Près d’une semaine après la démission d’une partie de la majorité de Persan, seize élus ont à leur tour quitté la municipalité de Magny-en-Vexin. Des départs qui ponctuent plusieurs mois de querelles entre le maire et les adjoints de ces deux communes. Ils entraînent la tenue d’élections partielles.

Les habitants de Magny-en-Vexin ne connaissent pas encore la date du scrutin. « La rumeur dit que les deux tours se dérouleront les mêmes jours qu’à Persan », lâche le chef de file de l’opposition magnytoise, Olivier Serre (DVG), soit les 6 et 13 novembre prochain. Et pour cause, à une semaine près, des élus issus de la majorité de ces deux municipalités ont démissionné en septembre. Des décisions qui forcent la tenue de nouvelles élections pour élire un nouveau maire à Persan et Magny-en-Vexin.
 
« Il va falloir mobiliser rapidement car c’est un laps de temps très court », s’inquiète Olivier Serre qui compte bien faire la différence avec une liste sans étiquette politique. « Nous avons la volonté d’agir et de réparer le climat politique », ajoute-t-il. Ce dernier affrontera l’actuel maire, Luc Puech d’Alissac, et son ancien premier adjoint, Thomas Vatel.
 

« Seule l’ambition dirige Thomas Vatel »

En 2020, Luc Puech d’Alissac créé la surprise en prenant la tête de Magny-en-Vexin, commune aux mains de la gauche durant 19 ans.

« Nous ne pouvions pas laisser la situation perdurer et voir Magny-en-Vexin s’enliser », indique l’élu de droite pour expliquer sa démission ainsi que celles de 16 autres élus de la majorité. Ce sont les mêmes qui avaient déjà rejeté le budget primitif en avril dernier. « La ville est verrouillée par son maire. Il a lancé des projets sans consulter son équipe ni les riverains », regrette Thomas Vatel.

 
Pour autant, Luc Puech d’Alissac, qui en est à son premier mandat de maire, dit assumer « tout ce qui a été fait depuis le début ». Ces démissions ne l’étonnent pas, vu le climat politique qu’il décrit au sein de son ancienne majorité. « Seule l’ambition dirige Thomas Vatel. Or, un maire doit savoir écouter et aimer les gens », déplore l’édile qui se retrouve avec un conseil municipal réduit composé des dix élus restants de sa liste et les six membres de l’opposition.
 
S’il était censé passer la main en cours de mandat à Thomas Vatel suite à un accord verbal entre les deux hommes, Luc Puech d’Alissac a désormais de nouveaux plans. En se présentant à ces élections partielles, le maire de 68 ans veut continuer à exercer jusqu’en 2026, date des prochaines municipales. « Avec une partie de ma liste renouvelée, l’idée est de trouver une nouvelle personne au sein de mon équipe pour la préparer à me succéder », souffle-t-il.
 

« Ils l’ont fait exprès pour me bloquer »

Cette situation n’est pas sans rappeler celle d’Alain Kasse, maire (DVD) de Persan qui exerce son deuxième mandat. Âgé de 77 ans, il avait convenu de laisser sa place fin 2023. Et c’est son ancien premier adjoint « qu’il connaît depuis des années », Valentin Ratieuville (LR), qui était pressenti pour le remplacer. Mais, en juin dernier, lui et quinze autres élus de la majorité votent contre le budget supplémentaire. « Ils l’ont fait exprès pour me bloquer et m’obliger à démissionner. C’était un stratagème », considère Alain Kasse.
 
Deux mois plus tard, soit le 6 septembre, 18 élus de sa liste (dont Valentin Ratieuville) ont posé leur démission sur la table du maire. Avec le premier adjoint comme chef de file, ces derniers constituent une nouvelle liste pour se présenter aux élections partielles début novembre, face à celles d’Alain Kasse et de Sébastien Lombard (DVG). Contacté, Valentin Ratieuville n’a pas répondu à nos sollicitations.
 

Une partie de la gauche soutient Alain Kasse

L’édile Alain Kasse parle d’une ingérence du sénateur Arnaud Bazin dans les affaires de Persan.

Mais aux yeux d’Alain Kasse, ces démissionnaires ne seraient que des pions placés par le sénateur républicain Arnaud Bazin, maire de Persan entre 1995 et 2011. « Il a positionné Valentin Ratieuville », rapporte Alain Kasse qui parle d’une « ingérence ». « Jusqu’en 2020, je l’ai conseillé presque chaque semaine pour les dossiers stratégiques de Persan, à sa demande bien sûr. Cette prétendue ingérence ne le dérangeait pas puisqu’il la sollicitait lui-même », répond Arnaud Bazin.
 
Lâché par la majeure partie de sa liste, le maire actuel ne se démonte pas et « ne voit pas comment [il]pourrait perdre cette élection », lui qui a remporté presque 60% des voix en 2020. Il peut se targuer de voir quatre membres de l’opposition de gauche se présenter à ses côtés. « On considère qu’Alain Kasse est le meilleur rempart contre Arnaud Bazin et Valentin Ratieuville. Mais on part sans étiquette et sans l’approbation de nos partis », souligne l’écologiste Sylvain Lacassagne. Une position « incompréhensible » juge Sébastien Lombard (DVG) qui brigue à nouveau la mairie de Persan. « Ils vont rejoindre les personnes dont ils combattaient la politique », soulève-t-il.