Les juges d’instruction en charge du dossier d’Adama Traoré, décédé après son interpellation par les gendarmes de Persan en juillet 2016, ont nommé trois nouveaux experts afin d’éclaircir les circonstances de la mort du jeune homme, selon les informations du Monde.

Rebondissement dans l’affaire Adama Traoré. Le journal Le Monde révèle ce mardi 19 novembre que trois médecins ont été mandatés afin de mener de nouvelles expertises sur les causes du décès du jeune homme. Cette décision des juges d’instruction, en date du 6 novembre, intervient alors que le dossier judiciaire ne cesse de se densifier. Déjà deux autopsies ont été pratiquées depuis la mort du jeune homme en juillet 2016. À cela se sont ajoutées une première expertise en 2017 puis une nouvelle l’année suivante, ainsi qu’une contre-expertise privée à l’initiative de la famille, début 2019.

Les circonstances de la mort du jeune homme restent troubles. D’un côté, son entourage explique qu’il serait mort par asphyxie alors qu’un gendarme le maintenait au sol en appuyant sur sa cage thoracique – c’était d’ailleurs la conclusion de l’autopsie pratiquée en 2016. De l’autre, les agents présents lors de l’interpellation disent qu’Adama Traoré se serait soudainement senti très mal avant de décéder à la brigade de Persan.

 

La bataille des expertises

Asphyxie, malformation cardiaque, depuis trois ans, les expertises judiciaires s’enchaînent. Si ces dernières avancent des hypothèses différentes, elles rejettent néanmoins toute responsabilité des gendarmes. En 2018, les experts en charge de l’examen avaient notamment conclu à une réaction en chaîne causée par un effort intense, couplé aux deux pathologies bégnines dont souffraient Adama Traoré : un trait drépanocytaire et la sarcoïdose. Quelques mois plus tard, la famille avait diligenté une contre-expertise avec des spécialistes de ces maladies. Ils avaient alors démontré que cela ne pouvait pas avoir causé sa mort. Face à ces résultats, les juges d’instruction avaient préféré jouer la carte de la prudence. Les médecins n’étaient pas assermentés par la justice.

 

L’annonce de cette nouvelle expertise aurait pu être une bonne nouvelle pour l’entourage du jeune homme. Problème : sur les trois médecins nommés par les juges d’instruction, deux d’entre eux ne sont pas experts judiciaires et aucun n’est spécialiste des maladies citées dans les précédents rapports. Le collectif Vérité pour Adama a exprimé sa colère sur Facebook : « Le temps considérable pris par les juges d’instruction pour sélectionner trois médecins incompétents en l’espèce, et dont deux ne sont pas experts judiciaires, permet de craindre qu’il s’agisse d’une énième expertise ayant pour objectif de pourrir la procédure et de justifier une décision de non-lieu ».

 

Les résultats seront connus au plus tard le 4 mai 2020. Mettront-ils un terme à ce casse-tête judiciaire ? En attendant, les proches d’Adama restent mobilisés. Le 3 décembre prochain, ils lanceront une campagne de soutien à la famille Traoré.