« Eh bonjour, Monsieur du Corbeau, que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! » Associées à l’école, on garde des Fables de La Fontaine le souvenir des récitations devant le tableau noir. Pourtant, agrémentées d’innombrables dialogues, elles peuvent aussi se mettre en scène. Elles seront à l’affiche du Théâtre Uvol les 7 et 11 avril. Rencontre avec Didier Delcroix, metteur en scène de cette Tempête de Fables.

Par Armandine Castillon

2014-12-17-154504-uvol-fables-OK

VOnews : Comment vous est venue l’idée de ce spectacle ?

Didier Delcroix : C’est mon troisième spectacle sur les Fables de La Fontaine. Je les ai apprises enfant, et je pense qu’il y a beaucoup à faire pour redonner le goût de ces fables qui nous ont peut-être rebutés à l’école. Les personnages les plus connus – le renard, le corbeau, la tortue, le lièvre – créent des situations qui peuvent être assez drôles. J’ai donc mis des comédiens dans les conditions de ces animaux-là, tout en respectant le texte à la virgule près. On s’est rendu compte qu’on s’amusait énormément avec ces fables, si nombreuses à découvrir. On a appelé ça Tempête de Fables parce que ce sont deux personnages qui se retrouvent embarqués dans une tempête de mots, de fables, et qui vont être amenés à chaque fois à délirer autour d’un élément du récit.

C’est vous qui avez écrit le texte du spectacle ?

Non, c’est La Fontaine [rires]. Il y a des chansons de Pascal Dessein à l’intérieur, mais l’essentiel du texte est de Jean de La Fontaine. J’aime m’amuser à respecter au maximum les auteurs avec lesquels je travaille. Il y a une chanson au tout début dans laquelle la cigale chante qu’elle rêverait d’être à Broadway. Il y a une actualisation de ce personnage-là pour en arriver à la conclusion qu’elle a foiré son coup et elle va demander à la fourmi de l’aider pour passer l’hiver. On se trouve alors immergé dans la fable. Les chansons en sont inspirées, mais complètement actualisées.

Comment met-on en scène une Fable de La Fontaine, un texte classique ?

En général, je n’aime pas l’aspect narratif quand je mets des spectacles en scène, et surtout ceux pour enfants, parce qu’il rend le public un peu trop passif. Ce qui plaît aux plus jeunes, c’est le côté actif. On ne se rend pas compte, mais dans La Fontaine, il y a énormément de dialogues. Si on prend l’exemple connu du Corbeau et du Renard, ils s’entretiennent dans quasiment tout le texte. Il suffit que ce soit le renard qui dise, « Maître corbeau sur un arbre perché tenait à peu près ce langage », et on y est.

Espérez-vous que les enfants gardent en tête les morales ?

Ce n’est pas forcément le but recherché, mais qu’ils se soient amusés et qu’en plus, ça leur ait donné matière à réflexion. C’est bénéfique et profitable. Léo Ferré affirmait « La morale, c’est toujours celle des autres ».

Si vous deviez convaincre des parents de venir voir le spectacle, que leur diriez-vous ?

S’ils ont envie de divertir intelligemment leurs enfants, qu’ils viennent. Je peux vous assurer que rarement des enfants sont sortis de la salle en boudant, après avoir assisté à ce spectacle. En plus, c’est prendre plaisir à découvrir une langue magnifique, celle du XVIIe siècle, pour des fables qui n’étaient pas destinées préalablement aux enfants.