Vainqueur des élections en 2014 dans la commune historiquement de gauche, Florence Portelli affronte une liste d’union de la gauche et une autre d’extrême droite.

« Entre l’extrême gauche et l’extrême droite, je suis la seule au milieu ». À quelques jours du premier tour, Florence Portelli tire à boulets rouges sur ses rivaux : « Ce sont des menteurs et des radicalisés, sept d’entre eux ont même été condamnés par la justice [la liste de rassemblement de la gauche, ndlr]». La maire sortante, élue sous la bannière UMP en 2014, se représente pour un deuxième mandat. Elle avait ravi Taverny à Maurice Boscavert, ancien maire (DVG) décédé en 2014 après quatre mandats consécutifs. Elle faisait alors face à deux listes de gauche. 

 

Six ans plus tard, la gauche en a tiré les leçons. Contrairement à plusieurs villes du Val-d’Oise comme Bezons, Gonesse ou encore Cergy, elle avance unie à Taverny avec une liste soutenue par le PS, LFI, EELV, Génération Écologie ou encore Place Publique : « C’est une force d’avoir pu rassembler les gauches. On a fait le pari d’imbriquer écologie et solidarité », explique Thomas Cottinet, tête de liste du collectif citoyen « Changeons d’ère à Taverny ».

 

« Mme Portelli construit beaucoup, vite et mal »

 

Thomas Cottinet, tête de liste du collectif citoyen « Changeons d’ère à taverny », soutenu par le PS, EELV, LFI, GRS, Génération Ecologie, Génération.s et Place Publique.

Lorsque cet ingénieur de 47 ans, co-dirigeant d’une entreprise d’innovations technologiques, fonde le collectif en 2016, c’est d’abord « une aventure associative proposant des ateliers hebdomadaires culturels et écologiques ». « Ce n’est qu’après que nous avons décidé de ficeler un programme et une liste électorale », poursuit l’ancien élève de l’ENA, ex-adhérent PS et colistier de Maurice Boscavert (DVG) lors de sa défaite en 2014. 

 

Développement d’une monnaie locale, création d’une ferme maraîchère, prolongement des pistes cyclables… « Tous les sujets passent au crible de l’écologie », avance le tabernacien, dans une ville où les écologistes sont arrivés troisièmes aux dernières élections européennes. C’est d’ailleurs l’une des critiques qui revient souvent à l’encontre de la maire sortante : « Mme Portelli construit beaucoup, vite et mal. Taverny repose sur un équilibre entre espaces verts et constructions qui est en train de disparaître », assène Thomas Cottinet.

« C’est une union factice »

Florence Portelli, maire sortante (DVD) de Taverny et candidate à sa réélection.

« C’est très culotté de leur part », s’emporte Florence Portelli : « Notre adversaire dit vouloir augmenter le nombre de logements sociaux. Comment compte-t-il les construire ? En fabriquant des yourtes ? ». L’union de la gauche, l’ancienne porte-parole de François Fillon n’y croit pas une seconde. « C’est une union factice cimentée par un désir de revanche, car, au fond, ils n’ont jamais digéré d’avoir été battus par une femme », dénonce la quarantenaire qui se dit également victime d’attaques sexistes de ses opposants. 

 

La vice-présidente de la région Île-de-France, ralliée à Valérie Pécresse depuis 2019, préfère défendre son bilan : « Lorsque je suis arrivée, le budget communal était dans un piteux état, on avait des emplois fictifs, des emprunts toxiques… En six ans, j’ai eu le temps de construire un des plus gros pôles médicaux de la région, de monter une police municipale armée et de lancer le projet de piscine olympique ». 

 

Contrairement aux dernières élections, elle présente une liste divers droite qu’elle juge « citoyenne et non partisane », bien qu’elle soit toujours adhérente de Libres!. Cet ancienne membre des Républicains, qui avait tenté d’en prendre la tête en 2017, ne regrette pas d’avoir quitté son ancienne famille politique : « Ce parti se rétrécit et devient de plus en plus caricatural ».

 

Un candidat historique

Alexandre Simonnot avec Jean-Marie Le Pen à Pontoise en mars 2015, candidat d’extrême droite.

Dernier candidat en lice, Alexandre Simonnot se félicite d’être « le plus ancien des candidats » avec sa troisième participation depuis 2008. Toujours élu conseiller municipal d’opposition, ce tabernacien historique de 42 ans, dont la famille serait « sur la ville depuis 150 ans », avance une liste soutenue par le Parti de la France et Jean-Marie Le Pen en personne. « Je suis le seul dans toute la France », se targue l’ancien délégué départemental du Front national. Exclu en 2015, « en même temps que [Jean-Marie Le Pen] », celui qui aurait fait les frais de son soutien à ce dernier, souhaite incarner la « droite nationale » à Taverny.

 

La sécurité est bien évidemment le thème porteur de sa campagne. Il souhaite « renforcer considérablement les moyens de la police municipale armée », dont il réclame la paternité. Grand fan de Benjamin Godard, un compositeur célèbre de la ville, il souhaite également créer un festival à son nom pour mettre en avant le patrimoine local : « J’en ai marre que nos dirigeants se moquent de notre histoire. C’est comme l’église Notre-Dame qui est dans un état lamentable ».

 

Possédant quelques membres du RN sur sa liste, il se dit préoccupé par la situation de son ancien parti : « J’ai été viré de mon rôle de délégué départemental pour soi-disant redynamiser notre activité dans la région. Lorsque j’étais en charge, j’ai présenté huit listes. Aujourd’hui, il n’y en a plus que trois. Les chiffres ne mentent pas ». Quand à l’asphyxie financière qui guette le parti d’extrême droite : « Je suis très inquiet », indique-t-il.