Après quinze ans de mobilisation d’élus val-d’oisiens, la forêt de Montmorency sera bien préservée au statut de « forêt de protection ». Objectif : lutter contre le déboisement. La procédure de classement devrait prendre effet d’ici deux ans.

C’est un vieux projet qui vient d’être relancé. La procédure de classement de la forêt de Montmorency, la plus grande du département (2 200 ha), vient d’aboutir après quinze ans de mobilisation parmi les élus du Val-d’Oise. Plus grande forêt du département, elle accueille près de 5 millions de visiteurs par an et s’étend sur 13 communes. Une victoire pour ce « joyaux naturel régional », selon Jean-Pierre Enjalbert, maire (DLF) de la ville de Saint-Prix, où a été lancée la procédure le 17 décembre dernier. Une décision semblable à une bouffée d’air pour la forêt, grignotée à de nombreuses reprises par l’installation d’activités de loisirs, mais aussi meurtrie par la maladie de l’encre.

 

 

L’obstacle des carrières de gypse

« Ce nouveau statut était très attendu. Il s’agissait d’un vrai combat pour préserver l’intégrité de la forêt et qu’elle puisse être conservée dans son état actuel », se réjouit Naïma Moutchou, députée (LREM) de la 4e circonscription. Le projet est envisagé dès 2004 mais la question de l’exploitation du gypse en sous-sol freine considérablement sa classification en tant que site protégé. Depuis le XIXe siècle, près de 850 000 t sont extraites chaque année. En France, de nombreuses forêts se voient refuser une classification en raison de recherches archéologiques ou d’exploitations de ressources souterraines.

 

 

« Après la formation d’un comité de sachants qui ont étudié la question, il a finalement été décidé que la carrière n’était pas incompatible avec cette classification. D’autant plus qu’elle ne concerne qu’une toute petite partie de la forêt domaniale », raconte Michèle Berthy, Maire (LR) de Montmorency. Il aura fallu aux élus beaucoup de patience et de négociations avec le ministère de l’Agriculture pour la réécriture du décret. Le dossier se débloque finalement par la parution du décret d’avril 2018 dans le journal officiel et permet à la machine de se lancer. Les Val-d’oisiens devraient bien avoir une forêt protégée en 2022.

 

Un projet au cœur de querelles politiques

Mésentente entre ministères, vigilance des associations environnementales, le projet a du faire face à de nombreux obstacles. « Il n’y a jamais eu d’opposition virulente de la part des collectivités locales. Aujourd’hui, il y a d’ailleurs une unanimité quant à la préservation de nos forêts. Sur le terrain, tout le monde était d’accord, mais au niveau politique, cela ne bougeait pas ». La députée (LREM) évoque en face des désaccords entre le ministère de l’Agriculture et celui de l’Environnement. Malgré un consensus outrepassant les bords politiques, le projet tarde donc à se mettre en place. Après la signature du décret en 2018, la forêt de Montmorency doit encore patienter un an pour obtenir sa classification face à d’autres forêts prioritaires.

 

Une forêt protégée pour 2022 ?

Malgré le lancement de la procédure, une inquiétude persiste quant aux délais de mise en place effective. Selon le maire de Saint-Prix, le Préfet du Val-d’Oise indique que les démarches aboutiront dans une trentaine de mois environ. Un calendrier qui risque d’être prolongé à deux ans et demi selon la topographie des parcelles agricoles. « Dans un premier temps, chaque ville devra mettre à plat toutes les parcelles lui appartenant. Le plus long viendra ensuite lorsqu’il s’agira de recenser les parcelles privées et d’identifier les propriétaires », explique Mme Berthy.

 

Également Présidente du comité de gestion de la forêt domaniale, la maire de Montmorency espère voir les budgets de la futaie augmenter. « Malgré son travail remarquable, je regrette la faiblesse des moyens de l’ONF » (Office Nationale des Forêts). À vingt minutes de la gare du Nord, la forêt de Montmorency devra maintenant faire face à un autre défi : limiter les dépôts sauvages, de plus en plus nombreux.