Issue de vignes communales réinvesties depuis près de 25 ans par Argenteuil, la cuvée 2020 de ce Pinot noir a été primée par une association de viticulteurs franciliens, « Cocorico ». Une fierté pour la municipalité qui renoue avec son passé de première ville viticole française.

Des notes fruitées et une robe rouge carmin aux reflets violacés, dont la forte teneur en alcool n’est pas sans rappeler le goût « d’un petit porto », souffle le responsable des vignes d’Argenteuil, Thierry Gallet. Voilà de quoi est faite la récolte 2020 du Pinot noir argenteuillais qui s’est vu décerner sa première médaille d’or par le comité « Cocorico ». L’association réunit des confréries viticoles franciliennes et se retrouve tous les deux ans pour élire son vin préféré. Si la remise de prix devait se faire en octobre à Auvers-sur-Oise, elle a été reporté au 21 janvier dernier, en raison de la crise sanitaire, et s’est tenu en présence seulement d’une poignée d’élus de la ville.
 


« Ça fait plaisir ! », s’exclame succinctement l’adjoint au maire délégué au développement durable, Jean-François Ploteau. « Ce prix est surtout une vraie reconnaissance pour les personnes qui s’occupent de cette vigne et qui en font une production appréciée par les habitants », considère-t-il. Aujourd’hui, trois agents publics des espaces verts entretiennent les 2900 m² de vignes communales qui abritent 1400 pieds de Pinot noir et 970 pieds de Chardonnay. Issu d’une agriculture biologique et vendu dans des bouteilles de 50 cl, son volume de production reste faible – 135 litres ont été produits en 2021.
 
« Le but n’est pas de produire des centaines de barriques », soutient l’élu républicain. Et d’ajouter que « les vignes patrimoniales n’ont pas réellement de visée commerciale ». La distribution du vin d’Argenteuil se fait surtout lors des manifestations locales. Celui-ci est notamment distribué à la foire Saint-Martin de Pontoise au moment de la fête du hareng, offert ponctuellement par la ville à des délégations et des entreprises, ou encore vendu sur le marché de noël et pendant les vendanges.
 

« Garder une trace de notre histoire »

« C’est l’occasion de faire partager le passé de la ville », indique Jean-François Ploteau. Ce dernier explique que l’exploitation de ces vignes communales est un moyen « de garder une trace de notre histoire ». Ces plants ont été réinvestis à ce titre en 1996 par les services municipaux, alors qu’ils étaient abandonnés depuis près de 100 ans.
 
D’après le site de la municipalité, la culture de la vigne à Argenteuil existe depuis l’antiquité mais elle se développe réellement à partir du 12e siècle. Profitant d’une bonne renommée, son vin prospère et s’invite aux tables royales de France et d’Angleterre. Argenteuil devient alors la première ville viticole de l’hexagone dès la fin du 18e siècle. Toutefois, avec l’arrivée du chemin de fer à partir de 1850 qui permet d’acheminer des vins du sud de meilleure qualité, sa production décline jusqu’à disparaître au début des années 1900.
 
De nos jours, il existe environ 150 vignobles de plus de 100 pieds en Île-de-France, d’après l’association « vignerons franciliens réunis ». Dans le Val-d’Oise, une vingtaine de vignes est implantée et gérée par des communes (Sannois, Pontoise, Taverny, Marines, Saint-Prix, etc) des associations ou des particuliers.