Les professeurs de l’Université de Cergy ont reçu un formulaire interne pour détecter les « signaux faibles de radicalisation » lundi 14 octobre. La publication du document sur les réseaux sociaux a suscité une vive polémique.

« J’ai honte ! » Clément Carbonnier, maître de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise, est indigné. Lundi 14 octobre, il a reçu un mail de la Direction Hygiène, Sécurité et Environnement (DHSE) de l’établissement qui évoquait les risques de radicalisation chez les étudiants. En pièce jointe, un formulaire indiquant « les signaux faibles ». Absence aux heures de prière, port du voile ou d’une djellaba, arrêt de consommation d’alcool, voilà certains des critères que l’on peut retrouver sur le document.

 

Le formulaire, envoyé aux professeurs de l’Université, a été partagé de nombreuses fois sur le réseau social Twitter.

 

 

Une fiche « sidérante »

La diffusion du document a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Renaud Epstein, maître de conférences à Sciences Po, juge la fiche : « sidérante » et « affligeante », avant d’ajouter « Si je devais l’utiliser pour une auto-analyse, j’aurais de bonnes chances de gagner un voyage gratuit à Guantanamo ».

 

 

Dans la foulée, l’Université de Cergy-Pontoise s’est excusée et affirme avoir retiré le document. « La démarche de l’établissement consistait à apporter une assistance (…), en aucun cas à organiser un système d’alerte » s’est-elle défendue.

 

Contexte sensible dans le Val-d’Oise

Cette polémique survient dans un contexte particulièrement sensible dans le Val-d’Oise. Cinq personnes de l’entourage de Mickaël Harpon, l’assaillant de la Préfecture de police qui a poignardé à mort quatre personnes, ont été arrêtées à Gonesse et à Sarcelles. Cet ancien fonctionnaire était radicalisé, selon les enquêteurs. Le 8 octobre dernier, lors de la cérémonie d’hommage aux policiers tués, Emmanuel Macron a appelé à mettre en place une « société de vigilance » contre la radicalisation.

 

De son côté, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer a assuré sur Europe 1 la semaine dernière que 10 cas de radicalisation avaient été signalés « sur la période récente » en France.