la chambre où je résidais”, se remémore-t-elle. 

 

Une prise en charge intégrale

Une des chambres de l’hôtel “Le green des impressionnistes”, mise à disposition gratuitement des soignants. 

Comme tous ses compères du sud, son logement et ses déplacements sont intégralement pris en charge. “On m’a prêté un véhicule et les clés d’une sublime chambre d’hôtel au Green des impressionnistes”, explique Corinne. En effet, le complexe trois étoiles d’Ennery offre un forfait gratuit de 80 nuitées au CHU de Pontoise. Guillaume Magda a vu son activité fortement baisser avec le confinement. Il a donc “préféré ouvrir ses chambres disponibles pour soulager les hôpitaux”. 

 

La ville d’Enghien-lès-Bains a également ouvert les portes de l’hôtel Barrière, dont elle est propriétaire, aux personnels hospitaliers d’Argenteuil et d’Eaubonne ainsi qu’aux soignants de la clinique Claude Bernard à Ermont. “D’habitude, il est privatisé pour les joueurs de l’Équipe de France de Football, sourit Philippe Sueur, maire divers droite de la commune depuis plus de 30 ans, mais on les a averti qu’il était réservé aux soignants désormais et ils ont trouvé ça formidable”. Le nombre de chambres occupées varie d’un jour à l’autre en fonction des départs. D’après l’édile, 28 soignants y seraient logés actuellement.  

 

Parmi eux, Auxane et les huit autres sudistes qui l’accompagnent. La jeune niçoise s’apprête d’ailleurs à étendre un peu plus son séjour, puisqu’elle a prolongé son affectation de deux semaines. Corinne, elle, est rentrée ce vendredi après-midi. Elle intégrera le service de réanimation de l’hôpital de Gap qui compte treize patients atteints du Covid-19. D’après l’ARS, d’autres renforts sont prévus la semaine prochaine en Île-de-France. 

 

La protection civile du Loiret en renfort

De son côté, la Protection civile du Val-d’Oise a également reçu des renforts en provenance du Loiret la semaine dernière. “On comptait près de huit interventions par jour à l’époque, déclare son président, François-Xavier Volot. Grâce à leur aide, on a pu passer de 3 à 6 ambulances par jour, ce qui nous a aidé à contenir la crise”. Moins sollicités aujourd’hui, le président a tenu à remercier les équipes du Loiret, rentrées chez elles depuis. Mais les bénévoles val-d’oisiens restent à l’affût pour transporter les patients vers les hôpitaux. “Nos équipes sont remarquables, car malgré la fatigue, personne ne se plaint”, se félicite François-Xavier Volot.